The Three Distrinct Knocks : Les trois coups espacés. Edition bilingue, traduction et présentation de Philippe Langlet. Indispensable !

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 8 Août 2022, 16:21pm

Catégories : #Livre, #Langlet, #PhilippeLanglet, #Histoire, #Symbolisme, #TDK, #Anciens, #REAA

The Three Distrinct Knocks : Les trois coups espacés. Edition bilingue, traduction et présentation de Philippe Langlet. Indispensable !

C'est tout simplement un bijou, un livre essentiel, incontournable que je tiens dans la main. J'aurais dû vous en parler bien plus tôt mais le temps m'a manqué pour faire des recensions de livres. Et c'est bien dommage.

Il s'agit d'une édition bilingue avec une nouvelle traduction d'un livre paru originellement en 1760 et qui s'intitule en anglais "The Three Distinck Knock", que l'on traduit usuellement par "Les Trois Coups Distincts".

Philippe Langlet nous propose aujourd'hui une nouvelle traduction du titre : "Les Trois Coups Séparés". Il s'en explique d'ailleurs dans le corps du livre :

Les coups sont espacés car au Rite Moderne les trois coups sont ** * (soit deux + un) et au Rite Ancien les trois coups sont * * * (soit trois coups espacés).

Car il s'agit bien ici de la présentation du Rite des Anciens.

En 1730, un maçon renégat du nom de Samuel Pritchard avait révélé les secrets de la maçonnerie dite des Modernes dans son ouvrage intitulée "Fremasonry Dissected".

30 ans après - en 1760 - un auteur anonyme (mais nous y reviendrons) divulgue les secrets de la « Grande Loge de la très ancienne et honorable fraternité des maçons francs et acceptés » créée en 1751 dite Maçonnerie des Anciens, par des francs-maçons irlandais hostiles aux "Modernes".

En 1756, Laurence Dermott, grand orateur de la Grande Loge des Anciens publie en 1756 un pamphlet intitulé "Ahiman Rezon" sorte de nouvelles constitutions pour les Anciens, comme une réécriture des Constitutions d'Anderson publiées en 1723 pour les Modernes.

En 1760 grâce à cet auteur encore inconnu nous découvrons les multiples particularité de cette maçonnerie des Anciens et tout d'abord la disposition de la loge qui diffère de celle des Modernes.

Nous voyons bien la place des Surveillants (Senior et Junior Warden) des diacres (Deacons) et passé Vénérable Maître.

Les place des Surveillants sont différentes de leurs places dans une loge des modernes.

Le livre en lui-même est composé de trois parties : 1) une dédicace, 2) un rituel 3) un longue liste de loges.

Et son auteur ? Lisez toutes les déductions de Philippe Langlet pour tenter d'approcher son identité. Il est brandebourgeois (c'est à dire qu'il habite Berlin ou à côté) qu'il apprend l'anglais pour aller en Angleterre mais que visiblement il connaît le français avant de se rendre en France (puisqu'il n'a pas besoin d'apprendre cette langue qui lui est familière).

Il est donc probable qu'il soit calviniste, descendant de huguenots français installés à Berlin après la Révocation de l'Edit de Nantes (ils sont fort nombreux....). Il a par ailleurs été initié dans une loge des Modernes avant de rejoindre une loge des Anciens dont il indique du coup les différences et les ressemblances avec les loges des Modernes (puisqu'il connaît les deux pratiques).

L'auteur indique avoir pratiqué les rituels des loges française, puis des loges "modernes" avant de fréquenter des loges "peuplées d'irlandais".

Il est a noté que Laurence Dermott est encore présenté (à tort) souvent comme un "catholique irlandais". Or tous les chercheurs contemporains sont d'accord pour voir en lui un protestannt, marié à une protestante, dont les enfants sont protestants et qui est enterré dans un cimetière protestant (ça fait tout de même beaucoup pour un "catholique").

Car souvent en France lorsqu'on parle de "chrétien" on pense catholique. Alors de Dermott, comme d'ailleurs l'auteur de FMD sont bien sûr profondément chrétiens mais... protestants. Cet aspect chrétien que l'on retrouve dans la Maçonnerie des Anciens :

Une des caractéristiques de la Maçonnerie des Anciens est son attachement à Saint Jean, l'Apôtre Jean, le disciple que Jésus aimait.

La encore nous pouvons y voir une convergence importante avec notre Rite Ecossais Ancien et Accepté (qui dans son intitulé a le mot "Ancien" comme cela ne vous aura pas échappé).

Il est a noter que l'auteur de TDK est modéré dans la comparaison entre "modernes" et "anciens" et d'ailleurs il critique vertement Laurence Dermott qu'il juge trop polémique à son goût. Il est vrai que Dermott était volontiers excessif.

Philippe Langlet, fort justement poursuit : " Lorsque l'auteur explique à ses lecteurs qu'il a été invité à participer aux travaux de loges "anciennes" d'Irlandais, comme il l'avait préalablement été à ceux de loges "modernes" d'Anglais, il ne nous révèle aucune exclusive dans la reconnaissance d'un Maçon dans l'une ou l'autre tradition rituelle. Jamais il ne dit avoir été refusé dans une Loge à cause de la Loge dont il venait. Jamais il ne dit non plus que les loges "modernes" ou "anciennes" sont, les unes régulières, les autres non. La liste qu'il donne à la fin du livre est celle de "Loges régulières", où l'on trouve des Loges des deux courants rituels, en une seule liste. Régulières certes, mais par rapport à quoi ? Son entrée dans la Loge des "anciens" n'a pas donné lieu non plus à une ré-initiation, pour employer ce néologisme et ce barbarisme rituel. Reçu une fois, Maçon toujours. On l'a considéré comme Maçon à part entière, donc régulier. Il ne laisse pas soupçonner un seul instant qu'on lui a demandé d'être initié à nouveau, à la mode "ancienne", cette fois. Il semble que la querelle des anciens et des modernes n'était pas aussi forte qu'on a bien voulu le dire dans toutes les Loges et dans tous les esprits, d'où sans doute cette critique de Dermott. C'est peut-être une querelle de nos contemporains, assoiffés de régularité" (pages 30 et 31).

Et puis il ne faut pas oublier que cette "querelle" se résoudra en 1814 par la fusion des deux Grandes Loges dans la Grande Loge Unie d'Angleterre. Il est à noter que l'Emulation Lodge, qui aura la charge de créer le nouveau rituel d'unification prendra de très nombreux emprunts au Rituel des Anciens.

Le Rite anglais de style Emulation est proche du rite des Anciens.

Tout comme notre Rite Ecossais Ancien et Accepté qui a su garder à la fois l'intense spiritualité et le caractère initiatique du Rite des Anciens tout en gardant son ouverture d'esprit et sa tolérance. Telle que nous la découvrons dans ce livre.

Merci à Philippe Langlet pour ce travail magnifique et précieux qui nous permet (par cette édition bilingue) de vraiment connaître ce Rite des Anciens, au delà des clichés et des idées reçues véhiculées par ceux qui - visiblement - n'avaient pas lu le livre et en parlaient par ouïe dire.

Un livre donc tout à fait indispensable dans votre bibliothèque maçonnique, notamment pour ceux qui pratiquent le Rite Ecossais Ancien et Accepté mais aussi les rites anglo-saxons comme le rite anglais de style Emulation, le Rite d'York (américain) ou le Standard d'Ecosse.

Il ne vous reste donc plus qu'à vous précipiter chez votre libraire favori (solution vivement recommandée) ou de vous procurer le livre en ligne.

Bonne lecture !

Jean-Laurent TURBET

Les trois coups espacés

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