Celles et ceux qui iront voir l'exposition sur l'imaginaire d'Hugo Pratt au Musée de la Franc-Maçonnerie au Grand Orient de France découvriront des planches dessinées fort intéressantes.
Notamment des dessins de deux albums intitulés "Fort Wheeling" (tomes 1 et 2): Il ne s'agit pas en l'occurence d'une aventure de Corto maltese. "Fort Wheeling" est, d’une certaine manière, la première et la dernière des grandes aventures dessinées par Hugo Pratt. La première partie est publiée de 1962 à 1964. Mais quelques mois avant sa mort, le 20 août 1995, il complète encore l'histoire en ajoutant notamment une grande scène maçonnique.
Au musée dans l'exposition nous pouvons voir notamment des planches originales de la cérémonie maçonnique ainsi qu'un tomawak iroquois.
Il est question dans cet album de bande dessinée d'un chef indien qui s'appelait Thayendanegea, mais qui fut renommé Joseph Brant par les blancs (1742-1807). Joseph Brant fut un chef de guerre des amérindiens Mohawks qui a combattu la France puis les États-Unis d’Amérique durant leur guerre d’indépendance.
Iroquois (La confédération iroquoise était composée de 6 nations depuis 1722: Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora), il fut marié 3 fois. Sa troisième épouse fut Catherine Adonwentishon Croghan, qu'il épousa lors de l'hiver 1780 et avec qui il eu 7 enfants. Le territoire iroquois se situait entre les Etats-Unis d'Amérique et le Canada.
Lors de la Guerre des indiens et des français ("French & Indian War)", de 1754 à 1763, Joseph Brant prit part aux combats aux côtés des forces britanniques.
En 1761, William Johnson, qui était le Superintendant anglais pour les affaires indiennes nord américaines, créa un programme d'éducation pour trois chefs Mohawks, dont Joseph Brant, afin qu'ils soient éduqués par la "Moor's Indian Charity School", tenue par Eleazar Wheelock, dans le Connecticut.
Avec les encouragements de Johnson, les Mohawks firent de Brant leur chef de guerre et leur principal porte-parole. Au printemps 1772, Brant part pour Fort Hunter pour vivre chez le Révérend John Stuart. Il devient l'interprète de Stuart et l'aide pour la traduction en langue iroquoise du catéchisme anglican et de l'évangile de Mark. Brant devient anglican et le reste jusqu'à la fin de sa vie.
Lors de la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis (de 1775 à 1783), Joseph Brant prit part aux combats du côté des anglais.
Jospeh Brant fut surnommé "Monster Brant" pour sa participation aux massacres de Wyoming Valley et de Cherry Valley qui eurent lieu tous deux en 1778.
Après la victoire des Insurgents américains, Brant part se réfugier au Canada où il est célébré (il figure sur le monument aux valeureux d'Ottawa). Il meurt à Burlington, en Ontario, le 24 novembre 1807.
Joseph Brant, franc-maçon :
Une histoire vraie circule sur Joseph Brant. Le Lieutenant-Colonel William Stacy, des forces continentales américaines fut fait prisonnier lors du massacre de Chelly Valley en 1778 (dont j'ai parlé plus haut). Stacy dit qu'il ne dut d'avoir la vie sauve (après avoir été attaché au poteau de torture) que - se souvenant que Brant était franc-maçon - parce qu'il a pu exécuter devant lui le signe de détresse maçonnique. Le capitaine John McKinstry, raconte avoir pu être sauvé par Brant pour les mêmes raisons. Membre de l'Hudson Lodge N°13 de New York, Mc Kinstry devint un ami proche de Brant par la suite, et ils visitèrent ensemble en 1805 les loges de l'Hudson.
Joseph Brant etait en effet franc-maçon. C'est lors de son voyage en Angleterre en 1776 qu'il fut initié.
Il recut en effet la lumière en avril 1776 au sein de la Falcon Lodge (ou de la Hirams Cliftonian Lodge, il y a débat d'historiens) à Londres au sein de la Grande Loge des Moderns. Il fut initié dans le même mois aux trois premiers degrés de la Franc-Maçonnerie (apprenti, compagnon et maître). Honneur suprême, il reçut son tablier de maître des mains mêmes du roi George III !
Après son exil au Canada il s'installe dans la Réserve de la Grande Rivière dans l'Ontario, grande de 675.000 acres où vivent 1.843 Mohawks et plusieurs centaines d'indiens loyalistes.
Joseph Brant fonde la loge N°11 du village Mohawk de la Grande Rivière dont il devient le premier Vénérable Maître. Plus tard, il s'affilie également à la Barton Lodge N°10 à Hamilton, Ontario.
Destin au combien peu ordinaire du chef Joseph Brant de la nation iroquoise, frère rouge qui inspira le frère Hugo Pratt dans sa première et sa dernière oeuvre dessinée! Le chemin de l'Initiation, au travers les siècles et les continents, prend parfois des chemins de traverses. Le Voyage n'est il pas la vocation du franc-maçon en recherche?
° Pour aller plus loin :
° Alamo, les frères du Fort, sur ce site.
° Independance Day , sur ce site.
° Benjamin Franklin, homme politique, homme de science, journaliste et franc-maçon. , sur ce site.
° Washington, la Fayette, Capitole..., sur ce site.
° Deux expositions à Paris pour rendre hommage à Benjamin Franklin, sur ce site.
° Fantômes du Mississippi, sur ce site.
° Les origines maçonniques du Ku Klux Klan, sur ce site.
° "Le symbole perdu décodé", d'Alain Bauer & Roger Dachez., sur ce site.
° La Grande Loge du Michigan rend hommage à Gerald Ford, dernier président des Etats-Unis franc-maçon., sur ce site.
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
Commenter cet article