Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Blog des Spiritualités

Le Blog des Spiritualités

Gnose, Esotérisme, Franc-maçonnerie, Hermétisme, Illuminisme, Initiation, Kabbale, Martinisme, Occultisme, Religions, Rose-Croix, Spiritualités, Symbolisme, Théosophie, et toutes ces sortes de choses...


A Genève, la trace toujours vivante de Calvin.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 25 Août 2007, 22:43pm

Catégories : #Protestantisme, #Calvinisme, #Calvin, #JeanCalvin

La-Croix-Geneve.gifLe journal La croix publie ce week-end  un 8 pages spécial sur Genève dans le cadre de la série publiée durant tout l'été sur les lieux spirituels.

Le titre du dossier est : Genève, au coeur de la Réforme.

Car Genève c'est évidemment Calvin.
 
Marie-Françoise Masson a écrit un très bel article : A Genève, la trace toujours vivante de Calvin.

Le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, le massacre de milliers de protestants commençait en France : Genève devint alors un refuge pour les persécutés. Jean Calvin avait déjà commencé à faire de cette métropole, qui avait adopté la Réforme en 1536, « la Rome protestante ». Les signes de cette histoire restent encore inscrits dans les pierres de la ville

Cath--drale-St-Pierre.jpgSur la place baignée de soleil, face à la cathédrale Saint-Pierre, Olivier Fatio est chez lui. Ce calme petit carré au sommet de l’ancienne partie fortifiée de Genève, combien de fois l’a-t-il foulé ?

Trente ans professeur d’histoire du christianisme à la Faculté autonome de théologie protestante de la ville, descendant de réfugiés venus d’Italie (une rue de la ville porte le nom d’un de ses ancêtres), marié à une théologienne appartenant à une très ancienne famille du lieu et qui fut la première femme à présider l’Église protestante de Genève, Olivier Fatio peut raconter non sans humour l’histoire de chaque monument qui porte dans la pierre la marque du calvinisme.

D’abord, il montre Saint-Pierre, cathédrale réformée la plus au sud d’Europe, dépouillée de ses ornements intérieurs (sauf les vitraux) : décors badigeonnés, pas de croix – car pour écouter la Parole de Dieu et l’étudier, rien ne doit troubler la concentration.

Puis il désigne au fond de la place ce petit immeuble qui fut, au XVIe siècle, rehaussé de deux étages pour accueillir les huguenots français fuyant les massacres. Il raconte l’histoire de cet hôtel particulier face à la cathédrale, édifié par l’amiral Duquesne qui mena à la victoire la flotte française mais qui, refusant d’abjurer le protestantisme, ne fut jamais récompensé par Louis XIV.

Musée international de la Réforme

Enfin, l’immeuble cossu le long de la place limitrophe de la Taconnerie, acheté par Tarentini, marchand de textile italien qui donna deux fils théologiens à la cité. Tout cela, ajoute-t-il, construit en modasse, une pierre du pays résistante comme ses habitants.

Mais l’objet principal de sa fierté est ce bel hôtel particulier, à gauche de la cathédrale. Il fut édifié par le banquier Mallet à la place du cloître où les habitants votèrent en 1536 le ralliement de la ville à la Réforme. Un élégant escalier en façade et, à l’arrière, une vaste porte cochère pour faire passer une voiture à cheval. Depuis deux ans, il abrite le Musée international de la Réforme, qui reçut cette année le prix du musée du Conseil de l’Europe.

Pourtant, lorsque Max Dominicé, figure éminente du protestantisme genevois et grand mécène, charge à la fin de sa vie Olivier Fatio de réaliser ce musée, ce dernier hésite. Un musée, ce n’est pas pour une religion. Une religion se vit.

"Rien de plus ennuyeux qu’un livre ouvert que personne ne lit"

Mais, il y a dix ans, il se laisse convaincre qu’il est temps de transmettre de cette façon certaines valeurs spirituelles qui, ici comme ailleurs, sont en train de se perdre. Il pense un temps s’installer dans l’auditoire Calvin, petite chapelle juste à droite de la cathédrale.

De style gothique très dépouillé, elle est devenue au XVIe siècle le rendez-vous des communautés de toutes langues pour prier et suivre l’enseignement des théologiens de la Réforme, Jean Calvin, John Knox, Théodore de Bèze, etc. Le musée ne s’est pas fait là. L’immeuble Mallet s’est libéré.

Comment rendre attrayant un lieu d’identité spirituelle avec des milliers de documents et de verdâtres portraits d’ancêtres ? Rien de plus ennuyeux, se dit-il, qu’un livre ouvert que personne ne lit. Alors, il a voulu un musée amusant, joli et élégant, que l’on gère, certes, avec une prudence toute calviniste, mais sans rechigner à la dépense sur le beau.

Un musée où l’on ne peut tout expliquer et où, après quarante ans d’œcuménisme, on ne dresse pas le procès des autres traditions religieuses : dans une salle, une série de caricatures anticatholiques en côtoient d’autres antiprotestantes.

L’argent – car l’entreprise est privée – a été collecté auprès des riches familles protestantes de la ville, à commencer par la célèbre banque Pictet. La tradition de générosité n’est pas perdue, ici. Car si les entrées couvrent plus du tiers des dépenses du musée, il faut toujours faire appel au mécénat.

