Exposition Corita Kent la révolution joyeuse au Collège des Bernardins du 9 octobre au 21 décembre 2024.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 11 Novembre 2024, 08:30am

Catégories : #CoritaKent, #CollègedesBernardins

Exposition Corita Kent la révolution joyeuse au Collège des Bernardins du 9 octobre au 21 décembre 2024.

Le collège des Bernardins consacre une exposition à Corita Kent.

Pour les lecteurs de ce blog, qui était Corita Kent ?

Sœur Corita Kent, née Frances Elizabeth Kent le 20 novembre 1918 à Fort Dodge, dans l'Iowa, et décédée le 18 septembre 1986 à Boston, est une artiste et éducatrice américaine, dont les œuvres allient spiritualité et messages sociaux. Religieuse de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (IHM) à Los Angeles, elle devient une figure majeure de l'art pop et du mouvement de contre-culture des années 1960, apportant une approche unique à l'art religieux et social de son époque. Sa démarche artistique se distingue par l’utilisation de la sérigraphie, une technique populaire dans le mouvement pop art, à travers laquelle elle exprime des idéaux de paix, d’amour et de justice sociale, souvent influencés par des messages bibliques et des slogans publicitaires.

Jeunesse et vocation religieuse

Frances Elizabeth Kent grandit dans une famille modeste, avec une foi catholique forte qui influence toute sa vie. Elle entre au couvent des Sœurs du Cœur Immaculé de Marie à l'âge de 18 ans et prend le nom de Sœur Mary Corita. Elle poursuit ses études, obtenant une licence en 1941 au sein de l’ordre religieux, puis une maîtrise en art à l'université de Californie du Sud en 1951. Son éducation artistique se développe dans un cadre religieux, mais elle est également influencée par les courants artistiques contemporains et la culture populaire.

Carrière artistique et enseignement

Sœur Corita commence à enseigner l’art au Immaculate Heart College, un établissement géré par son ordre à Los Angeles. Ses méthodes d'enseignement deviennent rapidement célèbres pour leur nature novatrice et inclusive. Plutôt que de se limiter à des perspectives académiques traditionnelles, elle encourage ses élèves à penser de manière critique, à s’engager dans des débats sociaux et à explorer l’art sous tous ses angles, incluant la poésie, la philosophie et les médias. Sous sa direction, le département d’art de l’Immaculate Heart College devient un centre d’avant-garde artistique, attirant des artistes renommés comme Charles et Ray Eames, John Cage, et Alfred Hitchcock.

Style et engagement dans le Pop Art

Dans les années 1950 et 1960, Sœur Corita développe un style unique de sérigraphie colorée, une technique permettant des impressions rapides et multiples, en parfaite adéquation avec son style audacieux et engagé. Elle puise son inspiration dans la culture pop, notamment les slogans publicitaires et les enseignes commerciales qu’elle réutilise pour transmettre des messages de paix, d'amour et d'engagement social. Cette réappropriation des slogans publicitaires et des références culturelles modernes se fait souvent à travers un prisme religieux et spirituel. Par exemple, elle modifie des slogans de grandes marques pour introduire des éléments de réflexion spirituelle et sociale, renversant ainsi le message commercial en une forme de méditation artistique.

Ses œuvres les plus célèbres incluent des phrases comme « Make love, not war » et des paroles inspirées par des figures sociales et spirituelles de son temps, comme Martin Luther King Jr. (l'une de ses œuvres, Love your brother (1969), représente des photographies de Martin Luther King Jr. recouvertes d'une phrase manuscrite : « The king is dead. Love your brother » (« Le roi est mort. Aime ton frère »). Il s'agit de l'une de ses œuvres les plus importantes, qui présente ses opinions politiques et sa vision de la nature humaine). et des versets bibliques. L’art de Sœur Corita est caractérisé par des couleurs vives, des compositions dynamiques, et des textes imprimés en lettres majuscules. Elle utilise souvent des citations de sources diverses, de la littérature à la musique pop, fusionnant des éléments sacrés et profanes dans des œuvres iconoclastes.

