Citoyens français, nous souhaitons que soit rétablie dans la communauté juive et auprès de ses responsables l’éthique fondamentale sur laquelle repose la démocratie : la liberté de vote et son exercice individuel et non collectif.
Certains de nos coreligionnaires souhaitent voter pour Nicolas Sarkozy, c’est évidemment leur droit. Mais c’est aussi notre droit de demeurer sensibles à une tradition tolérante, laïque, généreuse, qui, depuis 1791, 1848, l’affaire Dreyfus, a lutté contre l’antisémitisme et le racisme. Et c’est notre droit de trouver dans les valeurs de la gauche française les termes d’un combat où se rejoignent harmonieusement l’illustration des principes universels du judaïsme et la défense de l’humanisme républicain.
L’enjeu des prochaines élections est celui du rétablissement ou du délaissement de la République et de ses principes fondamentaux. Le candidat de l’UMP préfère s’adresser successivement, et avec des égards particuliers, aux juifs, aux musulmans, aux chrétiens, plutôt que simultanément à des citoyens égaux en droits et en devoirs devant une loi qui est la même pour tous. Cette attitude est conforme à un projet de société où l’on nomme un préfet en fonction de sa religion, où l’on attribue des pouvoirs politiques à une institution cultuelle élue par les mosquées, où « la République, les religions, l’espérance » sont considérées comme les éléments d’une même idéologie vaguement mystique et vraiment suspecte.
Nous ne nous reconnaissons pas dans une France qui serait une juxtaposition d’églises et de communautés. Nous réclamons le droit de croire ou de ne pas croire et le fait que cette opinion reste secrète. Juifs, nous souhaitons vivre parmi d’autres Français qui ne le sont pas dans une société où la religion est une croyance et non une patrie. C’est pourquoi à l’occasion des prochaines élections présidentielles, nous ne considérerons pas que nos origines, nos traditions, nos adhésions spirituelles, devraient nous imposer un quelconque mandat impératif. Nous revendiquons comme Léon Blum du fond de l’abîme en 1943, la triple fierté d’être Français, socialistes et juifs.
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