Il devient difficile de discerner ce qui nous a causé le plus de douleur dans cette pathétique conférence sur l’Holocauste organisée à Téhéran par un petit président dont la haine n’a d’égal que sa folie.
Est-ce le sujet qui remet en question le martyr de six millions de nos frères ? Est-ce la vue de ceux qui se qualifient de rabbins et qui n’ont de cesse que de parader aux côtés de nos plus féroces ennemis ? Ou bien est-ce encore la promesse réitérée par Ahmadinejad qu’Israël disparaîtrait tôt ou tard de la carte ? Le mélange des trois éléments probablement qui, conjugués, donnent la nausée.
Seul baume appliqué sur l’injure publiquement faite au passé, au présent et à l’avenir du peuple juif, l’unanimité des protestations émises par l’ensemble des pays libres contre cet événement honteux.
Il s’agit d’un "affront inacceptable non seulement pour les victimes de cette tragédie et leurs descendants, mais pour la totalité du monde démocratique" a indiqué l’Europe, par la voix du Commissaire européen à la Justice Franco Frattini, tandis qu’aux Etats-Unis, la Maison Blanche assimilait la conférence à un "affront au monde civilisé et aux valeurs iraniennes traditionnelles de tolérance et de respect". Pour son porte-parole Tony Snow, "le régime iranien, de manière perverse, cherche à remettre en cause la réalité historique de ces atrocités et à fournir une base à la haine".
Le Vatican a également fait entendre sa protestation en évoquant "l’immense tragédie" de l’Holocauste "face à laquelle nous ne pouvons rester indifférents. Le souvenir de ces événements horribles doit rester comme un avertissement pour la conscience des hommes".
À Paris, Philippe Douste-Blazy a indiqué que les appels de Mahmoud Ahmadinejad à l’éradication d’Israël étaient ''non seulement choquants mais tout simplement inacceptables'', et en a profité pour rappeler que ''dans ce contexte-là, on ne peut que vouloir une résolution au Conseil de sécurité le plus vite possible''.
En attendant, et en dépit de la colère qu’elle a provoquée, la conférence de l’inimaginable a bien eu lieu.
On y a allégrement discuté de la véracité et de l’ampleur la Shoah tout en assurant que l’objectif de cette réunion n’était pas de nier le génocide juif mais bien de l’étudier "sans idées préconçues".
Un sens de la formule que l’assemblée de révisionnistes conviés pour l’occasion a certainement apprécié à sa juste valeur. Une soixantaine de "chercheurs" (là encore on appréciera le qualificatif…) triés sur le volet international de la haine anti juive a en effet participé à l’indigne conférence.
Parmi eux, Robert Faurisson, David Duke, ancien chef du mouvement raciste américain du Ku Klux Klan, Frederik Toben, emprisonné en Allemagne en 1999 pour négationnisme et invité régulier des universités iraniennes en mal de propagande anti juive, ou encore Georges Theil, lequel s’est réjoui de voir ouverte une "nouvelle fenêtre dans les relations internationales sur ce sujet".
"Il y a 20 ans, il était impossible de parler de l’Holocauste et toute étude scientifique était sujette à punition", a-t-il précisé avant de rendre hommage au président iranien pour avoir osé "briser ce tabou".
Autre admiratrice du nouveau petit Hitler, l’ancienne reine de beauté australienne, Michele Renouf, connue pour son penchant révisionniste qui n’a pas hésité à qualifier Ahmadinejad de "héros".
Selon le professeur Dina Porat, responsable du "Stephen Roth Institute for the Study of Contemporary Anti-Semitism and Racism" à l’université de Tel Aviv, de nombreux autres révisionnistes parmi lesquels l’anglais David Irving ou l’allemand Ernst Zundel avaient été conviés à la "fête" mais n’ont pu s’y rendre en raison des peines de prisons qu’ils purgent pour leurs propos visant à nier l’Holocauste.
Mais ce sont surtout les pseudo-rabbins de la secte Netourei Karta qui ont volé la vedette au cours de cet événement qui, si l’on ne craignait de salir la mémoire de nos chers disparus, pourrait être qualifié de tragi comique tant il relève de l’absurde.
Arborant fièrement tous les signes extérieurs des juifs pieux mais leur faisant la pire injure, ceux qui se disent être les 'gardiens de la Cité', et qualifient le sionisme de "poison" menaçant les "vrais Juifs", ont donné leur aval à cet assassinat public de la mémoire.
Serrant la main de Ahmadinejad en souriant, lui donnant l’accolade, ils ont oublié que leurs grands-mères et grands-pères, leurs oncles et leurs tantes, leurs neveux et nièces avaient péri, nus et brûlés, par les mains de ceux qui naguère voulurent voir "disparaître les juifs de la carte"…
Plus pernicieux encore, ils ont nourri les questionnements de la presse qui, souvent ignorante des différences de courants au sein du judaïsme, assimilent souvent chapeau paillotes et barbes aux juifs. "Pourquoi", se sont donc demandés les médias, des juifs ultraorthodoxes, "cautionnent-ils une cause ennemie ?"
Après une rapide enquête, les journalistes ont évidemment compris que les membres de cette secte ultra-minoritaire, qui accusent l’état juif moderne de tous les maux, y compris celui d’utiliser la Shoah à "but économique, militaire et médiatique", étaient cyniquement utilisés par les services de propagande iraniens.
Il n’en demeure pas moins que tous les services de rédaction digne de ce nom ont publié au moins une photo à sensation des affectueuses et touchantes effusions qui ont eu lieu entre le président iranien et les pitoyables représentants des Netourei Karta.
Un point fort pour le petit führer persan qui est ainsi parvenu à faire passer un nouveau faux message aux masses non éclairées…
Mais on se demande encore pourquoi ce rassemblement qualifié par le ministre des Affaires Étrangères iranien de 'forum scientifique' n’a pas autorisé les principaux intéressés à faire entendre leur voix.
Ainsi pour ce groupe de rescapés israéliens qui, avec l’assistance de l’Allemagne, a tenté de participer à cette conférence du mensonge dont l’accès leur a été refusé, en raison de l’origine de leur passeport.
De même pour Khaled Mahameed, avocat arabe israélien, fondateur du premier musée sur l’holocauste dans sa communauté.
"J’ai été déçu car je voulais assister à cette conférence afin de me confronter à ceux qui nient la Shoah". Ce dernier, qui défend l’idée que le conflit israélo palestinien ne pourra être résolu tant que les Arabes ne reconnaîtront pas l’Holocauste et ses conséquences, pense en outre qu’en tentant de nier ou de minimiser l’Holocauste, l’Iran fait du mal aux peuples qu’il prétend vouloir aider — les Palestiniens en "augmentant le sentiment israélien de persécution".
Alors que se tiendra ce jeudi 14 décembre à Yad Vashem un symposium intitulé 'La négation de la Shoah : paver la voie au génocide', auquel assisteront une quarantaine d’ambassadeurs étrangers en poste en Israël, on se demande, pourquoi 60 ans après, il nous encore expliquer que la négation du meurtre de six millions d’hommes de femmes et d’enfants revient à accepter l’idée que cela puisse un jour recommencer…
Commenter cet article