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Le Blog des Spiritualités

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Interview de Jean-Pierre Orsoni, Grand Maître de la Grande Loge Mixte de France, dans Initiations Magazine.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 19 Avril 2007, 00:48am

Catégories : #Franc-Maçonnerie

Initiations Magazine nous propose une nouvelle fois un très riche numéro. Pour vous donner l'envie de l'acheter ou de vous abonner, vous pourrez lire ci-dessous l'interview donnée par le Grand Maître de la GLMF.

La Grande Loge Mixte de France, une obédience qui grandit :

L'accroissement de la mixité en France est au coeur du projet de la Grande Loge Mixte de France. Avec 55% de Soeurs et 45% de Frères, l'obédience affiche une quasi parité. Au regard de l'évolution de la société, la mixité correspond à une attente, elle est l'avenir de la maçonnerie.

Quel est votre parcours maçonnique ? Orsoni-GLMU.jpgJean-Pierre Orsoni : J'ai été initié en 1983 au Grand Orient de France, à l'Orient de Bastia. Après plusieurs années passées en France, je suis parti en Argentine pour raison professionnelle. J'en ai profité pour monter une Loge qui est devenue par la suite le Grand Orient Latino Américain dont je suis membre fondateur. Ayant découvert sur place la maçonnerie mixte, dès mon retour en France, j'ai décidé d'intégrer la Grande loge Mixte de France. J'ai occupé tous les postes d'officiers de ma Loge ainsi que celui de Vénérable. C'est en devenant président du Convent, que les Soeurs et Frères m'ont demandé de me présenter pour être au Conseil de l'Ordre. J'ai été 3 ans Grand Orateur, 2 ans 1er Grand Maître adjoint et j'ai été élu Grand Maître au dernier Convent 6006.
Quels sont les chantiers que vous avez mis en place ? J-P.O. : Le principal chantier, est de préparer la mise en place des Congrès Régionaux pour permettre aux Soeurs et Frères d'être des forces de propositions car l'avenir de l'obédience passe par un travail et une réflexion que permet mieux une structure de proximité. Le 2e chantier, est la réforme de notre livre de justice. Nous avions adopté il y a plusieurs années, une justice interne qui était la copie conforme de la justice de la République, dont on s'aperçoit qu'elle ne fonctionne pas. Nous voulons donc changer cela en créant des structures de gestion de conflits et de discipline, pour traiter des sujets qui relèvent de l'obédience et pas des sujets qui relèveraient de la République. Tout cela pour éviter d'avoir une "justice privée", contraire à nos principes. Ces problèmes ne peuvent se résoudre que par des pratiques fraternelles en préservant le débat contradictoire et la possibilité d'appel à toute sanction prise. L'autre chantier, c'est la mixité. Il faut se préparer à devenir une grande obédience car la mixité ne peut que se développer au regard de l'évolution de la société.
Comment va grandir la mixité ? J-P.O. : Il y a 6 ans nous étions 1500 membres, nous sommes aujourd'hui plus de 2500. Nous avons 120 Loges et en créons une dizaine par an. La difficulté résulte du fait qu'il y a des zones géographiques où nous ne sommes pas présent. S'il n'y a pas de structures d'accueil, nous ne pouvons pas nous développer. Dans l'Ouest, nous étions absents il y a encore 2 ans. Nous avons aujourd'hui, une Loge au Havre, à Brest, en Normandie. La maçonnerie mixte ne peut vraiment se développer que si l'offre est répartie sur tout le territoire. Il est donc important que nous soyons présent dans toutes les régions. Si nous regardons la société et la maçonnerie, il y a un décalage. La progression de la mixité correspond aujourd'hui à une attente.
Quelle est la particularité de votre obédience ? J-P.O. : C'est d'être une obédience comprenant plusieurs rites, tous adaptés à la mixité. Nous sommes par définition un Grand Orient. Nous avons le nom de Grande Loge parce qu'il y avait chez nos frères et nos soeurs fondateurs le désir de ne pas gêner les relations avec le G.O.D.F.i Nous allons proposer à notre prochain convent d'adopter le nom de Grand Orient Mixte Français. Dans le préambule de notre constitution, nous avons la possibilité d'avoir des loges mixtes, féminines et masculines. Dans la réalité, nous n'avons que des Loges mixtes et c'est bien ainsi. C'est notre culture d'obédience. Le Centre de l'Union ne peut pas venir de l'uniformité, c'est bien la diversité qu'il faut conserver et promouvoir.