La période de contestation et l’influence du Concile Vatican II

Dans les années 1960, le Concile Vatican II introduit de nombreuses réformes dans l’Église catholique, prônant une approche plus ouverte et moderne du catholicisme. Sœur Corita et les sœurs de son ordre se montrent enthousiastes pour ces changements, mais ce progressisme suscite également des tensions avec la hiérarchie ecclésiastique, notamment en raison des critiques ouvertes de Sœur Corita envers la guerre du Vietnam et les inégalités sociales. Les messages pacifistes et les appels à la justice sociale dans son art et dans son enseignement deviennent de plus en plus explicites, à un moment où les États-Unis traversent des conflits politiques et sociaux majeurs.

Les tensions grandissent avec l’Église, et en 1968, Sœur Corita décide de quitter la vie religieuse. Elle déménage à Boston pour se consacrer pleinement à son art. Elle abandonne alors le voile, mais poursuit son travail avec un engagement spirituel profond, continuant de créer des œuvres inspirées par son idéal de paix et de solidarité humaine.

Dernières années et héritage

Après avoir quitté la vie religieuse, Corita Kent poursuit sa carrière artistique et s’installe à Boston, où elle continue à produire des œuvres marquantes. En 1971, elle est diagnostiquée avec un cancer, mais elle continue de travailler malgré la maladie. Jusqu'à sa mort en 1986, elle crée des œuvres qui reflètent son inlassable quête de beauté, de justice et de compassion.

Le travail de Corita Kent est aujourd’hui reconnu comme pionnier et influent. Bien qu’elle ait été quelque peu éclipsée par des figures masculines du pop art, elle est de plus en plus reconnue pour son apport unique à l'art et à la spiritualité contemporaine. En effet, l’œuvre de Sœur Corita est célébrée pour sa capacité à marier l’art visuel, la foi et la critique sociale, tout en demeurant accessible et ancré dans la culture populaire.

L’impact de son héritage

Corita Kent est aujourd’hui une icône de l’art engagé, et son travail est exposé dans de nombreux musées prestigieux tels que le Museum of Modern Art (MoMA) à New York et le Hammer Museum à Los Angeles. Son art, qui continue d’inspirer des artistes, des militants et des enseignants, témoigne de son engagement visionnaire pour une société plus juste et pacifique. Elle a laissé un héritage à travers lequel la spiritualité, l’art et l’activisme social se rejoignent pour encourager le dialogue et la réflexion.

Sœur Corita Kent est ainsi un modèle de courage et de créativité, démontrant que l’art peut être un puissant moyen de transformer la société et de toucher les cœurs, même au-delà des frontières temporelles et religieuses.

L'exposition qui lui est consacrée au Collège des Bernardins est donc à voir absolument.

Jean-Laurent Turbet

Le mot du Collège des Bernardins :

Le Collège des Bernardins accueille "Corita Kent. La révolution joyeuse", première exposition en France dédiée à l'artiste américaine Corita Kent (1918-1986) connue sous le nom de Sister Mary Corita. Son œuvre est à l'image de son parcours atypique : à la fois audacieuse, militante et pédagogue. À travers le regard de Corita Kent, c’est une époque à redécouvrir, celle des États-Unis des années 1950 à 1980.

La réservation d'un billet est obligatoire.

« Corita Kent. La révolution joyeuse » réunit plus de trente œuvres d’art originales de l'artiste américaine Corita Kent (1918-1986), présente une installation de Catching Sight, de la série d’expositions du Corita Art Center, comprenant une sélection de diapositives 35 mm rarement vues réalisées par Corita Kent, ainsi qu’un important dispositif présentant son travail, sa vie, son œuvre.‍

‍La sérigraphie, un médium artistique au service de l’amour et de la foi

Corita Kent fait le choix de la technique de la sérigraphie, qu’elle contribue à faire reconnaître comme un médium artistique à part entière. Ainsi, ses créations transmettent au plus grand nombre ses messages d'amour et de foi. Ses sérigraphies, audacieuses et colorées, combinent des images tirées de la publicité et de journaux avec des textes allant de versets bibliques à des slogans, des paroles de chansons et de la littérature. Dans le contexte des années 1960 et 1970, l’émancipation de la jeunesse, l’affirmation des mouvements féministes, l’émergence des courants de la contre-culture artistique américaine, la profusion des codes de la société de consommation sont pour Corita Kent des sources d’inspiration. Au cours des années 60, son travail se teinte d'un engagement plus politique, incitant les spectateurs à réfléchir à la pauvreté, au racisme, à la guerre et aux injustices sociales.

