C'est aujourd'hui, jeudi 18 janvier, la Journée des Justes, ou plus exactement, des Justes parmi les Nations.
Qu'est-ce qu'un Juste ? Après la Seconde Guerre mondiale, l'expression Justes parmi les nations (חסידי אומות העולם en hébreu) a été employée pour désigner les héros non-juifs qui, par leurs actes, ont sauvé des juifs d'Europe pendant l'holocauste. L'expression vient du Talmud (traité Baba Batra, 15 b).
Ils sont reconnus officiellement par l'État d'Israël et honorés dans le cadre du Mémorial de Yad Vashem, en Israël.
L'Etat d'Israël reconnait 21 310 Justes, dont 2 725 français.
Il y a bien entendu un écrasante majorité d'anonymes qui ont sauvé des juifs au péril de leur vie et de leur liberté. En France, nous pouvons retenir le nom de Paul Ramadier, Ministre du Front Populaire, socialiste, Résistant et franc-maçon, qui fut également l'un des 80 parlemantaires qui ont refusés de voter les pleins pouvoirs en 1940 au Maréchal Pétain.
Un village entier Le Chambon-surLignon est également déclaré Juste entre les Nation pour avoir sauvé entre 3000 et 5000 juifs pendant l'Occupation. C'est une très belle histoire que ce village Cévenol (à très grande majorité protestante) dont les pasteurs, suivis par l'ensemble de la population du village et de sa région, ont organisés le sauvetage massif des juifs. Un seul autre village, au Pays-Bas, a été déclaré juste.
Il faut également citer le Père Marie-Benoît, surnommé le père des Juifs pour son action durant la guerre à Marseille, à Nice et à Rome.
Oskar Schindler, connu par le film de Steven Spielberg ou Raoul Wallenberg sont d'autres figures marquantes.
Le Président de la République Jacques Chirac se rendra aujourd'hui à 18 heures au Panthéon pour l'hommage de la Nation aux quelque 2.700 Justes de France et aux héros anonymes qui ont sauvé des milliers de juifs de la mort pendant la seconde guerre mondiale.
Avec cette cérémonie, le chef de l'Etat veut mettre l'accent sur le caractère toujours actuel du combat contre l'extrémisme et "le côté lumineux" de la France après avoir reconnu ses "zones d'ombre", comme la déportation des juifs ou la tragédie de l'esclavage.
Le Premier ministre Dominique de Villepin, de très nombreux ministres, Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, assisteront à cet hommage aux côtés de quelque 250 Justes et juifs survivants, ainsi que plusieurs centaines de leurs descendants. La cérémonie se tiendra, dans la nef du Panthéon, qui honore les grands hommes. Elle sera mise en scène par la cinéaste Agnès Varda et retransmise sur quatre grands écrans. L'ensemble vocal Accentus interprétera l'oeuvre Figure humaine du compositeur Francis Poulenc sur des textes du poète Paul Eluard, dont le fameux Liberté. Mme Veil et M. Chirac se recueilleront ensuite dans la crypte devant la plaque rendant hommage aux Justes et aux anonymes, ces hommes et femmes qui "ont incarné l'honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d'humanité". 2.725 Français ont été reconnus officiellement comme "Justes parmi les Nations" par le Mémorial de Yad Vashem, en Israël, pour avoir sauvé des juifs persécutés, au péril de leur vie, soit le nombre le plus élevé en Europe après la Pologne et les Pays-Bas.
Mais on souligne, dans l'entourage de M. Chirac, que de très nombreux Français ont aussi concouru à aider des juifs sans que leur action soit officiellement distinguée.
Serge Klarsfeld rappellait que les trois-quarts des quelques 300.000 juifs français ont été sauvés pendant la guerre. C'est très important de le savoir et de le faire savoir aux jeunes générations. Autant il faut être impitoyables avec les collaborateurs, des dénonciateurs de juifs et aujourd'hui les révisionnistes. Autant il faut faire savoir aussi que des milliers de français, souvent anonymes et de conditions modestes, ont sauvés 75% des juifs de France.
A côté de l'ombre a en effet aussi existé la lumière. La lumière de cette France généreuse et humaniste et fraternelle que nous aimons.
"Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d'occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s'éteindre. Nommés "Justes parmi les nations" ou restés anonymes, des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d'extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l'honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d'humanité".
C'est devant cette inscription, intitulée "Hommage de la nation aux Justes de France" et formée de lettres en laiton, que Jacques Chirac et Simone Veil doivent venir se recueillir, jeudi 18 janvier, dans la crypte du Panthéon, à Paris.
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