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Le Blog des Spiritualités

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Eglise Catholique et Franc-Maçonnerie (suite de la suite). Nouveau rappel de l'incompatibilité entre Eglise Catholique et la Franc-Maçonnerie par le Vatican.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 1 Mars 2024, 08:30am

Catégories : #Eglise, #EgliseCatholique, #FrancMaçonnerie, #Interdiction

Eglise Catholique et Franc-Maçonnerie (suite de la suite). Nouveau rappel de l'incompatibilité entre Eglise Catholique et la Franc-Maçonnerie par le Vatican.

"Pour n’avoir point passé par la même école, les Catholiques réfléchis ne refuseront sans doute pas d’écouter un antagoniste d’une incontestable bonne foi. Ils rejetteront sa manière de penser, incompatible avec leurs convictions, mais, soucieux à leur tour d’impartialité, ils apprendront à ne plus détester des adversaires calomniés.

Ils distingueront entre les Francs-Maçons instruits, fidèles à leur idéal, et les autres, de même que le penseur vraiment libre se refuse à confondre les fanatiques ignares avec les croyants épris de pur idéalisme. N’est-il pas grand temps de nous rendre justice réciproquement?  (...) 

Eglise et Franc-Maçonnerie sont en guerre depuis deux siècles. De part et d’autre les esprits se sont échauffés, les troupes sont aux prises et peu disposées à cesser les hostilités.

Les chefs cependant ne se dissimulent pas que la lutte est absurde et qu’elle procède d’un fatal malentendu. Il n’y a pas à commander un brusque demi-tour aux armées rangées en bataille, mais la sonnerie de « cessez le feu » ne pourrait-elle se faire entendre ? Le Pape est-il disposé à donner le signal ? C’est la question que pose Albert Lantoine".

Oswald Wirth, préface à la Lettre au Souverain Pontife d'Albert Lantoine (1937)

La question posée par Oswald Wirth en 1937 reste toujours d'actualité, même si les réponses pontificales (lorsqu'il y a réponse car souvent il n'y en a aucune) sont toujours invariablement les mêmes depuis 1738 de la part des Souverains Pontifes successifs : incompatibilité totale entre appartenance à l'église catholique et Franc-Maçonnerie, péché grave et interdiction d'approcher de la Sainte Communion.

Le Pape n'a pas répondu à Albert Lantoine en 1937. Le Pape François ne donne aucun signe de détente vis à vis de la Franc-Maçonnerie bien au contraire. 

Il faut noter que la Grande Loge de France - par exemple - ne montre absolument aucune hostilité envers l'église catholique apostolique et romaine, bien au contraire. Les frères catholiques sont totalement respectés dans leur foi et la Grande Loge ne se mêle pas des affaires vaticanes. L'appartenance à l'église catholique est donc parfaitement admise pour un frère de la Grande Loge de France. Cela ne souffre aucun débat. Comme d'ailleurs pour les frères juifs, musulmans, protestants, orthodoxes, bouddhistes... agnostiques ou athées. Tous sont les bienvenus du moment qu'ils font montre de tolérance envers les opinions d'autrui et qu'ils respectent les lois de la République. Les fondamentalistes et les extrémistes de toutes religions auraient beaucoup de mal à trouver leur place en Loge...

Mais l'inverse est-il vrai ? Malheureusement il faut bien admettre que non.

Comme je l'écrivais dans un précédent article (voir en lien ci-dessous), il faut reconnaître à l'église catholique apostolique et romaine une très grande constance : Depuis la bulle In eminenti apostolatus specula du pape Clément XII, fulminée le 28 avril 1738, elle condamne absolument et sans appel la franc-maçonnerie et interdit aux catholiques d'y adhérer.

Il y a des dizaines de textes divers et variés émanant du Vatican (de mémoire il y en aurait 32...) au fil des siècles qui expriment toujours la même position : de l'Encyclique Humanum Genus du 20 avril 1884 du Pape Léon XIII, jusqu'à la Déclaration de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi (ex Inquisition) dirigée par le Cardinal Ratzinger et approuvée par le Pape Jean-Paul II en 1983.

En France, l'interdiction papale faite à un catholique d'être franc-maçon resta en partie lettre morte du moins pendant 50 ans jusqu'à la révolution (et la Constitutions civile du Clergé, inspirée par les loges) et surtout jusqu'au Concordat passé entre Napoléon et le Pape Pie VII le 15 août 1801. Le Parlement de Paris - remplit de jansénistes - refusa toujours d'enregistrer les bulles papales.

