Nous connaissons Véronique Vasseur pour avoir publié il y a quelques années un livre
qui a fait date sur son expérience en tant que médecin-chef de la prison de la Santé.
Elle nous décrit dans son dernier livre "Le panier de crabes", son expérience (très amère) de la vie politique. Autant j'avais bien aimé son prmier livre, autant celui-ci me laisse très
dubitatif...
Un avantage : ce livre se lit très vite et de toute manière ce n'est pas grave, le docteur Vasseur se répand abondamment à la radio comme à la télé (dernièrement chez Laurent Ruquier dans
On n'est pas couché) et dans les journaux.
Son mot d'ordre: "j'ai essayé, n'y allez pas" (en politique).
Il faut dire que cette chère docteur Vasseur cumule les handicaps: femme de droite fascinée par Sarkozy, elle s'inscrit au Parti Radical (l'un des courants actuels de l'UMP) alors qu'elle
reconnait elle-même ne rien connaître de ce parti. Autre handicap et non des moindres, elle arrive dans le marigaud de l'UMP parisien la fleur au fusil ...
Elle explique qu'elle souhaitait travailler sur la réforme pénitentiaire et que pour cela être députée c'est bien. Les autres sujets? Visiblement elle s'en moque. Et puis "on" est venu la
chercher alors elle en était flattée.
Elle n'a pas de mots assez durs pour le personnel politique, local notamment. Elle trouve qu'elle n'a pas été accueillie comme elle aurait dû l'être.
Bien entendu elle ne se pause pas une fois la question de l'état d'esprit dans lequel devait être le pauvre responsable UMP local, sommé de céder illico sa place au Docteur Véronique
Vasseur. Il est vrai que lui n'est qu'un tâcheron de la politique qui fait du porte à porte depuis des années, des tractages, des collages et qui se colletine toutes les tâches ingrates. Il
est évident pour elle qu'il aurait dû comprendre tout de suite qu'il devait lui laisser la place, tellement la différence de niveau est grande entre elle et lui!
D'ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans la bouche de Véronique Vasseur pour qualifier ses petits camarades est "médiocrité". Tout le monde est médiocre (sauf elle). Il
est vrai qu'avec l'UMP parisien elle est en effet servie!
Elle se plaint aussi de l'"humiliation" que constitue selon elle une campagne électorale, notamment le fameux "porte-à porte" bien connu des militants. Il est vrai qu'elle est
tellement connue dans le XIIIème arrondissement de Paris que les bons citoyens devraient lui apporter leurs suffages sans qu'elle ait besoin de les contoyer de trop près!
Véronique Vasseur se présente par deux fois au suffrage universel. En juin 2007, membre du Parti radical valoisien, elle est investie par l'UMP pour les
élections législatives pour la 10ème circonscription de Paris dans le 13e arrondissement de Paris (quartier Croulebarbe, Maison-Blanche, Montsouris, Montparnasse). Elle obtient 35,97% des voix au
soir du premier tour, face au député socialiste sortant Serge Blisko (36,75%). Elle est pourtant très nettement battue lors du second tour avec 42,66% des voix contre 57,34% à
Serge Blisko.
Ce qui nous laisse sans voix c'est l'attitude de Mme Vasseur: Censée venir en politique avec les "valeurs" de la société civile, elle ne se pose pourtant pas de question. Ca ne la dérange à aucun
moment de se présenter contre Serge Blisko qui est un parfait humaniste et un excellent député.
Elle remet le couvert en novembre 2007, lorrsqu'elle est de nouveau investie par l'UMP pour mener la liste UMP/Nouveau Centre aux élections municipales dans le
13e arrondissement de Paris. Avec 30,12% des voix, la liste «Paris gagnant» (sic) qu'elle conduit est carrément écrasée au soir du second tour, le 16 mars 2008, par la liste d'union de
la gauche menée par Jérôme Coumet (69,88%).
Elle se déclarera ensuite "lâchée" par l'UMP et ne siégera pas au sein du conseil municipal
(c'est très élégant et respecteux pour les électeurs qui ont voté pour elle).
Candidate imposée par le haut et qui ne veut pas se plier aux rituels électoraux que pouvait-elle espérer? Elle faisait "campagne" sous l'oeil goguenard et bienveillant des socialistes
qui préssentaient le désastre annoncé... pour elle. Comme si la politique pouvait se faire sans en connaître les techniques, les méthodes, bref sans connaître les usages du "métier". Comme si on
pouvait le faire "en amateur", chose qui faisait dresser les cheveux sur la tête de François Mitterrand.
Un autre néophyte sarkozyste, Arno Klarsfeld, en fera également les frais.
Bien sûr que Véronique Vasseur a été manipulée par les caciques de l'UMP parisien et national. Ils se sont servis d'elle pour l'envoyer au casse pipe. Mais elle n'a pas été manipulée entièrement
à son corps défendant. Les êtres humains sont... humains et la flatterie fonctionne toujours. Et Véronique Vasseur a subi de plein fouet l'effet boomerang de quelqu'un qu'on jette dans la
fosse aux lions sans être entraîné pour cela. "Tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute" disait déjà La Fontaine.
"N'y allez pas" dit elle. Si allez y, mais seulement si cela correspond à un engagement profond, si vous avez des convictions, si vous aimez les autres et si vous êtes prêt à faire
tous les sacrifices pour cela! Sinon en effet, comme Véronique Vasseur, vous risquez d'aller de désillusion en désillusion...
Ce livre est très amer et reflète les illusions perdues d'une néophyte qui s'est brûlé les ailes pour avoir approché de trop près ce qu'elle pensait être le soleil sarkozien. On pourrait dire,
pour pasticher Rudyard Kipling, les désillusions de "celle qui voulut être députée". Espérons au moins pour elle que ce livre lui serve de thérapie car on ne ressort jamais indemne
de ce type d'expérience...
° Le livre :
de Véronique Vasseur
Publié chez Flammarion,
septembre 2009
262 pages
19 euros.
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