À territoire comparable, vous affirmez que, « en 20 ans, le nombre de loges et le nombre de frères ont été multipliés par 10 » A quoi attribuez-vous un tel dynamisme ?
Patrick Diebold : « Il y a plusieurs facteurs pour expliquer cette progression. Tout d'abord la volonté de nos instances de construire des temples, des lieux de rencontres convenables. Une volonté que l'on doit notamment à Jean-Charles Foellner, ancien Grand Maître qui, voici 25 ans, a créé une société anonyme ayant pour but la construction de temples. Dans un monde où la matérialité semble avoir pris le dessus, nos valeurs - l'humilité, la solidarité, la sagesse, l'humanité... - séduisent les personnes en quête de spiritualité. Enfin, révéler son identité de frère ne pose plus de problème. Par sa conduite exemplaire, chaque franc-maçon peut susciter une démarche spirituelle chez le profane ».
La multiplication des « affaires », dont celle de DCN que l'on juge actuellement, ne vous a donc pas nui ?
« Absolument pas. Je dirais même que, d'une certaine façon, la publicité qui a été faite autour de ces affaires nous a été salutaire. Cela nous a fait comprendre qu'il fallait qu'on communique davantage sur nos valeurs. Cette période coïncide donc avec la volonté d'ouverture aux médias de tous les grands maîtres provinciaux. Mais vous savez, l'institution maçonnique a plus de 300 ans. De par sa spiritualité, elle est parfaite. L'individu l'a compris et il ne positionne pas sa prise de conscience par rapport à l'attitude de tel ou tel frère ».
La GLNF en a donc terminé avec son grand nettoyage ?
« Plutôt que de grand nettoyage, je parlerais d'auto-nettoyage. Chaque frère impliqué dans une affaire sait qu'il doit démissionner immédiatement. Cela dit, s'il ne s'y résout pas, différents conseils se réunissent pour l'exclure ».
On a longtemps associé franc-maçonnerie et sphères politico-économiques. Qu'en est-il vraiment ?
« Pendant longtemps, la franc-maçonnerie a été réservée à une élite intellectuelle, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Elle s'est beaucoup démocratisée et est devenue un genre de grand melting-pot social. Maintenant, si vous sous-entendez que l'on pourrait venir à la franc-maçonnerie pour étoffer son carnet d'adresses, je vous arrête tout de suite. Ceux qui viennent y chercher des échasses pour des jambes trop courtes sont forcément déçus et ne restent pas longtemps. À la GLNF, on ne fait pas de politique. On ne participe pas, du moins directement, à la politique de la cité ».
Et votre rapport à la religion ?
« S'il est vrai que nous exigeons de nos frères qu'ils croient en dieu, au grand architecte de l'univers, nous ne discutons en revanche jamais de religion. Christianisme, judaïsme, bouddhisme, islam... toutes les confessions sont représentées à la GLNF. C'est cette acceptation qui participe au développement d'un terreau de tolérance, d'intelligence ».
Vous dites ne pas participer à la politique de la cité. La franc-maçonnerie n'est donc qu'une démarche personnelle, sans influence sur la société ?
« Pas du tout. La GLNF essaye de prolonger en France, comme dans le monde, les principes de
fraternité et d'humanisme qui lui sont chers. Un exemple : créée en 2002, Hôpital Assistance International est intervenue dans près de 140 pays. Elle assure la formation et le perfectionnement de
centaines de médecins, chirurgiens, infirmiers... Chaque année, son aide se chiffre également en milliers de tonnes de matériel médical et paramédical ».
Propos Recueillis Par P.-l. P.
Pour aler plus loin :
° L'article de Var Matin
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