Rappelons nous de l'antagonisme fort entre les jansénistes et les jésuites.

A partir de 1801 l'interdiction devient effective puisque les Bulles papales s'appliquent en vertu du Concordat.

Tous les prêtres (il y en avait quelques uns même très marginaux) - et même des moines (la loge "Les Chevaliers du Christ"...) quittent les loges en masse. Il en est de même pour tous les catholiques pratiquants.

A partir de 1815 va s'établir la rupture totale entre d'un côté les monarchistes et les bonapartistes et l'Eglise, contre les Républicains et les laïques et les Francs-maçons de l'autre.

Une tentative lamentable, honteuse et scandaleuse de rapprochement va se faire jour durant la Seconde Guerre Mondiale. Charles Riandey (appartenant à la GLDF avant de rejoindre la Grande Loge Nationale Française (GLNF) en 1964)... qui écrivait en 1942 « J’ai toujours cherché à exalter catholiques et Francs-Maçons vers un renouveau, un rajeunissement de leur fonds commun spirituel, afin que notre civilisation ne mourût pas d’inanition » et « J’ai combattu, avec beaucoup d’autres, au prix de pénibles épreuves, l’envahissement de la Maçonnerie par les juifs ») va - dans le dos du Souverain Grand Commandeur René Raymond - entamer des négociations à distance avec Pierre Laval - par l'entremise du Révérend Père-Berteloot - pour la création d'une maçonnerie catholique et Maréchaliste - et donc enfin débarrassée des juifs - , compatible avec la Révolution Nationale et le régime collaborationniste de Vichy. Il va se faire aider en cela par Marcel Cauwel qui - repentant - donnera des éléments de preuves tangibles de ces tractations honteuses et déshonorantes avec l'ennemi à Joannis Corneloup qui les publiera dans son livre "Histoire et cause d'un échec", publié aux Éditions maçonniques de France en janvier 1976. 

C'est Pétain, virulent antimaçon, qui mettra brutalement fin à ses tractations.

Le 19 mars 1943, cet odieux personnage qu'est Riandey écrit au père Bertheloot en pensant à une éventuelle défaite de l'Allemagne (qui apparaissait probable après la défaite allemande à la bataille de Stalingrad 17 juillet 1942 au 2 février 1943)  : "il faut évidemment prévoir une période troublée car les profiteurs et les juifs reprendront du poil de la bête".

Malgré cela, dans les années 1970 notamment les frères de la Grande Loge de France vont tenter de nouer des liens avec des membres de l'Eglise catholique (extrêmement peu nombreux et "marginaux" au sein de l'Eglise : Le RP Bertheloot (déjà cité...), le RP Riquet ou Monseigneur Thomas). En fait on les compte sur les doigts d'une seule main en 80 ans...

Ce sont le Pape Jean-Paul II et le Cardinal Ratzinger qui sifflent en 1983 la fin définitive de la "récréation" des discussions entre certains catholiques et les francs maçons en rappelant que " Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion. Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus".

On aurait pu pensé que le Pape François revienne quelque peu sur cette position "intransigeante" (mais qui est en fait la position constante de l'église catholique depuis 1738...), mais il n'en est rien.

Au contraire il a rappelé avec force le 13 novembre 2023 dans une réponse du Dicastère pour la Doctrine de la Foi dans une réponse à un évêque philippin que « l'adhésion active à la franc-maçonnerie par un fidèle est interdite, en raison de l'inconciliabilité entre la doctrine catholique et la franc-Maçonnerie ». La note précise que « ceux qui sont formellement et sciemment membres de loges maçonniques et qui ont embrassé les principes maçonniques, tombent sous le coup des dispositions de la déclaration de 1983. Ces mesures s'appliquent également aux clercs inscrits dans la franc-maçonnerie ».

C'est donc bien la position de 1983 qui est confortée et réaffirmée avec force.

Et l'église catholique ne fait pas de différence entre "bons" et "mauvais" maçons : même ceux qui ont "l'obligation de croire en Dieu" sont condamnés comme les autres.

Après tout, si l'église catholique ne s'en prenait qu'aux maçons antireligieux et anticatholiques, ça pourrait passer (sic). Mais non, la condamnation irrévocable s'applique à tous.