Un nouveau Rite va voir le jour ? J-P.O. : Nous avons créé l'an dernier 2 Loges à Marseille avec des Soeurs et Frères de diverses obédiences, qui depuis 25 ans travaillaient à la création d'un Rite qui s'appelle Source et Lumière. Après avoir vérifié la qualité de ce Rite, nous envisageons, en coopération avec la Loge Nationale Française, de l'intégrer un jour dans notre patrimoine.
Y a-t-il une fusion possible avec la Grande Loge Mixte Universelle ? J-P.O. : Nous avons une histoire commune car nous en sommes issus. Beaucoup parlent de réunification de la G.L.M.F. avec la G.L.M.U. Je dirai plutôt, qu'il y a un chantier de rapprochement. Ce qui nous différencie, c'est que la G.L.M.U. ne pratique que 2 rites, alors que nous, nous les pratiquons tous. La première chose, pour éviter toute précipitation, c'est que les Loges dans les Orients se rapprochent en faisant des Tenues communes. Même si le rapprochement est envisagé par l'exécutif des deux obédiences, cela ne peut se faire qu'avec l'approbation de l'ensemble des maçons. Si en travaillant ensemble, on s'aperçoit que l'on peut vivre ensemble, pourquoi ne pas le faire. Car même 25 ans après, on n'efface pas les traces d'une scission comme ça, du jour au lendemain.
Quel est votre regard sur la Maçonnerie Française ? J-P.O. : Je trouve que la Maçonnerie Française a déjà été une avancée par le rapprochement entre obédiences, mais aussi pour mieux se connaître et travailler ensemble. Ce projet plein de bonnes intentions, montre aujourd'hui ses limites dans la coordination générale. Nous avons abandonné le qualificatif "française" mais les 9 obédiences continuent à se rencontrer, c'est le plus important.
Quels sont les freins ? J-P.O. : C'est une conséquence du pluralisme. La richesse de la maçonnerie, c'est sa diversité, mais cette même diversité peut parfois conduire à un certain chauvinisme obédientiel qui ne facilite pas le travail en commun. Chacun est attaché à son obédience et ne veut pas apparaître comme obéissant à une autre obédience. Entre une obédience de 48.000 membres et une autre de 3.000, le rapport de force n'est pas le même. La grosse n'a pas besoin de la petite, elle peut agir et communiquer toute seule. Pour notre Obédience, ces rencontres sont positives, c'est un lieu d'échanges et de réflexion qui a l'avantage de préserver l'indépendance de chacune.
La maçonnerie a perdu de son influence. Est-ce un bien ou un mal ? J-P.O. : C'est un mal si on s'en tient aux valeurs que nous défendons. Il fut un temps où nous avions 60 % des députés qui étaient francs-maçons. A l'époque, la discipline des partis politiques n'était pas aussi stricte qu'elle est aujourd'hui. Les rapports entre les pouvoirs politiques et économiques ont été profondément modifiés. Les lieux et les acteurs des pouvoir et des contre-pouvoirs ne sont plus les mêmes, les modes de communication ont évolué. Il faut nous y adapter trouver où et comment nous faire entendre. La maçonnerie s'interroge sur son poids moral et politique. Elle n'échappe pas à la perte de repères de la société. On voit les choses évoluer avec une certaine impuissance, sans avoir des solutions concrètes à apporter. Nos valeurs, elles, n'ont pas changé, nous avons le devoir de les affirmer. Par contre, le rôle des maçons dans la cité s'est considérablement renforcé. Ils sont extrêmement présents dans le monde associatif et syndical. En terme d'idéaux maçonniques, c'est plutôt positif.
La maçonnerie manque-t-elle de grands combats à mener ? J-P.O. : La maçonnerie a au moins autant de chantiers à mener que ceux qu'elle a déjà rencontrés depuis sa création. Quand on voit que le quart monde s'installe dans des pays qui s'affichent comme développés, l'aggravation des inégalités, les écarts entre les riches et les pauvres, la violence, les guerres, l'absence de démocratie, tout cela doit nous interroger. Même si la maçonnerie doit rester prudente dans les prises de position et ne pas s'immiscer dans les débats politiciens, quand il y a atteinte aux valeurs fondamentales que nous défendons, nous devons nous lever et dénoncer. Nous n'avons pas le droit de ne rien dire. Dans un lieu bien couvert tel qu'une Loge, nous nous trouvons à l'abri, entourés de valeurs refuges. Il peut y avoir une effervescence, mais si rien ne sort, c'est un investissement à fond perdu. Nous devons réapprendre à crier notre humanisme.
Quel serait le souvenir que vous souhaiteriez laisser ? J-P.O. : Je ne travaille pas pour mon image. Les passages sont courts, les actions se diluent dans le temps et sont l'addition de tous. Si mon passage peut contribuer à l'accroissement de la maçonnerie mixte dans l'hexagone, j'en serai très heureux.
Vendredi 13 Avril 2007
Nicolas Georges, directeur de la publication


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