Pour une fois le texte qui suit n'est pas de moi. Cela arrive parfois. Rarement.
J'ai souhaité laisser la parole à un (jeune) frère de 43 ans et Vénérable Maître (c'est à dire le président d'une loge) de la Grande Loge de France.
Nous l'appellerons Boanergès. Cela ressemble fort à un nom initiatique et souvenons nous que cela signifie "Les fils du Tonnerre", nom donné aux fils de Zébédée, Jacques et Jean dans le Volume de la Loi Sacrée qui nous est si cher, la Bible.
Notre frère Boanergès parle évidemment en son nom propre.
Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qu'il énonce et développe. Mais est-ce le plus important? Ce qui importe c'est sa vérité à lui.
Il est animé par une vraie foi maçonnique sincère et pure qui le pousse à poursuivre son chemin initiatique dans la voie spiritualiste humaniste et traditionnelle du Rite Ecossais Ancien et Accepté, tel que pratiqué à la Grande Loge de France.
Il ne se laisse pas polluer par des questions subalternes ou abuser par des préoccupations profanes. Son questionnement va à ce qui constitue pour lui l'essentiel : l'initiation.
J'espère que, comme moi, vous apprécierez sa fougue, son ardeur, son enthousiasme.
Lisons donc ce qu'a à nous dire notre frère Boanergès, le fils du Tonnerre, que j'ai illustré dans cet article par Jean, l'aigle de Patmos, l'évangéliste de la Lumière et de la Parole.
Réunir ce qui est épars : chiche !
Par Boanergès.
La Confédération maçonnique de France existe déjà et tend à se renforcer. C'est un fait que ses plus acharnés adversaires ne peuvent nier. Et force est de constater que les faux Frères pullulent, ce qui est à la fois consternant et pathétique pour la Grande Loge de France et tous les Ordres initiatiques authentiques.
Lorsque l'on regarde l'histoire de la Franc-Maçonnerie en France, un mot vient très vite à l'esprit : DIVISION.
Impossibilité à s'unifier, ou au moins à constituer effectivement un pôle initiatique et traditionnel digne de ce nom, et qui soit en phase avec la Franc-Maçonnerie traditionnelle mondiale. Voilà la triste réalité maçonnique française.
La Confédération Maçonnique propose ni plus, ni moins, que de substituer la diversité à la confusion.
Triste spectacle que ces objections sans fin contre la Confédération, avec des « frères » diviseurs qui sont clairement, au sens étymologique, des diables, très habiles à semer la division, à séparer. En parlant de fraternité ou d'humanisme, bien entendu. Quelle confusion ! Affirmer qu'il existe une Franc-Maçonnerie régulière, ce n'est pas semer la division : tout au contraire, c'est affirmer une unité qui n'est pas politique, mais initiatique, ce qui est tout à fait différent. Réaffirmer que nous travaillons bien sous l'invocation du Grand Architecte de l'Univers, c'est simplement être en cohérence avec les plus anciennes traditions de l'Ordre. Si cela froisse certains Frères, qu'ils aillent ailleurs. De fait, les athées n'ont pas leur place à la Grande Loge de France, à moins de tricher avec le rituel, de se mentir à soi-même et de prendre en otage les Frères qui eux sont dans une démarche initiatique sincère et sans réserve. Là aussi, on ne peut confondre ordre initiatique et club philosophique...
La Grande Loge revient de loin, car comme on l'a dit, la première moitié du vingtième siècle a été marquée par un affaiblissement, voire une dénaturation de notre rite pour une version politisée, anti-religieuse de la Franc-Maçonnerie, ce qui est en contradiction totale avec la tradition maçonnique. Qu'à l'époque, la GLNF se soit constituée en réaction à cette situation comme un pôle authentiquement spiritualiste ne peut étonner. Car la Franc-maçonnerie est d'abord spirituelle avant d'être sociale.
Mais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'Occupation, de l'eau a coulé sous les ponts, et la GLDF est progressivement revenue à ce qu'elle aurait toujours dû être : un ordre initiatique et traditionnel, également éloigné des querelles politiques tout comme des controverses religieuses, mais pas anti-religieux. Le passé social et politique de la GLDF fait cependant partie de sa culture, certes, mais elle ne doit pas hypothéquer son avenir.
