Décidemment les vieux schémas éculés sur la Franc-Maçonnerie ont la vie dure. La preuve cet article vu sur le site de Libération :
Le chef de la Brigade de répression de la délinquance économique souhaite que ses collègues rendent publique leur appartenance à une loge. Par Fabrice TASSEL
La franc-maçonnerie : ce n'est pas le sujet sur lequel les policiers sont les plus bavards, en tout cas lorsqu'on évoque leur corporation. D'où l'intérêt d'un article récemment publié dans la revue du Syndicat des commissaires de police, sous la plume de l'un d'entre eux, Patrice Demoly, le chef de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Comme son titre l'indique Police et franc-maçonnerie : la nécessaire transparence, cette tribune, tout en défendant d'emblée que «le principe républicain [de] la liberté de conscience et d'opinion ne se partage pas», appelle néanmoins à moins d'opacité pour concilier cette liberté de conscience avec «la nécessaire impartialité des fonctionnaires d'autorité» .
Ce souhait d'une fin du secret permettrait, dans l'idée de Patrice Demoly, de lever «tout doute, pour le justiciable, quant aux allégeances et solidarités maçonniques supposées». De fait, le fantasme est permanent. Mais hormis quelques retentissantes affaires niçoises, où les réseaux francs-maçons oeuvraient à la fois dans la police et la magistrature, les conflits d'intérêts avérés sont rares, aussi parce que l'autocensure joue. A Nice, il avait fallu l'opiniâtreté du procureur de la République Eric de Montgolfier pour que les dossiers progressent. Car le souhait de Patrice Demoly qui n'a pas souhaité s'exprimer davantage dans Libération ne semble pas rencontrer beaucoup d'échos dans les rangs de la police nationale.
«Réseaux». «Disons que c'est un débat qui revient régulièrement, mais ce n'est pas le plus important en ce moment», explique Nicolas Comte, le secrétaire général du SGP-FO (gardiens de la paix), qui s'interroge : «De toute façon, la question des réseaux dans la police va au-delà de la franc-maçonnerie, il faut aussi évoquer les réseaux politiques. Pour moi, la liberté individuelle doit permettre d'être policier et maçon, ainsi que policier et militant à l'UMP, au PS, au PC ou ailleurs.» Joaquin Masanet, le patron de l'Unsa-police (premier syndicat des gardiens de la paix) et proche de Ségolène Royal, estime aussi qu' «il ne devrait pas y avoir de honte à le dire ou pas, car la plupart des francs-maçons essayent de faire avancer leurs idées humanistes, seule une poignée se sert des frères pour d'autres raisons». Jean-Claude Garnier, l'ancien patron du syndicat Alliance, aujourd'hui conseiller à l'UMP sur les questions de sécurité, estime aussi que l' «on doit être libre de dire qu'on est maçon ou pas». Et il poursuit : «Il y a assez de contraintes comme ça, ce n'est pas la peine d'en rajouter.»
«Faire carrière». Mais malgré cette liberté, la culture du secret l'emporte, «et les prises de position publiques sur le sujet sont quasi inexistantes», relève Patrice Demoly. Erik Blondin, gardien de la paix et secrétaire général du Syndicat de la police nationale (SPN) avance une explication : «La transparence est impossible puisque les patrons des syndicats de police majoritaires sont presque tous maçons, et dans les mêmes loges que des directeurs de la police nationale. Ce n'est pas par noblesse d'idées, mais parce que ces fréquentations sont d'excellentes planches d'appel pour faire carrière.» Et pour Jean-Claude Garnier : «Vu le nombre de maçons dans l'entourage des candidats à la présidentielle, je ne vois aucun d'entre eux prêt à faire le ménage.»
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