Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a accepté, la
démission de son premier ministre, Ahmed Qoreï, qu'il a chargé d'expédier les affaires courantes jusqu'à la constitution d'un nouveau gouvernement.
Le coup de tonnerre que représente la victoire du mouvement radical-islamiste a suscité de
nombreuses réactions.
Tout d'abord Shimon Pérès, numéro deux de Kadima, le parti d'Ariel Sharon
, a déclaré : "Le Hamas ne pourra pas contrôler l'Autorité palestinienne et régler les salaires [des 130 000 fonctionnaires] sans l'aide internationale qui va apparemment cesser".
Ehud Olmert, le premier ministre israélien par interim a prévenu "qu'Israël ne pouvait accepter que le Hamas, dans sa forme actuelle,
fasse partie de l'Autorité palestinienne".
"Je ne mènerai pas un dialogue politique avec un gouvernement [palestinien] qui ne respecte pas ses engagements les plus fondamentaux et ne lutte pas contre le terrorisme".
"Le Hamas est une
organisation terroriste qui appelle à la destruction d'Israël et doit être désarmé".
Sylvan Shalom, l'ancien ministre des affaires étrangères et actuel numéro deux du Likoud, a estimé que la victoire du Hamas "qui prône la
destruction d'Israël, en fait du peuple juif, a un caractère symbolique car cela se produit alors que nous commémorons la journée internationale de la Shoah"
(...) "Le gouvernement
n'aurait jamais dû accepter de permettre au Hamas de participer à ces élections".
Sylvan Shalom a souhaité rappeller qu'Hitler était lui aussi arrivé au pouvoir de "manière démocratique".
Javier Solana, Haut représentant de l'UE
pour la politique étrangère: La victoire du Hamas, si elle se confirme, pourrait placer l'Union européenne "dans une situation entièrement nouvelle".
Tony Blair, par la voix de son porte-parole : Londres "ne peut traiter qu'avec ceux qui ont renoncé au terrorisme". "Nous
reconnaissons bien sûr les mandats électoraux, mais en même temps, les gens doivent être clairs: nous ne pouvons traiter qu'avec eux qui ont renoncé au terrorisme". "La distinction est
claire, a-t-il ajouté. Est-ce que les gens soutiennent le terrorisme ou non? "
Jack Sraw, chef de la diplomatie britannique: "Le Hamas a remporté un nombre vraiment très important de votes et de sièges et la communauté
internationale respecte toujours le résultat d'une élection démocratique et juste." Le Hamas "doit cependant faire un choix. (…) Est-ce qu'il parviendra à se transformer en un
parti politique pacifique ? Si c'est le cas, il bénéficiera d'un soutien de la communauté internationale, qu'il aura mérité. (…) Mais s'il fait l'autre choix, s'il choisit le terrorisme,
la démocratie ne peut absolument pas transiger avec le terrorisme."
"La communauté internationale doit respecter les résultats de toute élection juste et démocratique, mais ceux qui participent à des élections démocratiques doivent comprendre que la
démocratie et la violence sont incompatibles". "Le Hamas est ainsi placé devant un choix très clair : renonce-t-il à la violence et va-t-il dans la direction de tous les partis
démocratiques en utilisant le débat et le vote pour parvenir à ses fins, auquel cas il recevra (...) une bonne réponse de la communauté internationale". Dans le cas contraire, "s'il
essaie d'aller dans l'autre direction et ne parvient pas à renoncer à la violence et fait usage de la violence, alors il sera confronté à une réponse adéquate". "Le Hamas doit comprendre que bien
des choses qu'il affirme offrir au peuple des territoires occupés ne peuvent l'être qu'au moyen de négociations avec le gouvernement israélien, et cela rend nécessaire de négocier avec le
gouvernement israélien".
Dominique de Villepin, Premier ministre français : "Nous sommes devant une situation qui m'amène à marquer mon inquiétude", a-t-il déclaré lors de sa conférence de
presse mensuelle. Il a souhaité que "les conditions indispensables pour un travail avec un gouvernement palestinien quel qu'il soit, puissent être remplies". Pour la France, ces
conditions sont "bien sûr, d'abord la renonciation à la violence, accepter d'avancer selon les objectifs de paix qui ont été fixés. Deuxièmement, la reconnaissance de l'Etat d'Israël et la
reconnaissance des accords internationaux", a ajouté le Premier ministre.
