Le premier ministre, Dominique de Villepin, s'est "réjoui" de son extradition et le garde des sceaux, Pascal Clément, s'est satisfait de l'issue d'un dossier conclu au terme de neuf procédures qui avaient envenimé les relations judiciaires franco-anglaises, les juges londoniens suspectant les Français de mauvais traitements à l'égard des détenus islamistes. Le ministre de la justice britannique, Charles Clarke, s'est entretenu, jeudi soir, au téléphone avec son homologue français pour le féliciter. Le sujet de l'extradition de Rachid Ramda avait fait l'objet d'une conversation entre les deux hommes en marge du sommet du G8, au printemps.
Les autorités françaises avaient aussi modifié leur position. Le 17 novembre, lors de l'audience de la Haute Cour de Londres, qui examinait un ultime recours de Rachid Ramda contre son extradition, elles s'étaient fait représenter, pour la première fois depuis 1995, par un avocat anglais.
Rachid Ramda était sous le coup de quatre mandats d'arrêt internationaux lancés par la France ; l'un d'entre eux concernait l'attentat du 25 juillet 1995 dans la station RER de Saint-Michel, qui avait provoqué la mort de huit personnes. Interpellé à Londres le 4 novembre 1995, il avait été incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh. Sa situation était jugée d'autant plus absurde par les enquêteurs français qu'eux-mêmes et leurs collègues britanniques disposaient d'une preuve matérielle de l'implication de Rachid Ramda dans le financement des islamistes. La police française avait découvert dans un appartement parisien un document de transfert de devises à destination de Boualem Bensaïd, considéré comme le responsable opérationnel des attentats. Un peu plus tard, la police anglaise avait saisi, à Londres, le bordereau d'envoi des fonds — environ 38 000 francs —, sur lequel figuraient les empreintes de Rachid Ramda.
"Un telle bataille acharnée pour une extradition ne sera désormais plus possible, espère la présidente de SOS-Attentats, Françoise Rudetzski, qui dit attendre désormais le procès, qui pourrait se tenir avant l'été. Les familles des huit morts de Saint-Michel sont restées mobilisées, car des questions restent posées : d'où venait l'argent envoyé à Boualem Bensaïd ? Qui était le donneur d'ordre ? Quelle était la motivation de ces attentats ?" Selon Mme Rudetzski, certaines victimes se sont toutefois découragées devant la longueur de la procédure. "Depuis la mise en oeuvre du mandat européen, conclut-elle, il y a un véritable mieux."
Pascal Ceaux
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