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Le Blog des Spiritualités

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1er mai 2013 : Le GODF rend hommage à la Commune de Paris de 1871.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 25 Avril 2013, 11:21am

Catégories : #Franc-Maçonnerie

FM-et-Commune.jpgLe mercredi 1er mai 2013, les francs-maçon(ne)s du Grand Orient de France rendront hommage aux Martyrs de la Commune et à tous leurs Frères qui se sont engagés pour que l’idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité soit plus qu’une devise inscrite sur le fronton des édifices publics.

 

Le rendez-vous de ce traditionnel rassemblement commémoratif est fixé à 9 heures 30 le mercredi 1er mai 2013 à l’entrée principale du cimetière du Père Lachaise, Boulevard Ménilmontant, Paris XXème.

 

Le cortège se rendra, dès 10 heures, à pieds, par le chemin des acacias, au Mur des Fédérés. Un accompagnement artistique (chanteurs - comédiens) sera intégré à la cérémonie.

 

Le Grand Maître, Président du Conseil de l’Ordre du GODF, José GULINO, accompagné de dignitaires d’Obédiences amies (dont la Grande-Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France, Catherine Jeannin-Naltet) et d’une délégation du Conseil de l’Ordre, déposera une gerbe au pied du Mur des Fédérés.

 

Après les discours des Dignitaires et du Grand Maître, le GODF précise que les participants chanterons « Le temps des cerises », hymne de la Commune que sifflaient les communards sur les barricades. L’auteur Jean Baptiste Clément sera initié franc-maçon en 1898 à la Loge «Les Rénovateurs» de Clichy-la-Garenne. Il repose au Père Lachaise.

 

Le GODF invite les Sœurs et les Frères qui le souhaitent à porter leurs cordons. Les bannières des Loges sont également les bienvenues.

 

C'est en effet une tradition bien établie maintenant que les francs-maçon(ne)s du Grand Orient de France, se retrouvent le 1er mai au cimetière parisien du Père Lachaise pour rendre hommage aux martyrs de la Commune de Paris de 1871.


De très nombreux francs-maçons tombèrent en effet sous les balles des versaillais durant la Semaine Sanglante qui mit fin dans un bain de sang à l'insurrection parisienne.


La Commune de Paris dura deux mois environ, du 18 mars 1871 jusqu'à la Semaine Sanglante (21 - 28 mai 1871). Cette insurrection contre le gouvernement issu de l'Assemblée nationale, qui venait d'être élue au suffrage universel, établit une organisation proche de l'autogestion pour gérer la ville.


Les francs-maçons des loges de Paris et de la banlieue furent très actifs durant cette période. Environ le quart des élus de la Commune sont Francs-maçons.

 

Le 2 avril, l'une des premières mesures est la Séparation de l’Eglise et de l’Etat et la suppression du budget des Cultes. Le Frère Raoul Rigault se montre particulièrement actif dans la laïcisation des services publics, notamment des hôpitaux.


Le Frère Edouard Vaillant reste comme le véritable et éphémère fondateur de l’école laïque, dont il jette les bases par son arrêté du 22 mai, instituant la gratuité, créant les premières écoles primaires de filles et les collèges professionnels.


Les Frères Adolphe Assi et Benoît Malon proposent des coopératives de production. La solidarité envers les plus démunis trouve tout son sens dans l’interdiction des expulsions pour loyers impayés et le décret du Frère Jourde daté du 7 mai, permettant aux débiteurs de retirer du Mont de piété les objets de petite valeur, vêtements meubles, outils de travail.

Les exemples sont nombreux de mesures prises durant la Commune qui seront rapidement abolies par l'ordre réactionnaire de Mac-Mahon qui suivra bientôt... avant d'être reprises bien des années plus tard par d'autres francs-maçons (l'école laïque par le frère Jules Ferry ou la séparation de l'Eglise et de l'Etat par le frère Emile Combes).

FM-et-Commune-2.jpg


Les frères parisiens des deux principales obédiences d'alors, le Grand Orient et le Suprême Conseil (d'où sera issue la Grande Loge de France en 1894) sont unis : Les frères Jules Vallès ou Thirifoc par exemple, sont membres de loges du Suprême Conseil. Comme le jeune Gustave Mesureur (initié en 1869 à 22 ans, le même jour que Jules Vallès, à la loge "La Justice N°133" de la Grande Loge Centrale, placée la juridiction du Suprême Conseil de France du Rite Ecossais Ancien & Accepté) qui fondera la Grande Loge Symbolique Ecossaise en 1880.

