Le Journal "Le Monde" publie aujourd'hui un article consacré aux geôliers d'Ilan Halimi.
En voici quelques extraits.
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Menotté, habillé d'un peignoir acheté chez Auchan, nourri de protéines liquides à l'aide d'une paille, ses geôliers autorisent Ilan Halimi à fumer un joint, entre deux gifles.
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Pour Jean-Christophe G., les coups auraient débuté après un premier échec de remise de rançon. Selon lui, Ilan Halimi "a commencé à réclamer souvent des cigarettes. Tous les quatre, Nabil, Yahia, Jérôme et moi, nous lui avons mis des tartes quand il gémissait pour avoir des cigarettes. (…) Il m'est arrivé aussi de lui mettre de petits coups de balai sur les jambes, cuisses ou mollets." Mais les épisodes les plus signifiants ont eu lieu avant de prendre des photos destinées à effrayer la famille de la victime : simulacre de sodomie avec un manche à balai, coup de cutter à la face infligé par Samir Ait Abdelmalek.
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. "La conversation s'est tenue devant l'otage, a raconté Cédric Birot Saint-Yves. Le boss nous a réunis afin de savoir qui voulait ou ne voulait pas continuer. (…) Nous craignions la présence de la police dans le secteur et nous pensions que nous n'aurions pas d'argent." Nabil Moustafa confirme cet épisode : "On a dit qu'on en avait assez. Le boss a réfléchi et il a décidé qu'il n'y avait plus que ce soir-là, que l'autre devait dégager." Mais le calvaire d'Ilan Halimi n'est pas fini. Youssouf Fofana aurait continué à entretenir l'espoir d'une rançon.
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Le chef de la bande aurait encore donné des gifles à l'otage ; il portait "des gants avec tissu sur le dos de la main et un simili-cuir sur le plat", précise Fabrice Polygone. Il est minuit passé, ce lundi 13 février. Il faut préparer Halimi avant sa remise en liberté, pendant que Youssouf Fofana va chercher une voiture. "Lorsque j'ai soulevé sa couverture, j'ai vu des taches de sang sur son pyjama avec des trous, au niveau des jambes et du ventre, a détaillé Nabil Moustafa. Quand on l'a déshabillé, j'ai vu des plaques rouges sur son ventre (…), ça ressemblait un peu à des brûlures."
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Plus tard dans la nuit, Youssouf Fofana arrive. "Une fois dans le local, Youssouf nous a dit qu'il allait partir avec l'otage", a déclaré Fabrice Polygone. Les geôliers l'aident à conduire Ilan Halimi jusqu'à une voiture, le hissent à l'intérieur.
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Pourquoi Ilan Halimi n'a-t-il pas été relâché ? Samir Ait Abdelmalek a dit qu'il avait croisé Youssouf Fofana au lendemain du départ d'Ilan Halimi de la cave. En tête-à-tête, le chef du gang lui aurait raconté qu'il avait déposé l'otage, la veille, dans les Yvelines, à bord d'une voiture volée, puis serait revenu auprès de lui. "A ce moment, Ilan avait réussi à enlever son bandage des yeux, a expliqué Samir Ait Abdelmalek. Il avait donc vu Ilan le regarder droit dans les yeux et du coup Youssouf avec un couteau lui a mis un coup dans la gorge vers la carotide puis un coup de l'autre côté de la gorge. Ensuite il a essayé de lui couper le bas de la nuque. Puis il lui a mis un coup de couteau dans le flanc. Il avait sûrement dû revenir avec un bidon d'essence car il m'a dit qu'il avait utilisé un bidon pour asperger Ilan avec ce combustible et l'a incendié sur place." Interrogé le 23 février à Abidjan, Youssouf Fofana a nié toute responsabilité. Il a affirmé qu'il a conduit son otage derrière le supermarché Cora de Bagneux, pour le confier à un dénommé Marc, dit "Crim" ou "Craps", et à un autre homme, qui l'ont enfermé dans le coffre de leur voiture. Le lendemain seulement, Fofana a dit avoir appris que "Crim et son copain s'étaient rendus à Sainte-Geneviève-des Bois, qu'ils avaient déposé le corps dans un petit bois et qu'ils avaient versé de l'acide sur l'ensemble du corps, qu'ils y avaient mis le feu et qu'une boule de feu s'était formée".
Gérard Davet et Piotr Smolar
Source : Le Monde
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