Le président Félix Faure nous a quitté le 16 février 1899. Et si j'ai voulu faire un bref article sur lui aujourd'hui, 16 février 2012, c'est bien parcequ'il faut reconnaître que le Président Félix Faure est plus entré dans l'Histoire pour les circonstances de son décès que pour l'immortalité de son action publique, bien qu'elle ne soit pas totalement sans importance.
Issu d'une famille relativement modeste de menuisiers et d'ébénistes originaires du Rhône, c'est à Paris qu'il nait le 30 janvier 1841.
Il poursuit ses études au collège communal de Beauvais (1852-1854), puis à dans un internat privé d'Ivry-sur-Seine. Il part également deux ans en Angleterre pour apprendre l'anglais et le commerce. Par la suite, il envisage une carrière militaire et s'engage dans les chasseurs d'Afrique, mais la campagne d'Italie de 1859 le fait renoncer aux armes.
Il change d'orientation professionnelle et en 1863, il est employé dans une maison de peausserie du Havre. En janvier 1867, alors qu'il est devenu négociant en cuir, il fonde sa première société, « Félix Faure et Cie » : il est ainsi l'un des premiers à acheter des cargaisons avant leur accostage en Europe. Nous y reviendrons plus loin.
Républicain modéré, mais républicain convaincu, il signe en 1865, le programme de Nancy contre l'Empire. Il est maintenant définitivement installé au Havre où il devient conseiller municipal en 1870. Le 5 septembre, un jour après la proclamation de la République par Léon Gambetta à Paris, il devient le 3ème premier adjoint du Maire du Havre, à l'âge de 29 ans. Il est chargé de la défense de la ville, proie facile pour les Prussiens. Il négocie notamment l'achat d'armes et munitions, réquisitionne plusieurs milliers de Havrais, supervise l'installation d'une ligne de défense...
Félix Faure est l'exemple même du self made man dont la IIIème République fera un exemple. Employé de commerce chez Ancelin au Havre en 1863, son mariage le 18 juillet 1865 avec Berthe Belluot (avec laquelle il aura deux filles), le lie avec une riche famille de notables républicains d'Eure-et-Loire. L'oncle de Berthe, Charles Guinot, est par exemple maire d'Amboise depuis 1864. Charles Guinot sera plus tard député de la Gauche Républicaine, président du Conseil Général d'Indre et Loire, puis sénateur.
Installé au Havre Félix Faure se fait une place au sein du négoce local. En 1867 il fonde un négoce de cuirs et laines, en 1869 il se spécialise dans l'importation de de cuirs argentins. Il cotoie les milieux libéraux progressistes soucieux de limiter le pouvoir de l'Eglise catholique alors toute puissante. Il souhaitait également développer l'instruction du peuple, favoriser la paix et l'émancipation des nations opprimées.
Félix Faure franc-Maçon :
C'est le 27 juillet 1865 qu'à l'âge de 24 ans il est initié franc-maçon au sein de la loge l'Aménité du Grand Orient de France. Sous le Second Empire, trois loges existaient au Havre. L'Aménité créée en 1776, Les Trois H créée en 1790 et installée en 1794, toutes deux du Grand Orient de France. Une loge dépendait du Suprême Conseil de France, l'Olivier Ecossais, installée en 1829.
Les loges havraises et particulièrement l'Aménité sont un lieu de brassage et d'intégration sociale permettant à des ouvriers qualifiés, à des employés ou à des petits et moyens bourgeois de côtoyer les élites havraises. Elles participent à cette union des classes sans laquelle le parti Républicain, dirigé en grande partie par des négociants, n'aurait pu conquérir et garder la ville aussi longtemps.
Félix Faure sera fait Maître Maçon en 1869 toujours à l'Aménité. Il reste longtemps un maçon actif au Havre et visite plusieurs loges parisiennes
Il sera en effet , quelques années plus tard élu député de la Seine-Inférieure (de 1881 à 1885, de 1885 à 1889, de 1889 à 1893 et enfin de 1893 à 1895). Il est sous-secrétaire d'État aux Colonies dans plusieurs cabinets successifs, puis sous-secrétaire d'État à la Marine et enfin ministre de la Marine.
À la suite de la démission de Casimir-Perier qui ne trouvait pas de majorité et qui se considérait mis de côté par ses ministres, Félix Faure est élu président de la IIIème République par 430 voix sur 801 votants contre Brisson 361 voix le 17 janvier 1895.
Peu de faits marquants sous sa présidence. Bien que l'Affaire Dreyfus démarre durant son mandat, il refuse la révision du procès. Il contribue au rapprochement franco-russe. Le tsar Nicolas II vient à Paris et Félix Faure lui rend la politesse en se rendant en visite officielle en Russie, en 1897. Il participe à l'expansion coloniale, notamment avec la conquête de Madagascar.
Mais les relations avec le Royaume-Uni seront tendues avec la crise de Fachoda au Soudan, humilitation française, puisque le commandant Marchand est obligé de rendre la place aux anglais.
Félix Faure entre dans l'Histoire... le jour de sa mort.
En effet c'est bien par sa mort que le président Félix Faure entre (par la petite porte, certains diraient la porte basse) dans l'Histoire.
En 1897, Félix Faure rencontre, à Chamonix, Marguerite Steinheil, épouse du peintre Adolphe Steinheil. Celui-ci s'était fut confié la réalisation d'un grand tableau appelé «La remise des décorations par le président de la République aux survivants de la redoute brûlée.».
Du coup, Félix Faure se rend souvent au domicile du couple Steinheil, dans leur pavillon « Le vert logis », au numéro 6 de l'impasse Ronsin à Paris. Marguerite devient rapidement la maîtresse du président.
Elle prend d'ailleurs l'habitude de le rejoindre discrêtement et régulièrement dans le «salon bleu» du palais de l'Élysée.
Le 16 février 1899, Mme Steinheil donne plusieurs coups de sonnettes. Les domestiques se précipitent et trouvent le président allongé sur un divan pendant pendant que Mme Steinheil rajuste ses habits. Il meurt quelques heures plus tard de congestion cérébrale.
Plusieurs phrases célèbres restent en mémoire. Le curé venu donner l'extrême onction au Président et demandant « Le président a-t-il toujours sa connaissance ? » se serait entendu répondre par un domestique : «Non, elle est sortie par l'escalier de service !».
Clémeceau, qui n'avait aucune affection particulière pour Faure bien au contraire, lâche, lors de l'hommage funèbre rendu à la Chambre des députés « en entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui. » Et à un autre député Clémenceau lance, se moquant du goût pour le faste de Félix Faure lance : « Il voulait être César, il ne fut que Pompée ».
Au moment où Mme Steinheil fut au coeur d'une affaire judicaire importante en 1908 (elle est accusée d'avoir tué son mari), Clémenceau rappelle aux bons souvenirs du public les talents bucco-fellatoires de la susnommée du temps du Président Faure en l'appellant « la Pompe Funèbre».
Le 23 février 1899 les obsèques nationales du Président Félix Faure faillirent mal tourner. L'extrême-droite de Paul Déroulède (la Ligue des Patriotes) tente le coup de force en marchant sur l'Elysée. Heureusement les extrêmistes sont dispersés.
Félix Faure est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, 4e division. Son gisant en bronze, le représente couché sous les plis des drapeaux français et russe, pour rappeler son rôle dans l'Alliance franco-russe.
Jean-Laurent Turbet
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Jean-Laurent Turbet
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