 

Mais Gustave Mesureur, comme Charles Floquet, son frère de « La Justice 133 », sera du parti de la conciliation qui tentera d’éviter le bain de sang. Il assistera désemparé à la folie de la guerre civile et aux massacres.

 

Député, ministre puis Directeur de l'Assistance Publique, Gustave Mesureur sera plusieurs fois (de 1903 à 1910, de 1911 à 1913 et de 1924 à l'année de sa mort 1925) Grand Maître de la Grande Loge de France.

 

Beaucoup d'autres communards, à l'image de Jean-Baptiste Clément, Eugène Pottier (l'auteur de l'Internationale) ou Louise Michel, adhéreront plus tard à la Franc-Maçonnerie.

 

Mais il ne faut pas tomber dans la mythologie. L'adhésion de beaucoup de loges maçonniques parisiennes et surtout de loges de banlieue ne reflètent pas la réalité de la Franc-Maçonnerie française sur l'ensemble du territoire. La Commune n’est pas, loin s’en faut, une œuvre maçonnique. Bien au contraire et très majoritairement, la Franc-Maçonnerie a dénoncé les excès de la Commune et s’est désolidarisée d’elle.

 

Le Grand-Maître du Grand Orient de France en 1871, Léonide Babaud-Laribière, élu la même année (1871) Maire d'Angoulême et qui succède au Général Émile Mellinet (Grand-Maître du GODF de 1865 à 1870, lui-même successeur du Maréchal Bernard Pierre Magnan) n'est pas sur les barricades avec les insurgés... mais au contraire aux côtés d'Adolphe Thiers à Versailles avec la quasi-totalité du Conseil de l'Ordre du GODF.


Le même Grand-Maître du Grand Orient de France Babaud-Laribière, dans une circulaire aux Loges du GODF, publiée en 1871 dans le Bulletin Officiel du Grand Orient, qualifie le mouvement communard de « criminelle sédition qui a épouvanté l'univers, en couvrant Paris de sang et de ruines », et précise « qu'il n'y a aucune solidarité possible entre ses doctrines [du Grand Orient] et celles de la Commune, et que si quelques hommes indignes du nom de Maçons ont pu tenter de transformer notre bannière pacifique en drapeau de guerre civile, le Grand Orient les répudie comme ayant manqué à leurs devoirs les plus sacrés »

 

Le nouveau Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France Adolphe Crémieux (il le sera de 1869 à sa mort en 1880) est lui aussi réservé sur l'insurrection communarde.

 

Néanmoins, le Suprême Conseil de France du REAA apparait alors (à tort ou à raison) comme l'obédience qui a résisté à l'Empire. En effet de 1860 à 1864, le Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France Jean-Pons Viennet, a lutté pied à pied pour maintenir l'indépendance du Rite Ecossais Ancien et Accepté contre le GODF et son Grand-Maître, le Maréchal Magnan, nommé par Napoléon III, qui voulait l’absorber.

 

Les loges parisiennes placées sous la juridiction du Suprême Conseil de France voient alors affluer les opposants au régime impérial. En effet le Grand Orient de France de Magnan, Mellinet et Babaud-Laribière est alors clairement l’obédience « officielle » du régime impérial oppresseur.

 

En tout cas, les francs-maçons seront dans les années suivantes à la pointe du combat pour l'amnistie des communards (qui adviendra en 1880), et seront ensuite les piliers de la IIIème République naissante.

Les francs-maçons du GODF célèbrent aujourd’hui ce que leur ancêtres de 1871 avaient très largement condamné. Bien des idées de la Commune, sans le bain de sang de la Révolution et de la répression, seront, déchargée de leur potentiel violent, quelques années après intégrées au corpus républicain.

N’est-ce pas cela qui est célébré le 1er mai ? En Franc-Maçonnerie tout n'est-il pas mythe et symbole ?

Jean-Laurent Turbet

 

° Pour aller plus loin :

 

° Le programme de la matinée au Père Lachaise.

 

° Le site du Grand Orient de France.

 

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

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