Pierre Moscovici pour le Parti Socialiste : " C’est une surprise. On s’attendait à une percée électorale importante du Hamas mais pas à une
victoire. Une victoire dont, d’ailleurs, même le Hamas ne semblait pas vouloir, craignant d’être confronté à l’exercice des responsabilités." (...) " Il y a d’abord des raisons qui
expliquent la défaite du Fatah : l’usure du pouvoir qui touche ce parti, la corruption qui l’a gangrénée, l’incapacité dans laquelle le Fatah se trouvait à répondre aux besoins des Palestiniens,
une population qui vit dans des difficultés sociales extrêmes. A côté de cela, il y a aussi sans aucun doute la montée d’un islamisme radical. " (...) "C’est sans aucun doute un signal
inquiétant pour le Proche Orient et un coup dur pour la paix. Signal inquiétant car c’est le succès d’un mouvement islamiste. Et on sait que les mouvements islamistes ont aujourd’hui le vent en
poupe dans la plupart des pays arabes avec des risques de contagion. Et puis, le Hamas a des positions extrêmement radicales et est fermé à tout dialogue avec Israël quand il n’encourage pas des
opérations suicides terroristes" (...) " A court terme, on risque d’assister d’une part à une cohabitation difficile entre les Palestiniens et d’autre part à un enlisement d’un processus
de paix, qui en lui-même n’est déjà pas simple."
Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, a demandé au Hamas de renoncer à la violence et de
reconnaître le droit à l'existence d'Israël. "Nous pouvons nous imaginer différentes forces dans le gouvernement palestinien." "Mais il y a pour cela au moins deux conditions :
les forces qui participent au gouvernement doivent renoncer à la violence", a-t-il dit, ajoutant que la seconde condition était la reconnaissance du droit à l'existence d'Israël.
"Là-dessus, le Hamas semble avoir encore un long chemin à parcourir".
Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne chargée des Relations extérieures et de la Politique européenne de voisinage,
estime que le Hamas devra être "prêt à oeuvrer pour la paix" avec Israël. "Dans le cas où le Hamas gagnerait les élection ou ferait son entrée au gouvernement, la chose la plus
importante est que nous voulons travailler avec tout gouvernement quel qu'il soit, à la condition que ce gouvernement soit prêt à travailler en faveur de la paix et de manière
pacifique".
Romano Prodi, chef de l'opposition de centre-gauche italienne: "La victoire du Hamas aux élections palestiniennes, si elle est confirmée par des chiffres officiels, suscite
une profonde préoccupation en tous ceux qui espèrent en un processus de paix." "J'espère fortement, mais je l'espère surtout pour le peuple palestinien, que les leaders du Hamas pourront
saisir la chance historique de construire la paix et la démocratie. (…) "Il est donc indispensable que le Hamas renonce de manière définitive et crédible à la violence, qu'il reconnaisse
l'Etat d'Israël et qu'il s'engage à offrir à son peuple une démocratie vraie, solide et juste." (Communiqué, jeudi 26 janvier 2006)
Gianfranco Fini, chef de la diplomatie italienne: "La réponse des électeurs doit être respectée, mais il ne fait pas de doute que le vote ouvre des scénarii inquiétants et
risque d'éloigner la naissance d'un Etat palestinien." "Il est clair que tant que Hamas poursuivra, y compris par le terrorisme, son objectif déclaré, à savoir la destruction de l'Etat
d'Israël, il ne sera pas possible de demander à ce dernier de négocier la paix" avec Hamas.
L'Europe devra se positionner dans les jours qui viennent sur les suites à donner si un
gouvernement dirigé par le Hamas voyait le jour. L'aide européenne est en effet vitale pour l'autorité palestinienne.
Au delà de "l'inquiétude" du premier ministre, l'aide européenne devrait passer par :
- Le démentelement effectif des groupes terroristes.
- L'arrêt du soutien aux actes terroristes.
- La reconnaissance par le Hamas de l'Etat d'Israël.
- Le respect de la feuille de route.
Si ces quatre conditions minimales ne devaient pas être acceptées par le nouveau
gouvernement "Hamas" il conviendrait que l'Europe cesse immédiatement toute aide de quelque sorte que ce soit au gouvernement palestinien.
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