Dépêchez-vous car il n’y en aura pas pour tout le monde ! A peine quelques exemplaires chez votre marchand de journaux ou votre kiosque favori.
Voici donc le nouveau Hors-Série de janvier 2013 co-édité par La Croix et Le Monde de la Bible et qui s’intitule « Le Temple de Jérusalem ».
Grâce à un dossier très riche de 46 pages introduit par Benoît de Sagazan, directeur du Monde la Bible, vous saurez dorénavant tout sur le Temple de Jérusalem.
Du « Premier temple », construit par Salomon (Voir le chapitre 6 du Livre des Rois dans l’ancien testament) entre -966 et – 959, détruit en par Nabuchodonosor en – 587, restauré à partir de – 538 (ce que certains appellent le « second temple »), jusqu’au « troisième temple » plus vaste et spacieux construit par Hérode le Grand de -19 à -11. C’est ce temple qui sera détruit par les légions romaines de Titus en -70.
Temple pour les juifs et pour ceux qui deviendront ensuite les « chrétiens » (Jésus, Pierre, Paul n’ont pas connus le temple détruit).
Ce dossier a été constitué par les meilleurs spécialistes du sujet et fait donc le point avec les éléments de recherche historique les plus récents.
En voici le sommaire :
- « L’avènement biblique d’un sanctuaire unique » : par Adrian Schenker, professeur émérite d’ancien testament à l’Université de Fribourg.
Depuis l’arche de Noé et la première Alliance, l’histoire du peuple hébreu est parsemé de sanctuaires. Après être passé de la tente mobile du Dieu nomade des premiers patriarches au Temple édifié par Salomon, Israël connaît un autre bouleversement : la réforme religieuse de Josias, qui décrète l’unicité du sanctuaire legitime de Jérusalem… appelé à disparaître à son tour.
- « Le lieu de non-représentation » : par David Banon, directeur du département des études juives et hébraïques de l’Université de Strasbourg, membre de l’Institut universitaire de France et professeur invité à l’Université hébraïque de Jérusalem.
L’importance considérable que la Bible accorde au Sanctuaire – la narration dans le livre de l’Exode court sur treize chapitres ! – oblige au questionnement. Son édification n’est pas prescrite par le Décalogue, car aucun espace du monde, et dans le monde, fût-il le Temple, ne saurait servir de réceptacle à Dieu. Le Sanctuaire (et le Temple est bâti sur son modèle) n’est qu’une concession, un compromis nécessaire avec la nature de l’homme qui n’était plus ou pas en mesure de concevoir et d’accepter l’idée du Dieu invisible.
- « De Salomon à Hérode, histoire d’un Temple » : par Joseph Patrich, de l’institut d’archéologie à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Selon le récit biblique c’est à Jérusalem, vers 965-962 av. J.-C., que Salomon fait construire un Temple pour abriter l’arche d’Allaince. Détruit par Nabuchodonosor en 586 av. J.-C., il est reconstruit plus modestement, pour enfin être remplacé, agrandi et embelli par Hérode au 1er siècle av. J.-C. Voici l’histoire d’un Temple qui connut bien des vicissitudes.
- « Une visite au Temple d’Hérode » : par Jerome Merphy-O’Connor, O.P., de l’école biblique et archéologique française de Jérusalem.
Le Temple qu’édifia Hérode le Grand à Jérusalem fut le quatrième et le plus somptueux de tous ceux qui s’élevèrent sur le site choisi par David, mais aussi le complexe religieux le plus vaste du monde gréco-romain d’alors, telle une affirmation spectaculaire de la dignité du peuple juif. Bien que dominé par des collines plus hautes sur trois côtés, ce lieu était pour les juifs la montagne du Seigneur. Visite du Temple du temps de sa splendeur (avec une magnifique illustration).
- « Histoire des fouilles du Temple » : par Estelle Villeneuve, chercheur-associée à l’UMR du CNRS-Nanterre « Archéologie et Sciences de l’Antiquité.
Depuis le début du XIXème siècle, des biblistes et des archéologues ont peu à peu retrouvé les vestiges enfouis de l’ancien Temple de Yahvé à Jérusalem. Les fouilles s’y poursuivent encore…
- « L’image du Temple dans l’art juif » : par Gabrielle Sed-Rajna (1928-2008). A dirigé la section hébraïque de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (CNRS et enseigné à l’école pratique des hautes études de Paris et à l’Institut Martin Buber (Bruxelles).