25 000 visiteurs par an

Une petite équipe a travaillé dans l’enthousiasme. C’est Olivier Fatio, par exemple, qui a eu l’idée de la salle du banquet théologique pour expliquer le thème si difficile de la prédestination, abandonné au fil du temps par la pensée réformée : dix assiettes y parlent chacune au nom d’un convive qui défend un point de vue.

L’ensemble a attiré des personnalités aussi diverses que le patriarche orthodoxe de Constantinople ou Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, qui a choisi Genève pour sa retraite. Et, bien sûr, les deux inspecteurs du Conseil de l’Europe, un Russe athée et un Néerlandais catholique.

Isabelle Graesslé, à qui Olivier Fatio a passé le flambeau (même s’il aide toujours à trouver des fonds), montre avec fierté et rire dans la voix le prix européen obtenu : la statue de Juan Miro La Femme aux beaux seins trône à l’entrée du musée ! Née à Strasbourg, l’actuelle directrice, pasteure qui a fait ses études théologiques à Genève, considère ce musée un peu comme son jeune enfant qu’il faut encore aider à grandir.

Pour mieux informer les 25 000 visiteurs par an qui viennent de partout. Une famille centrafricaine, un couple londonien, deux Sri-Lankais et un Américain de Grand Rapids (Michigan) étaient présents ce jour-là.

Chaise-de-Calvin.jpgTous sont d’abord allés à la cathédrale, pour voir la chaise de Calvin et surtout s’arrêter devant la chaire d’où il faisait ses prédications chaque dimanche. Le musée est venu s’ajouter à ce qui est pour eux une forme de pèlerinage. À la boutique, l’un a acheté une bière Calvinius, une autre une croix de Pentecôte, et un troisième a préféré une statue de Calvin.

Un lieu de pédagogie

Dehors, la famille Singh, les parents et leurs deux fillettes venus de Delhi, ne sait que faire. Dominique et Nathalie, au guichet, leur expliquent que la visite du musée demande un peu de temps et que, du sous-sol, ils peuvent joindre à cette visite celle du site archéologique sous la cathédrale. Un site gigantesque, où l’on peut suivre les premiers siècles de la chrétienté.

Le salon de l’évêque avec une mosaïque du IXe siècle, les restes de deux sanctuaires construits côte à côte, l’un pour les catéchumènes, l’autre pour les baptisés. Avec, entre les deux, les bassins encore visibles pour le baptême, un pour les hommes, un autre pour les femmes. Va pour l’ensemble, musée et archéologie !

Un groupe de Français avec de jeunes enfants préférera partir à l’assaut des 157 marches de la tour nord de la cathédrale pour voir le panorama et admirer Constance, la plus grosse cloche du lieu.

C’est également aux fidèles réformés locaux que le musée, lieu de pédagogie, est destiné. De plus en plus de classes du canton de Genève y viennent. Isabelle Graesslé raconte avec tendresse la visite du petit Jonas, revenu seul au musée après un premier parcours en groupe.

Il voulait tant revoir la bible cachée dans l’âtre, comme le faisaient les protestants français qui ne voulaient pas risquer d’être arrêtés. La directrice, intarissable, évoque aussi les adultes qui restent des heures dans le cabinet à musique à écouter les psautiers de leur enfance.

Ou ceux-là encore qui se penchent sur le registre de la compagnie des pasteurs pour déchiffrer les délibérations enregistrées depuis l’origine. Sans oublier ce chercheur resté une demi-journée dans la salle de la guerre des religions du XVIe siècle à examiner un à un les documents les plus violents du lieu.

Isabelle Graesslé sait que ce musée n’est pas parfait. Qu’il faut donner plus de place à toutes les formes de protestantisme dans la salle du XXe siècle. Les gens sont en recherche spirituelle, il faut traduire cette attente. Mais, ajoute-t-elle, « la force du protestantisme, c’est l’étude des textes, et il est difficile de la rendre visible. Pour nous, il n’y a pas de lieu sacré, le sacré est en soi. Ce sont des moments. » Comme ici.

Marie-Françoise MASSON

Pour aller plus loin :
°
Musée International de la Réforme
° Cathédrale Saint-Pierre de Genève

Genève, 2 000 ans d'histoire :

Genève est la première capitale du royaume burgonde.

1032 :la ville est rattachée au Saint Empire romain germanique.

1160 :début de la construction de la cathédrale Saint-Pierre.

1387 :octroi par l’évêque d’une charte de franchise aux citoyens genevois.

1536 :adoption de la Réforme par le conseil général de la ville.

1541 :Calvin est rappelé à Genève, où il s’installe définitivement.

1559 :fondation de l’académie de Genève, qui préfigure l’actuelle université.

1602 :échec de l’escalade tentée par Charles Emmanuel de Savoie contre Genève. L’année suivante, l’indépendance de la République de Genève est reconnue.

1685 :révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV. De nombreux huguenots français se réfugient à Genève.

1752-1756 :construction du portique de la cathédrale.

1792 :invasion de la Savoie par les armées révolutionnaires françaises.

1798 :Genève est annexé à la France et devient le chef-lieu du département du Léman.

1813 :les Français, vaincus, quittent Genève où la République est restaurée.

1814 :la diète vote l’entrée de Genève dans la Confédération helvétique.

1848 :constitution fédérale de la Suisse.

1907 :séparation de l’Église et de l’État dans le canton de Genève.

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

Commenter cet article

R
Merci de m'avoir fait découvrir ce bel article
Répondre

Archives

Articles récents