Plusieurs manifestations violentes ont eu lieu hier dans plusieurs pays musulmans,principalement à Gaza et en Indonésie contre l'Europe, contre des européens et plus particulièrement contre des ressortissants Danois, Norvégiens et Français. Celà fait suite à la publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet, que le Coran considère comme sacrilèges.
Les caricatures à l'origine des événements ont été publié dans le quotidien danois Jyllands-Posten en septembre dernier. Mi-janvier, un autre magazine norvégien les a à nouveau publiées, avant que des journaux français, allemands, espagnols, suisses et hongrois ne les reproduisent cette semaine au nom de la liberté de la presse. Cette revendication a provoqué le licenciement du directeur de publication de France Soir, Jacques Lefranc.
Les protestations et menaces, notamment à l'encontre des Français, se sont multipliées.
Dans la nuit de jeudi à vendredi une grenade a été jetée sur le centre culturel français dans la bande de Gaza, sans faire de victime. Un groupe armé palestinien baptisé "Brigades Abou al Rich" - lié au Fatah, a fait savoir que les ressortissants français ne seraient plus en sécurité dans le territoire si Paris ne présentait pas d'excuses officielles dans les dix heures. "Nous prenons note de la position de la France dans cette affaire, et nous avertissons que nous ferons payer un prix très fort pour toute atteinte à notre prophète Mahomet", a déclaré leur porte-parole, Abou Haroun.
Par ailleurs, deux hommes masqués ont brièvement enlevé Christoph Kasten, un ressortissant allemand, avant de le remettre à la police palestinienne.
A Gaza toujours des hommes en arme ont encerclé le bâtiment de l'Union européenneen tirant des coups de feu en l'air. Avant de placarder un avis sur la porte d'entrée : «Fermé jusqu'à la présentation des excuses.» «Nous donnons aux gouvernements danois, français et norvégien 48 heures pour présenter des excuses», ont ils affirmé . Les activistes ont appelé «les ressortissants français à évacuer la bande de Gaza» et menacé de «bombarder le siège de l'UE, les autres bureaux européens et les églises» si les «provocations» contre l'islam se poursuivaient. La Commission européenne a aussitôt renforcé les mesures de sécurité autour de ses bureaux.
Pour protester contre la publication des caricatures en France, les Palestiniens ont promis de renoncer aux Gitanes et à La-Vache-qui-rit (très populaire dans les Territoires).
La chasse aux étrangers semble avoir commencé dans les Territoires puisqu' hier, à Naplouse, un groupe des Brigades des martyrs d'al-Aqsa a fouillé tous les hôtels à la recherche de journalistes étrangers. Ils avaient appris que deux journalistes européens, dont un Français, étaient en ville.
Les Comités de la résistance populaire et le "commandement commun" des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, liées au Fatah ont affirmé, dans un communiqué de l'AFP à Gaza, que "tout Norvégien, Danois ou Français présent sur notre terre était une cible". Ils ont également appelé "les ressortissants français à évacuer la bande de Gaza" et menacé de "bombarder le siège de l'UE, les autres bureaux européens et les églises" si les "provocations" contre l'islam se poursuivaient.
Ce n'est pas un hasard si les protestations les plus violentes viennent des palestiniens, mais surtout des groupes et organisations proches du Fatah, qui vient de se prendre une "raclée" aux dernières élections législatives. Le Fatah et ses groupes para-militaires semblent faire de la surenchère pour regagner un peu de la crédibilité qu'ils ont largement perdue auprès des palestiniens, au profit du Hamas qui - notons le - est relativement silencieux pour le moment sur cette affaire.
Cette surenchère dans la radicalisation islamiste semble de très mauvais augure pour la stabilisation de l'Autorité palestinienne et pour la formation d'un gouvernement accepté par la communauté internationale.
En Indonésie, 300 musulmans indonésiens ont dégradé le hall de l'ambassade du Danemark à Jakarta Ces manifestants, qui se disent du "Front des défenseurs de l'islam" ont brisé des lampes, renversé des sièges et jeté des oeufs pourris et des tomates sur la plaque de l'ambassade.
Les manifestants pas franchi le sas de sécurité de l'Ambassade.
Une centaine de policiers les ont observés tandis qu'ils prononçaient des discours enflammés exhortant le gouvernement à rompre ses relations diplomatiques avec le Danemark et à expulser son ambassadeur. Ils se sont dispersés au bout d'une heure. Il n'y a eu aucune interpellation ni arrestation.
Les autorités de certains pays musulmans ont également émis de nouvelles protestations vendredi.
Le Parlement pakistanais a adopté une résolution condamnant la publication des caricatures de Mahomet.
Le roi Abdallah II de Jordanie a de son côté affirmé vendredi que "l'insulte" au prophète de l'islam était un "crime injustifiable".
Même le pourtant très modéré et très pro-américain président afghan Hamid Karzaï a parlé jeudi d'une «insulte» à ne pas renouveler faite à un milliard de musulmans.
Les commissaires européens en charge des Libertés, Franco Frattini, et en charge du Commerce, Peter Mandelson, ont pris position. «Je comprends les sentiments d'affront, de frustration, voire de chagrin, que les communautés musulmanes ressentent ces jours-ci», a commenté le premier. «Des faits de ce genre ne facilitent certainement pas le dialogue entre religions et cultures ni le processus d'intégration, long et fatigant, dans lequel de nombreux Etats membres de l'Union sont engagés», a-t-il poursuivi, tout en estimant que la publication des dessins ne peut «en aucune manière justifier les réactions auxquelles on assiste à l'encontre du Danemark et d'autres pays ou de l'Union Européenne».
Pour Peter Mandelson, «le fait pour d'autres journaux européens de republier ces caricatures ne fait que jeter de l'huile sur le feu de l'insulte initiale». Et de qualifier «cette initiative (de) plutôt grossière et plutôt immature».
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