Actuellement, alors que la GLNF a semé un grand chaos dans la franc-maçonnerie française, elle continue comme si rien ne s'était passé ! Alors que la franc-maçonnerie française est encore un peu plus divisée, à cause des errances de la GLNF, celle-ci retombe dans un sectarisme d'un autre âge. Son grand maître met en avant ce principe de territorialité dont on peut se demander d'où il sort, pour conserver une sorte d'exclusivité qui n'est autre qu'un véritable exclusivisme, indigne d'un Ordre initiatique authentique, et fauteur de division, et non de stabilité comme il le prétend. Il s'agit bel et bien d'un hold-up maçonnique, de la part d'une obédience qui, sitôt la reconnaissance retrouvée, la confond sciemment avec la régularité et oublie de faire véritablement retour sur son passé. C'est indigne d'un ordre initiatique véritable. Nous n'avons aucune leçon à recevoir de cette obédience. Et les blessures seront longues à cicatriser.
En réaffirmant donc qu'il n'existe que deux pôle
s à la franc-maçonnerie française, comme le fait le Frère Servel, on ne crée pas de stabilité. Au mieux c'est un mensonge par omission, au pire c'est de la mauvaise foi et de la manipulation scandaleuse.
D'un autre côté, quel intérêt les Frères de la Grande Loge de France ont-ils à maintenir leurs relations « fraternelles » avec le Grand Orient, qui nous tire dessus à boulets rouges et dont certains « frères » conspuent la Confédération ? Au Grand Orient, ce qui reste du rite est soit oublié, soit recouvert par des considérations totalement profanes qui une fois de plus n'ont rien à voir avec l'initiatique.
Mais certains frères mélangent, volontairement ou non, sociabilité et fraternité spirituelle, comme on mélange, depuis des mois, règle et coutume. Règle sur laquelle nous avons prêté serment...
Notre règle ne prévoit pas de liens officiels avec d'autres obédiences que la GLAMF et la GLIF. Mais la coutume consiste à voyager le plus possible entre loges et entre obédiences, régulières ou non. N'en déplaisent alors aux Frères de la GLNF, visiter des loges irrégulières n'est pas se souiller, mais plutôt partager des pratiques qui peuvent enrichir des frères éloignés de l'initiatique. Et inversement, recevoir des frères éventuellement irréguliers, c'est permettre une émulation spirituelle toujours précieuse. Mais il est vrai que rendre Gloire au Grand Architecte de l'Univers, ou pas, change considérablement la donne. C'est véritablement la pierre angulaire de la franc-maçonnerie traditionnelle.
Car s'enfermer dans sa reconnaissance ou sa régularité ,à l'exclusion de tout le reste, c'est certainement se condamner à la sclérose. Le contre-exemple de l'Italie est éclairant à cet égard.
Le nombre d'obédiences en Italie est proprement effarant, et aucune ne reconnaît aucune ; chacune est totalement étanche : on ne peut visiter comme on ne peut être visité. Chaque obédience (certaines ne comptent que quelques loges!) est donc convaincue d'être la plus traditionnelle et la plus régulière bien entendu puisqu'il n'y a aucune contradiction, aucune comparaison possible. Et plus les obédiences apparaissent, plus il y a de grands maîtres et de cordons à distribuer… Une fois de plus, c'est la division qui l'emporte. La franc-maçonnerie italienne est de ce fait affaiblie, vilipendée, discréditée car incapable de se fédérer. C'est une situation à méditer pour ce qu'elle représente de danger pour nous.
Prenons en revanche l'exemple de la Grande Loge Unie d'Angleterre : les Frères anglais ont réussi leur union en faisant des concessions. Rabibocher les Ancients et les Moderns n'était pas chose facile. Ils y sont pourtant parvenus. De même en Allemagne après la seconde guerre mondiale : certains Frères avaient cru bon de collaborer avec l'état nazi, d'autres non : ils sont pourtant parvenus à se réconcilier. Ils ont lavé leur linge sale en famille.
Quel exemple pour nous ! Alors que beaucoup de diviseurs s'acharnent à faire capoter la confédération, il vaudrait mieux prendre conscience des enjeux au lieu de céder à la peur. Nous Français restons gaulois, dans le sens où nous sommes vraiment très forts pour nous diviser, nous détester, et conserver nos minables petits prés carrés. On parle de « spécificité » ou d' « identité ». Mais le monde entier s'en moque, la maçonnerie universelle s'en moque car nous n'existons tout simplement pas pour elle !
A chaque fois en effet que l'on veut visiter une loge à l'étranger, c'est l'humiliation de devoir se justifier, expliquer laborieusement que nous ne sommes certes pas reconnus mais parfaitement réguliers, devant des Frères étrangers incrédules et méfiants. Quelle aberration !
