Déléguée à la communication de la Grande Loge Féminine de France , Laure Caille animera deux rencontres, à Nouméa et à Koné, afin de lever le voile sur un pan de la franc-maçonnerie pas toujours bien connu du grand public.
Les Nouvelles calédoniennes : Pourquoi faire partie d’une obédience purement féminine ?
Laure Caille : Il y a des femmes qui ont fait le choix de la mixité. Nous, nous pensons que la prise de parole est encore monopolisée par les hommes, même s’ils ne s’en rendent pas vraiment compte. Nous ne sommes pas mixtes, dans le sens où nous n’initions pas d’hommes.
En revanche, nos portes leur restent grandes ouvertes s’ils veulent assister à l’une de nos rencontres.
Nous travaillons souvent avec nos « frères ».
En quoi consistent vos réunions, justement : sont-elles aussi mystiques qu’on l’imagine ?
La franc-maçonnerie n’a de secret que les secrets des expériences qui ne se partagent pas. Par exemple, si vous dites à quelqu’un, « explique-moi le goût d’un ananas », il vous répondra que c’est un fruit, que c’est sucré...
Mais toutes ces émotions ne sont pas partageables. En revanche, pour tout ce qui concerne les symboles ou l’histoire de la franc-maçonnerie, vous pouvez trouver ça n’importe où en librairie.
Il fut un temps
où il était nécessaire de se cacher. Ça remonte à pas plus tard que la Seconde Guerre mondiale, où nous étions pourchassés. Désormais, nous pouvons dire que l’initiation que nous proposons est un processus ritualisé.
Tout comme le sont le bac ou l’enterrement de la vie de garçon, qui sont eux aussi des rites de passage, finalement.
Il ne s’agit pas de messes noires mais de réunions qui ont lieu deux fois par mois, le soir, dans un temple spécialement aménagé. On y discute de questions symboliques, philosophiques ou sociales qui sont le reflet d’un engagement citoyen, capable d’améliorer la société. Seule la politique ou la religion ne doivent pas être évoquées.
Comment de simples discussions privées peuvent-elles concrètement améliorer le monde ?
La Grande Loge féminine de France n’est pas une société militante. Cependant, nous avons fait le constat qu’un vrai militantisme pour améliorer le monde ne peut se faire sans s’améliorer soi-même. Cette réflexion que nous menons dans les temples contribue à faire des femmes plus engagées,
en règle générale.
Des femmes qui ont le sens de la fraternité, que ce soit au sein de syndicats ou de partis. Toutefois, notre obédience peut très bien
se mobiliser dans des grands débats de société dès qu’il s’agit de défendre ce qui touche à la dignité humaine et, particulièrement, au droit des femmes.
Nous nous sommes ainsi associées à la lutte pour les femmes afghanes, ou, plus récemment, nous avons écrit au président de la République pour dénoncer ce réseau de prostitution organisé parallèlement à la Coupe du monde, en Allemagne.
Propos recueillis par Coralie Cochin
Source : Les Nouvelles Calédoniennes
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