Après les déclarations papales sur la réintégration programmée et voulue des catholiques intégristes, j'ai reçu beaucoup de mails qui posent la question de savoir si l'on peut encore être à la fois catholique et franc-maçon aujourd'hui.
J'avais déjà écrit sur ce bloc-notes quelques articles sur le sujet mais je vais donc essayer de "récapituler"...
J'allais dire, tout dépend d'abord de quel côté on se place.
Il convient de rappeler que du point de vue de la Franc-Maçonnerie, être catholique, être chrétien, ne pose aucun problème particulier et ce toutes obédiences confondues.
A titre d'exemple nous pouvons lire sur son site, le point de vue de la Grande Loge de France : http://www.gldf.org/rubrique.php3?id_rubrique=6#ancre10 :
"Faut-il croire en Dieu pour être Franc-Maçon ?"
" La Grande Loge de France travaille à la gloire du Grand Architecte de l’Univers, que nos rituels interprètent comme étant "un Principe Créateur". Les Maçons de la Grande Loge de France peuvent, dans leur for intérieur, appeler le Grand Architecte Dieu, Allah, Élohim, Principe Créateur, Etre Suprême, ou ce qu’ils désirent. Ils bénéficient ainsi d’une liberté absolue de conscience, car nul ne leur demande le sens exact qu’ils prêtent à cette formule. Il reste évident qu’il serait difficile de prétendre faire une recherche spirituelle si l’on ne croit pas à l’existence d’un monde spirituel.
"Est-il vrai que vous êtes excommuniés?"
" Nous n’avons jamais été excommuniés dans les faits, l’ancien droit canon étant presque toujours resté lettre morte en ce qui concerne la Grande Loge de France. D’éminents ecclésiastiques furent Maçons. D’ailleurs et depuis 1981, le nouveau droit canon ne mentionne plus du tout la Maçonnerie, seulement "les organisations qui oeuvrent contre l’Église", ce qui n’est pas du tout le cas de notre Grande Loge.
Voila du côté maçonnique. Du point de vue de l'église catholique il n'en est pas tout à fait de même.
Si des prélat avisés comme l'ancien évêque de Versailles (et bien d'autres heureusement) sont compréhensifs, il n'en reste pas moins que la position officielle de l'Eglise catholique reste la condamnation.
Le Concile de Vatican II a bien abolit le canon 23-35 qui condamnait la Franc-Maçonnerie en tant que telle.
La Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi s'est prononcée sur la Franc-Maçonnerie de façon récente en 1983. Rappelons qu'elle était alors présidée par un certain Cardinal Joseph Ratzinger.
La Sacrée Congrégation est très claire lors de sa déclaration du 26 novembre 1983. Il ne s'agit pas "d'excommunication" mais le fait d'être franc-maçon ne permet plus de recevoir la communions.
En voici le texte intégral à voir sur le site du Vatican : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations
/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_
19831126_declaration-masonic_fr.html
"DÉCLARATION SUR L’INCOMPATIBILITÉ ENTRE L’APPARTENANCE À L’ÉGLISE ET LA FRANC-MAÇONNERIE
On a demandé si le jugement de l’Eglise sur les associations maçonniques était changé, étant donné que dans le nouveau Code de droit canonique il n’en est pas fait mention expresse, comme dans le Code antérieur.
Cette Congrégation est en mesure de répondre qu’une telle circonstance est due au critère adopté dans la rédaction, qui a été suivi aussi pour d’autres associations également passées sous silence parce qu’elles sont inclues dans des catégories plus larges.
Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise.
Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion. Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus, dans la ligne de la déclaration de cette Congrégation du 17 février 1981 (cf. AAS 73, 1981, p. 240-241: DC 1981, n° 1805, p. 349.
Voir aussi la déclaration de l’épiscopat allemand du 12 mai 1980, DC 1981, n° 1807, p. 444-448).
Le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans l’audience accordée au cardinal préfet soussigné, a approuvé cette déclaration, qui avait été délibérée en réunion ordinaire de la Congrégation, et en a ordonné la publication.
A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 26 novembre 1983.
Joseph, card. RATZINGER, Préfet + Fr.
Jérôme Hamer, O.P.Secrétaire "
Opinion reprise d'ailleurs naturellement reprise - et c'est normal puisque c'est la position officielle de l'église catholique - par de nombreux évéques et prêtres, dont L'évèque du Puy-en-Velay à qui l'ont demandait si l'on pouvait être catholique et Franc-Maçon : la réponse est évidemment non : http://catholique-lepuy.cef.fr/evek/questions2a.htm
Voir également les textes condamnant la Franc-Maçonnerie sur d'autres sites catholiques, dont - au hasard - celui intitulé "Enseignements pontificaux sur la Franc-Maçonnerie": http://www.spiritualite-chretienne.com/Papes/franc-maconnerie.html
Bien entendu, le Benoît XVI d'aujourd'hui ne déjuge pas le Cardinal Ratzinger d'hier. Sa vision pour le moins traditionaliste du catholicisme (pour employer un doux euphémisme), le raidissement doctrinal de l'église catholique, commencé sous Jean-Paul II et continué sous Benoît XVI, n'incite pas à penser que l'église de Rome adoptera une position plus modérée dans les années à venir.
Néanmoins la position du Pape et de la hierarchie catholique n'est - fort heureusement - pas appliquée à la lettre et de nombreux catholiques - y compris pratiquants - sont francs-maçons.
Notons que du côté protestant la question ne s'est jamais posée en ces termes en France. L'Eglise Réformée de France comme la Fédération protestante de France ou l'Alliance Luthérienne n'ont jamais émis de condamnation de la Franc-Maçonnerie. Au sein du monde protestant, seuls quelques groupes maginaux (mais parfois virulents), issus du mouvement évangélique (à l'image de ce qui se passe aux Etats-Unis), condamnent la maçonnerie.
Il faut donc dire clairement que du côté des obédiences maçonniques la réponse est OUI, on peut être catholique et Franc-Maçon. On peut d'ailleurs être également protestant, juif, bouddhiste, musulman, hindouiste, agnostique, athée ou tout ce que l'on veut...
Le problème des croyances est laissé à la libre appréciation de chaque membre.
Pour aller plus loin :
° "Peut-on être chrétien et Franc-Maçon?", de Mgr Dominique Rey, sur ce site.
° Peut-on être chétien et franc-maçon? (suite), sur ce site.
° L'extrême-droite catholique anti-IVG va manifester devant le GODF, sur ce site.
° Protestantisme & Franc-Maçonnerie, sur ce site.
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Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
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Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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