Son parcours personnel et un nouveau langage graphique

Cette exposition revient sur son parcours personnel, ses engagements et le nouveau langage graphique que l’artiste a lancé. "Corita Kent. La révolution joyeuse" revient aussi sur les "Mary's Day", journée de Marie de l'Immaculate Heart College, l'école dont Corita Kent a dirigé le département artistique. Sa vision extraordinaire et ses compétences artistiques en tant qu'enseignante ont contribué à transformer le petit campus en un haut lieu dynamique de l'innovation artistique et en un modèle singulier d'engagement communautaire et social.

Le contenu de l’exposition

Grâce à la collaboration avec le Corita Art Center, une trentaine d’œuvres originales de ses productions sérigraphiques seront exposées. Cette technique, érigée en médium artistique, lui permet en effet une reproduction en masse de ses visuels et de ses messages de paix. La sélection de photographies, diffusée grâce à des visionneuses de diapositives, dans le respect des consignes laissées par Corita Kent, sont prises principalement par Corita entre 1955 et 1968. Ces photographies rares donnent un aperçu de sa vie et de sa pratique artistique alors qu'elle était professeur et directrice du département d'art du Collège du Cœur Immaculé, et documentent l'histoire peu connue de la communauté d'étudiants, d'enseignants et de l'Ordre du Cœur Immaculé de Marie qui ont appris et enseigné dans ce collège autrefois renommé.

Une femme ancrée dans la société américaine

Lieu de dialogue avec les courants intellectuels et artistiques de la société et de son époque, le Collège des Bernardins accueille l’exposition de cette femme ancrée dans la société américaine et dans l’Église de la seconde moitié du XXème siècle. Comme les moines cisterciens du XIIIème siècle venus s’installer au Collège des Bernardins pour être au milieu du monde et de ses questionnements, Corita Kent a embrassé son époque, qu’elle aborde avec l’espérance chrétienne et joyeuse.

Comité scientifique de l’exposition

Sur une proposition de Nicolas de Palmaert.

Commissariat de l’exposition : Clara Murawiec et Juliette Oudot, designers graphiques, diplômées de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD)

Conseiller scientifique : Laurent Ungerer, professeur à l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD)

Scénographie : Nicolas et Agnès de Palmaert, Atelier des Palmar

Direction artistique du Collège des Bernardins : Pierre Korzilius

Comité du Corita Art Center

Nos partenaires

Cette exposition est possible grâce au partenariat avec le Corita Art Center de Los Angeles, Californie. Il conserve la plus grande et la plus complète collection d'œuvres d'art et d'archives de Corita Kent (30 000 œuvres d'art, documents d'archives et objets).

Le partenariat avec l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), témoigne de la place accordée aux dimensions graphiques de son œuvre et à la dimension pédagogique de son enseignement.

Camille Baudelaire, enseignante, Design graphique, École des Arts Décoratifs

Aurélie Mathigot, enseignante, Design Textile et Matière, École des Arts Décoratifs

Isabelle Rodier, enseignante en Design Textile et Matière, École des Arts Décoratifs

‍Une exposition au cœur du Festival des Bernardins « Ora et Labora »

L’exposition “Corita Kent. La révolution joyeuse” est également au cœur du Festival des Bernardins OPUS 6, Ora et labora, qui propose en plus de l’exposition des conférences, des projections de films, des concerts et des ateliers Jeune public sur le thème de l’amour, de la joie, de la guerre...

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Corita Kent. La Révolution Joyeuse

https://www.collegedesbernardins.fr/agenda/corita-kent-la-revolution-joyeuse

L'exposition au Collège des Bernardins

Signs of Hope: The Revolutionary Art of Sister Corita Kent

Signs of Hope: The Revolutionary Art of Sister Corita Kent : Rockliff, Mara, Sweet, Melissa: Amazon.fr: Livres

https://www.amazon.fr/Signs-Hope-Revolutionary-Sister-Corita/dp/1419752219

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