Trois jours après le jour de commémoration de la Shoah, jeudi peu avant midi, un Juif a encore été agressé en France, pour la simple raison qu’il était Juif.
Le rabbin de la communauté juive de Lile, Elie Dahan, a été agressé jeudi gare du Nord, à Paris, alors qu'il se trouvait de passage dans la capitale.
«Je marchais dans le couloir du métro et je l’ai dépassé car il marchait dans la même direction avec sa copine. Lorsque je l’ai dépassé il m’a regardé et m’a crié ‘‘Sale feuj, tu me regardes, je vais te frapper sale feuj’’. Il m’a donné un grand coup de pied puis un grand coup de poing dans la foulée, puis il s’est enfui,» a raconté le rabbin Dahan aux hommes de la 2e division de la police judiciaire (2e DPJ), chargés de l’enquêtes. M. Dahan, soigné à l'hôpital voisin de Lariboisière de plaies à l'oeil et à l'arcade sourcilière, a porté plainte.
Selon le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, l'agression s'est produite entre 11h et 12h. Elie Dahan, originaire de la communauté du Nord-Pas-de-Calais, «circulait dans le couloir de la gare du Nord», lorsqu'il «a été pris à partie par un individu qu'il décrit comme un jeune homme de couleur, âgé d'environ 25 ans, et accompagné d'une jeune femme».
«Je suis surpris par cette agression. Je pense qu’il voulait frimer devant sa copine. Avec ma barbe et mon chapeau il s’est peut-être dit ‘‘En voici un qui n’est pas fort. Voilà un juif auquel on va faire la peau,’’ » a ajouté la victime.
L'agresseur a réussi à prendre la fuite.
«Barbe et chapeau»
La 2e division de la police judiciaire (2e DPJ) a été chargée de l'enquête.
Interrogé par l'AFP, Ariel Goldmann, membre du bureau exécutif du CRIF, a estimé qu’Elie Dahan avait été agressé en «sa qualité de juif plutôt que de rabbin», qui portait «barbe et chapeau», un signe de piété de tout juif pratiquant.
Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS), a condamné cette agression, souhaitant que «l’enquête de police permette l’arrestation rapide de l’auteur de ces faits insupportables». «Il s’agit là d’une atteinte aux valeurs de respect et de diversité, qui sont au cœur de l’identité parisienne», a-t-il ajouté.
Elie Dahan avait déjà eu a subir une agression antisémite en 2003.
C'est un nouveau coup qui touche la communauté juive du Nord-Pas-de-Calais.
Rappellons nous que dans la nuit du 31 mars au 1er avril, 51 tombes du carré juif du cimetière de Lille-Sud avaient été dégradées - certaines renversées, d'autres brisées - la veille de la Pâque juive, mais aucune inscription n'avait été découverte.
Un homme de 32 ans a été mis en examen jeudi à Lille et écroué dans la région.
Ce Lillois, qui a avoué avoir commis ces faits mais nié tout motif religieux ou idéologique, est poursuivi pour "violation et profanation de tombeaux ou sépultures en raison de son appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". Il encourt cinq ans de prison.
D'origine maghrébine, l'homme a été confondu par la présence de son sang sur un médaillon d'une tombe démolie.
Lors de sa garde à vue, il a expliqué aux policiers avoir agi seul, sous le coup de l'alcool et d'un deuil, a précisé au cours d'une conférence de presse le procureur Philippe Lemaire.
Le président Jacques Chirac avait jugé "cet acte inqualifiable et intolérable" et demandé que ses auteurs soient "sévèrement punis".
Le 2 avril, un millier de personnes, élus, habitants, membres de la communauté juive et représentants des autres religions, avaient participé à un défilé silencieux dans le carré juif du cimetière.
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