Le concept fondamentalement nouveau de la religion révélée au Sinaï était celui d’un Dieu transcendant dont l’essence était au-delà des formes et le Nom, imprononçable, se dérobait au domaine acoustique. Le deuxième commandement, l’interdiction de représenter la divinité, appliquait ce concept au domaine des arts. Il donna naissance à un nouveau type de sanctuaire, où l’espace traditionnellement réservé à la statue de la divinité demeurait vide. Cet espace vide était supposé être habité par la Présence divine, qui conférait à l’édifice tout entier un caractère sacré.
- « Le Temple de Dieu, c’est vous ! » : par l’excellent Christian Grappe, professeur de Nouveau Testament à la faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg.
La façon dont les premiers chrétiens se sont approprié la métaphore du Temple trouve des antécédents dans les représentations spiritualisés su sanctuaire en milieu essénien. Leur démarche est cependant originale. Après l’événement pascal et à la suite de la catastrophe de 70 ap. J.-C., la communauté devient elle-même Sanctuaire, dans la mesure où elle s’établit en Christ, Temple nouveau et définitif, et qu’elle accueille l’Esprit-Saint.
- « Le Christ et le Sanctuaire dans l’Epître aux Hébreux » : par Michel Berder, professeur d’Ecriture sainte à l’Institut catholique de Paris.
Pour faire ressortir la portée de ce qui est advenu grâce au Christ, grand-prêtre parfait des temps derniers, l’Epître aux Hébreux décrit un certain nombre de pratiques rattachées à l’institution du Temple.
Comme vous pourrez le constater, un numéro exceptionnel particulièrement riche, qui passionnera toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au Temple de Jérusalem.
Un numéro tout à fait indispensable donc et dont je vous recommande la lecture.
Jean-Laurent Turbet
° L’éditorial de Benoît de Sagazan :
Quel paradoxe ! L’homme est ainsi fait qu’il ne peut se passer d’un lieu physique, construit en dur, pour présenter et abriter l’irreprésentable : le Dieu invisible…Adrian Schenker (universitéde Fribourg) raconte comment le peuple hébreu est passé au cours de son histoire « de la tente mobile du Dieu nomade des premiers patriarches au Temple de Salomon », en passant par « la réforme religieuse de Josias, qui décrète l’unicité du Sanctuaire de Jérusalem ».
Si la Bible (cf. livre de l’Exode) accorde une grande place au Sanctuaire, il faut noter que son édification n’est nulle part prescrite par le Décalogue, rappelle David Banon (université de Strasbourg) qui souligne la véritable fonction du Temple qui demeure le lieu de la réception et de l’écoute de la parole de Dieu, et ce malgré les jeux de pouvoirs dont il put être également le théâtre.
Il ne reste rien aujourd’hui du Temple de Salomon, ni de celui d’Hérode, excepté les murs orientaux et occidentaux de l’actuelle esplanade des mosquées. L’archéologue Joseph Patrich (université hébraïque de Jérusalem), s’appuyant sur les textes et l’apport récent de l’archéologie, décrit les étapes de la transformation du Temple depuis Salomon jusqu’à Hérode. Puis Jerome Murphy-O’Connor (École biblique et archéologique française de Jérusalem) nous propose une visite guidée du Temple hérodien à la lumière des fouilles récentes. Fouilles qu’Estelle Villeneuve resitue dans une chronologie indispensable, avant que nous reprenions un article, jusqu’à ce jour inégalé, que Gabrielle Sed-Rajna avait écrit en son temps pour Le Monde de la Bible sur la représentation du Temple dans l’art juif.
Enfin Christian Grappe (université de Strasbourg) rappelle que selon les premiers chrétiens le véritable Sanctuaire est l’homme – une notion déjà partagée dans le monde juif (cf. l’article de David Banon) – et Michel Berder (Institut catholique de Paris) montre comment l’auteur de l’épître aux Hébreux, un des plus anciens écrits chrétiens, appuie sa rhétorique sur les pratiques sacerdotales au Temple…
° Pour aller plus loin :
° Le site du Monde de la Bible.
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