Le Mrap ne portera finalement pas plainte contre le philosophe après ses propos à Haaretz, même s'il doute de la "sincérité" de ses excuses.
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Le Mrap a finalement renoncé à porter plainte contre Alain Finkielkraut pour incitation et provocation à la haine raciale après des propos du philosophe publiés dans le quotidien israélien Haaretz, a annoncé vendredi 25 novembre l'organisation.
Alain Finkielkraut avait présenté, vendredi matin, des "excuses" au sujet de cette interview à Haaretz, déclarant avoir été "victime d'amalgames".
"Je présente des excuses à ceux que ce personnage que je ne suis pas a blessés (...) la leçon, c'est qu'en effet je ne dois plus donner d'interview, notamment à des journaux dont je ne contrôle pas ou je ne peux pas contrôler le destin ou la traduction", avait déclaré Alain Finkielkraut sur Europe 1.
Mouloud Aounit, secrétaire général du Mrap, a déclaré vendredi après-midi que "même s'il doutait de la sincérité des excuses de M. Finkielkraut", le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) n'avait finalement plus l'intention de porter plainte contre le philosophe.
Finkielkraut : "Pas d'auto-critique"
Dans l'interview sur Europe-1, le philosophe a en effet présenté des "excuses", mais son discours est resté pour le moins ambigu puisqu'il a, durant toute l'interview, soutenu qu'il ne se reconnaissait pas dans le "puzzle" publié par Le Monde à propos de l'interview de Haaretz, sous entendant que le Monde n'avait pas retranscrit le fond de sa pensée.
"Je recherche la vérité (...) et parfois pour trouver le vrai, je crois devoir déchirer le rideau des discours convenus. Je le fais au risque de me tromper; au risque aussi de susciter pour le peu de vérité que je découvre des haines inexpiables", a noté Finkielkraut avant toutefois d'ajouter: "Mais là, il s'agit de tout autre chose: du puzzle de citations qu'il y a eu dans Le Monde (ndlr: rendant compte le 24 novembre des propos au Haaretz), surgit un personnage odieux, antipathique, grotesque auquel je n'aurais pas envie de serrer la main. Et on me dit, là le cauchemar commence, que ce personnage c'est moi".
"Je n'ai aucun rapport avec le personnage que dessine ce puzzle. Ce personnage je le déteste comme tout le monde (...) Ce corps textuel, cette tunique de Nessus que je suis obligé d'habiter", a-t-il affirmé.
Le philosophe refuse d'ailleurs au cours de l'interview de "faire une auto-critique d'un assemblage où (il ne se) reconnaît pas".
"Si je reconnais comme tout le monde le caractère ethnique de ces révoltes, loin de moi l'idée de rassembler tous les Français d'origine africaine et nord-africaine dans un même opprobre", a-t-il également déclaré sur Europe-1.
"Tout le monde le pense"
Interrogé sur une de ses citations qualifiant la dernière flambée de violences dans les banlieues de "révolte à caractère ethnique et religieux", Alain Finkielkraut a répondu: "je l'ai dit mais tout le monde le pense (...) la réaction unanime à ces émeutes a été la dénonciation de la discrimination contre les minorités visibles. S'il s'agissait d'une émeute sociale dans un quartier, on aurait parlé du chômage, on aurait parlé de la nécessité de rénover les banlieues, on n'aurait pas parlé de la lutte contre la discrimination à l'embauche et à l'emploi".
Mais, a-t-il souligné, "on ne doit faire aucun amalgame".
"Si je reconnais, comme tout le monde, le caractère ethnique de ces révoltes, loin de moi l'idée de rassembler tous les Français d'origine africaine et nord-africaine dans un même opprobre. J'ajoute que d'ailleurs que les auteurs de ce grand saccage, je les plains plutôt que je ne les accuse", a encore dit le philosophe.
Pour autant, Alain Finkielkraut insiste sur le fait qu"'il faut prendre acte d'une haine extrêmement violente et ne pas répondre à cette haine en disant 'nous sommes haïssables"': "la grande difficulté d'aujourd'hui c'est intégrer des gens qui n'aiment pas la France dans une France qui ne s'aime pas même si l'intégration, bien sûr, doit rester notre but".
Source : Le Nouvel Observateur
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