A cet égard, la GLNF et donc la GLUA constituent un verrou totalement illégitime dans le contexte actuel. Car la Guerre froide est finie, dans le sens où les anciennes divisions n'ont plus cours. Je préfère penser que le grand maître actuel de la GLNF est sans doute en train de rater le train de l'Histoire en continuant comme si rien n'avait changé : quelle cécité ! Car en fait, tout est en train de changer, et la Confédération en est l'ouvrière.
Quant à nous, à la GLDF c'est la peur, la pusillanimité et la mesquinerie qui sembleraient l'emporter. Quelle tristesse, et quelle consternation ! Nous ne semblons pas à la hauteur des enjeux en présence, c'est cela le drame. Englués dans nos querelles franco-françaises, dignes de l'époque de Vichy, comment certains frères peuvent-ils oser dire que la reconnaissance par les cinq grandes loges n'a pas d'importance ?
Autant la déclaration de Londres fait lit des récents désordres à la GLNF, autant la déclaration de Berlin donne une lecture bien plus avisée et pondérée de la réalité maçonnique française. Les Cinq obédiences ont pris acte de la crise et comprennent bien la spécificité française, éprise de liberté de visite et de laïcité.
Mais il faut avoir du souffle et une vision, car réunir ce qui est épars constitue un devoir pour tous les véritables maîtres maçons. Autrement la formule de « Franc-Maçonnerie universelle » à laquelle nous rendons hommage est à peu près vide de sens. Saborder la Confédération serait une honte totale.
La Confédération maçonnique de France pourrait être ce processus vertueux d'unification ou de réunification de la Franc-Maçonnerie française de tradition : d'autres obédiences traditionnelles peuvent s'agréger à la CMF. Mais faut-il encore s'en donner les moyens. Pouvoir être enfin de plain pied avec toutes les obédiences régulières mondiales est un horizon légitime pour la CMF et donc la GLDF. Ce n'est pas un détail. L'isolement de la GLDF au niveau international est une anomalie. historique Que les Frères de la GLDF voyagent vraiment, et ils comprendront !
On peut enfin se demander quels motifs poussent les diviseurs et autres faux frères à continuer leur sale besogne : à qui profite le crime ? On peut trouver trois raisons :
La quête et/ou le maintien de pouvoirs et prérogatives qu'une réunification de la maçonnerie traditionnelle et initiatique remettrait en cause. Les « petits arrangements » devraient disparaître.
Le maintien d'une franc-maçonnerie édulcorée, affaiblie dans ses buts spirituels, qui ne froisse personne mais qui ne satisfait personne non plus ; une sorte de franc-maçonnerie de complaisance qui permet de se donner bonne conscience sans faire trop d'efforts. Mais c'est la perpétuation du mensonge évoqué plus haut sur la finalité véritable de la franc-maçonnerie, qui est l'accomplissement spirituel de ses membres, et donc la compréhension de la politique dans son sens le plus haut, le plus noble.
Enfin, on peut aussi faire une lecture purement géopolitique de la césure GLUA/GLDF en admettant que le RÉAA est français d'origine, donc échappe au contrôle anglais, et que de ce fait les Anglais, (perfide Albion!), ne ratent pas une occasion de nous mettre des bâtons dans les roues. Cela est particulièrement vrai pour les Hauts Grades. Basse politique en somme, et grossière rivalité entre corps maçonniques, dont les Frères souffrent et sont les otages. Pensons aux nombreux Frères de la GLNF contraints de nous visiter « en douce ». C'est l'opprobre. Le schisme de 1964 est très éclairant à cet égard comme illustration de la Guerre froide : affaiblir la franc-maçonnerie quelque part c'est s'assurer un levier sur le pouvoir en place. Mais une fois encore où est l'initiatique dans tout cela ?
En conclusion, on comprendra bien que la Confédération Maçonnique de France est une réelle chance pour la franc-maçonnerie traditionnelle en France. Ne pas la saisir, c'est commettre un véritable crime historique, et rater une occasion non moins historique pour réellement rassembler ce qui est épars afin de faire briller au plus haut notre idéal. Haut les cœurs, mes Frères, ne nous laissons pas intimider !
Et vive la Franc-Maçonnerie universelle.
Boanergès
Franc-Maçonnerie en Grande Loge De France
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Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
« Jurez-vous, de plus, d’obéir fidèlement aux chefs de notre Ordre, en ce qu’ils vous commanderont de conforme et non contraire à nos lois ? » (Extrait du Serment prêté par chaque franc-maçon lors de son initiation).
Jean-Laurent Turbet
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