La création d'une nouvelle Loge est toujours un moment émouvant et important.
Ce fût encore le cas ce jeudi 30 janvier 2020 au soir dans le Temple Franklin Roosevelt de la Grande Loge de France avec l'intégration de la Loge Albert Camus N°1603 au sein de la fédération de la Grande Loge de France.
Pourquoi ne pas parler simplement de création ? Tout simplement parce que la loge se créé avant. Et puis ensuite cette loge demande à rejoindre la fédération de loges de la Grande Loge de France. La Grande Loge de France est en effet une fédération de loges. Chaque loge élit un député, c'est à dire son représentant, qui représente la loge lors des assemblées générales des représentants de toutes les loges de la Fédération, que sont les tenues de Grande Loge et le Convent.
La Grande Loge de France est donc une association totalement démocratique puisque toutes les décisions sont votées par les représentants des loges.
Une nouvelle loge de la Grande Loge de France est donc née hier soir. La Loge au titre distinctif d'Albert Camus et qui prend le N°1603 dans la matricule de la GLDF.
Cette loge est composée de 18 frères fondateurs dont 12 viennent de la RL Jean-Théophile Désaguliers N°972. Elle se réunira à l'avenir à Boulogne-Billancourt le jeudi.
C'est le Grand-Maître de la Grande Loge de France, Pierre-Marie ADAM qui a lui-même dirigé la cérémonie d'intégration, accompagné d'une forte délégation du Conseil Fédéral.
De nombreux frères venus de de nombreuses autres loges étaient également présents pour soutenir fraternellement les frères d'Albert Camus en ce jour mémorable. On a notamment remarqué la présence de Jean-Claude Hertz, ancien Grand Chancelier de la Grande Loge de France.
Le Grand-Maître a installé le Vénérable Maître de la Loge, Pierre Zaleman, son collège des officiers et tous les frères ont prêté serment de fidélité à la Grande Loge de France et ont signé personnellement leur obligation.
Le Vénérable Maître Pierre Zaleman a rappelé dans son allocution que "pour beaucoup d'hommes et de femmes de ma génération, Camus est l'un des penseurs les plus écoutés et compris. Nombreux sont encore ceux qui ressentent l'authenticité de son message".
Il note que "les frères fondateurs de cette loge restent conscient de l'importance initiatique du Rite, selon la Tradition, ils sont donc en quête de Vérité. Cette Vérité, quelle que soit son origine, métaphysique, spirituelle ou psychologique, chacun devrait pouvoir l'exprimer et la rechercher selon son intime conviction. La loge reste toujours ainsi le lieu où s'affirment la tolérance, la transcendance, et la liberté, concepts dont nous aurons la charge d'expliciter le contenu et le sens"
Le Grand Maître Pierre Marie Adam a - lors d'une intervention très émouvante - dit toute la joie de recevoir une nouvelle loge parmi la fédération et toute l'estime qu'il porte aux frères fondateurs. Il a également rappelé la grande convergence entre la pensée et les valeurs défendues par Albert Camus et celles de la Grande Loge de France. Et la joie d'avoir une loge qui porte son nom à la Grande Loge de France.
Pierre Zaleman a cité la dernière phrase du Mythe de Sisyphe d'Albert Camus (ce merveilleux livre écrit pendant la guerre en 1942 dans le quel il dit notamment que le sens de la vie est la plus pressante des questions) : "Il faut imaginer Sisyphe heureux".
Hier soir il y avait de très nombreux frères heureux hier soir pour assister à la naissance de la Loge Albert Camus. Qu'elle ait une belle prospérité et postérité !
Jean-Laurent Turbet
Michel Fagebaume, créateur de la Loge Albert Camus 1603 et Pierre Zaleman, Vénérable Maître, entourent Pierre-Marie-Adam, Grand Maître de la Grande Loge de France.
Albert Camus, l'écrivain engagé.
Nous commémorons cette année les 60 ans de la mort d'Albert Camus (7 novembre 1913 - 4 janvier 1960). De nombreux magazines (notamment littéraires) lui ont consacré des hors séries ou des numéros spéciaux.
Comment définir Camus ? Il est à la fois écrivain, journaliste, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et fut un vrai Résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale. En fait, Camus est un homme libre.
Il naît dans un milieu très modeste en Algérie. Son père est tué en octobre 1914. Sa mère en partie sourde, ne sait ni lire ni écrire. C'est grâce à son instituteur, Louis Germain (à qui il dédiera son discours du prix Nobel), qu'il peut faire des études, passer son bac et entrer en classe de philosophie. Il obtient son diplôme d’études supérieures en Lettres, section philosophie, en 1936, en présentant un mémoire portant sur les pensées de Plotin et Augustin d'Hippone.
Il est aussi un excellent gardien de but au football.
Proche un temps du Parti Communiste, il entre dans la Résistance durant la Guerre. Il est à Paris et travaille comme journaliste à Paris-Soir. Il publie l'Etranger et le Mythe de Sisyphe en 1942. En 1943, il devient lecteur chez Gallimard et prend la direction de Combat. Les pièces de théâtre, Le Malentendu et Caligula en 1944.
En 1947, c'est le succès littéraire avec le roman La Peste, suivi deux ans plus tard, en 1949, par la pièce de théâtre Les Justes.
Il rompt avec Jean-Paul Sartre en 1952 et proteste contre la répression sanglante des révoltes de Berlin-Est (juin 1953) et contre l'intervention soviétique à Budapest (octobre-novembre 1956).
En 1956, il publie La Chute, livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme.
Le prix Nobel de littérature lui est décerné le 16 octobre 1957.
Il meurt le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture alors que Michel Gallimard est au volant.
Il reste comme celui qui a choisi la liberté et qui a lutté contre tous les totalitarisme.
Albert Camus s'est marié deux fois. En 1934 à Simone Hié puis en 1940 à Francine Faure (1914-1979) avec qui il aura deux enfants, des jumeaux Catherine et Jean, nés en 1945.
Sa fille Catherine, dira des amours de son père et de sa relation avec sa mère : « Je sais seulement qu'elle [Francine Faure] l'a toujours aimé. Et lui [Albert Camus], je pense, aussi. Il y a eu d'autres femmes, et d'autres amours. Mais il ne l'a jamais laissée. […] Elle, elle m'a dit qu'ils s'étaient toujours aimés, et que cela n'avait jamais été médiocre. »
Albert Camus entretient une relation passionnée avec Maria Casares (1922-1996) qu'il appelle "l'Unique". Rencontrée en 1944 chez Michel et Zette Leiris ils deviennent amants le 6 juin 1944. Maria Casares quitte Albert Camus en 1945 au retour de son épouse d'Algérie. Ils se retrouvent par hasard en 1948 et ne se quitteront plus jusqu'à la mort d'Albert. Ils vivront un amour passionné.
Les lettres échangées entre Albert Camus et Maria Casares ont fait l'objet d'une publication sous forme de livre intitulé "Correspondance (1944-1959)" avec un avant-propos de Catherine Camus. La dernière lettre d'Albert à Maria date du 30 décembre 2020, 5 jours avant sa mort.
Albert Camus a-t-il aimé Maria plus que son oeuvre ? Je le crois à la lecture de ces lettres.
Jean-Laurent Turbet
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