D'ailleurs la position de Monseigneur Staglianòprésident de l'Académie pontificale de théologie (une sommité de l'Eglise Catholique), dans une interview accordée aux médias du Vatican le 26 février 2024 (voir en intégralité l'article ci-dessous de VaticanNews), est particulièrement éclairante à cet égard lorsqu'il réitère les raisons de l'incompatibilité entre la foi catholique et la pensée maçonnique. 

Car il s'attaque à plusieurs symboles essentiels des "maçons spiritualistes de Tradition" (comme le sont beaucoup de francs-maçons de la Grande Loge de France) et en premier au concept de "Grand Architecte de l'Univers" qui nous est si cher.

Mrg Stagliano affirme que « L'hérésie maçonnique est une hérésie fondamentalement alignée sur l'hérésie arienne . Après tout, c'est précisément Arius qui s’imaginait que Jésus était un "Grand Architecte de l'Univers", niant la divinité du Christ ». C'est pourquoi « le Concile de Nicée, dont nous célébrerons bientôt le 1700e anniversaire, affirme avec force la vérité sur Jésus qui est engendré, non pas créé, il est Dieu né de Dieu, Lumière née de Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ».

Il poursuit en expliquant que c'est précisément l'idée d' « Architecte de l'Univers» défendue par la franc-maçonnerie de Tradition (notamment pratiquant le Rite Ecossais Ancien et Accepté) qui est incompatible avec l'idée catholique de Dieu. « Cette idée, a expliqué Mgr Staglianò, est le fruit d'un raisonnement humain qui tente d'imaginer un dieu, alors que le Dieu des catholiques est le fruit de la révélation même de Dieu dans le Christ Jésus ». « Il s'agit essentiellement du fruit d'un événement historique au cours duquel Dieu s'est fait chair, s'est approché des hommes, a parlé à tous les êtres humains et les a destinés à son salut ».

Il condamne aussi l'aspect ésotérique de la Franc-Maçonnerie :  « au sein de la franc-maçonnerie se développent des intrigues de pouvoir occulte qui sont en contradiction avec l'action chrétienne. Lorsque nous parlons d'inconciliabilité, nous nous référons à des contradictions profondes. On ne peut même pas faire appel à l'opposition polaire du théologien Romano Guardini pour dire qu'ils peuvent être ensemble ».

Sur le symbolisme et l'ésotérisme il poursuit : «Même dans le catholicismeon parle de Mystère. Cependant les Évangiles nous disent que le Mystère caché au cours des siècles ne cesse pas d'être Mystère, mais qu'il cesse d'être caché. Car le Mystère caché au cours des siècles a été révélé ».

Sur le concept de fraternité il enfonce le clou : « Même le concept de fraternité exprimé par la franc-maçonnerie est à des années-lumière de celui de la foi catholique. Notre fraternité est établie sur le sacrement de l'amour de Dieu en Jésus; elle est établie sur l'Eucharistie, et pas seulement sur l'idée générique d'être frères». Le même raisonnement, a ajouté l'évêque, peut être appliqué à la charité chrétienne qui « n'a rien à voir avec la philanthropie maçonnique ». La charité chrétienne correspond à l'événement historique « d'un Dieu mort et ressuscité pour nous, et qui demande à ses enfants de ne pas être simplement philanthropes mais d'être, éventuellement, crucifiés par amour».

Et enfin il rappelle la position officielle de l'Eglise catholique selon laquelle  « les fidèles qui adhèrent aux loges sont en état de péché grave et ne peuvent absolument pas avoir accès à la communion ».

Nous voyons là qu'il ne s'agit pas de condamner une maçonnerie anticatholique mais de condamner les fondements même de la Franc-Maçonnerie traditionnelle spirituelle, ésotérique et de Tradition.

C'est un point qui méritait d'être souligné. Y compris vis à vis de ceux qui espèrent ou rêvent d'une "maçonnerie catholique" qui non seulement n'a jamais existée mais au contraire est systématiquement et continuellement condamnée très explicitement et formellement par l'église catholique apostolique et romaine elle-même depuis 1738. Comment faire une "maçonnerie catholique" contre l'église catholique ? Voici une vaste question.

Mais en fait, les frères catholiques qui fréquentent nombreux nos loges y ont déjà répondu... par leur présence assidue sur nos colonnes, à la plus grande Gloire du Grand Architecte de l'Univers !

Jean-Laurent Turbet

 

 

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