La Grande Loge des Cultures et des Spiritualités (GLCS) tenait son Convent annuel vendredi et samedi derniers à Levallois-Perret.
Marcel Laurent (73 ans), le président fondateur de l'obédience (photo ci-contre à gauche) qui a 12 ans cette année (elle a été créée en 2003) a été réélu Grand Maître. C'est un frère respecté de toutes et de tous.
La CLCS, si elle est une obédience maçonnique jeune, a su trouver sa place dans le paysage maçonnique français.
C'est, selon ses propres définitions, une obédience mixte, théiste, apolitique, centrée sur le symbolisme et le respect des riruels.
La grande qualité des travaux des loges de la GLCS est reconnue par tous.
Lors du dîner de l'obédience qui a réuni près de 200 convives, toutes les obédiences françaises étaient représentées.
On a pu noter la présence notamment de Jean-Marie Doumbé (GLDF), Régina Toutin, Catherine Jeannin-Naltet et Denise Oberlin (GLFF), Luc Guilbert et Patrick Devos (GODF), Jacques Fleurance (GLTSO), Pierre Leboullenger (GLMU), Didier Ozil (Oitar), Marc Mirabel (LNF) et Jacques Samouelian (Clipsas) en qualité de représentants de leurs obédiences.
Nous avons également pu noter la présence de Jean-Michel Dardour (Franc-Maçonnerie et Société et Université Maçonnique) et Bernard Ollagnier (Franc-Maçonnerie et Société).
De nombreuses personnalités étaient présentes à l'image d'Alexandre Adler, ou de bloggueurs maçonniques comme François Koch (La Lumière, blog de l'Express) ou Gérard Contremoulin (Sous la Voûte Etoilée).
C'était une soirée délicieuse empreinte de fraternité et de joie de se retrouver ensemble.
Tous les représentants des obédiences se sont retrouvés à la fin du dîner pour couper le gâteau symbole du partage.
Marcel Laurent a pris la parole et c'est avec fougue et passion qu'il s'est exprimé sur la situation actuelle du monde. Marcel est un homme de coeur et c'est avec son coeur qu'il s'est exprimé.
Ce dîner qui s'est conclu par une chaîne d'Union qui a rassemblé tou(t)es les convives. "une chaîne d'union comme un point d'orgue où la maçonnerie nouvelle se fait sans avoir à se dire, une envie manifeste d'être ensemble sans exclure les autres, un lieu d'exception pour une fraternité de coeur, voilà bien les pierres vivantes comme on les aime" comme le dit la Lettre de la GLCS.
Alors en guise de conclusion de cet article, voici le texte de l'allocution de Marcel Laurent, Grand Maître de la GLCS.
Allocution Marcel Laurent
Mesdames et Messieurs les Élus, Représentants de la République,
Grande Maitresse, Grand Maîtres et leurs assistants, Mesdames et Messieurs et vous tous mes MBAF MBAS, au nom des Membres du Conseil de l’Ordre et de tous les F :. et S :. de la GLCS je vous remercie du fond du cœur de votre présence et de partager notre dîner fraternel de clôture de Convent.
C’est un grand honneur de partager cette soirée avec toutes les grandes Obédiences Françaises, Merci de bien vouloir vous lever ; Le GODF, GLDF, La Fédération Française du D H, La GLFF, La GLTSOpéra, La Grande Loge Mixte de France, La GLMixte Universelle, la Gde Loge Mixte de MM ainsi que Les présidents de l’Université M :. Jean Michel Dardour, et de F :.M :. et Société Bernard Olagnier.
Je tiens à remercier également tous les V :.M :. Ils ont fait un travail remarquable tout au long de cette année, avec leurs Officiers ils ont permis la réception fraternelle de nouvelles Sœurs et de nouveaux F :. pour partager nos valeurs Spirituelles, Fraternelles et Laïques.
Le fait que nous n’abordions pas de sujet politique en Loge ne signifie pas pour autant que nous devons ignorer ce qui se passe à l’extérieur de nos temples, en effet, nul esprit un tant soit peu lucide, ne peut douter du caractère exceptionnel de la période dans laquelle nous vivons et qui se doit d’encaisser des chocs pour certains jusque-là inconnus :
- Le choc de la croissance démographique qui a vu la population de notre planète passer en un siècle de 1,7 milliard d’habitants à près de 7 milliards ;
- Le choc de l’urbanisation qui génère une transformation radicale du monde rural partout dans le monde au profit de villes tentaculaires dont la croissance, le développement, l’harmonie économique et sociale ne sont pas toujours pleinement maîtrisés. Notre planète comptait au tout début du XXe siècle moins de 300 millions de citadins ; elle en compte aujourd’hui plus de 3 milliards !
- Le choc de la Science qui permet désormais à l’humanité d’envoyer des engins spatiaux avec une précision hallucinante au-delà de notre système solaire, mais qui permet aussi de disposer de moyens d’échange et de communication à l’échelle mondiale sans précédent avec le développement entre autres du numérique et d’internet. La mémoire du monde est désormais à portée d’un clic d’ordinateur. N’importe quel humain sur la planète devient par Skype son voisin de palier.
- La médecine s’appuie sur la découverte de molécules dont l’existence n’était même pas soupçonnable il y a seulement quelques décennies pour reculer autant que faire se peut le temps de notre ultime initiation.
- La chirurgie s’appuie quant à elle sur les greffes ou les substitutions mécaniques d’organes pour poursuivre les mêmes buts. Au point que le développement du « trans-humanisme » soulève des questions morales et éthiques qui interrogent nos certitudes et convictions.
- L’allongement de la vie qui en découle fait désormais coexister sur notre planète pour la première fois sans doute de son histoire, près de quatre générations, il soulève de ce fait de nombreuses questions sociétales susceptibles de remettre en cause nos schémas traditionnels. Cette évolution galopante s’accompagne d’une frénésie de consommation qui, poussée par les intérêts particuliers, la financiarisation débridée et généralisée des échanges, et nos comportements souvent égoïstes, fait courir à notre « maison commune », notre Terre, de réel danger.
- Épuisement de certaines ressources naturelles, accroissement de la pollution menacent les éléments qui nous sont si chers et qui sont au cœur de notre initiation : la terre, l’air, l’eau, l’énergie.
De colloque en colloque, de sommets en sommets s’égrènent les analyses, les préconisations, les orientations, sans que les décisions concertées à l’échelle de la planète, c’est-à-dire à l’échelle des problèmes qui s’y posent, soient véritablement et courageusement engagées
La liste des chocs que nous subissons n’est pas limitative. Certains sont positifs, d’autres négatifs.
Il faut malheureusement leur ajouter un choc d’une autre nature et qui concerne directement l’évolution de nos civilisations.
Beaucoup pensaient que les horreurs du XXe siècle, ses guerres mondiales, ses génocides auraient eu au moins pour effet d’éclairer l’humanité sur les errements à ne pas reproduire.
L’actualité nous conduit à penser malheureusement le contraire et chaque jour le fanatisme et la barbarie font des milliers de victimes quasiment à nos frontières.
Le « plus jamais ça » de nos parents semble sérieusement en danger
Nous avons été nombreux à défiler en ce début d’année pour marquer notre indignation face à l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, et de la supérette, à réagir à l’aveuglement, à la provocation, et à l’intimidation.
Mais c’est chaque jour que nous devrions défiler pour témoigner de cette même émotion de cette même indignation pour des victimes des luttes de pouvoir ici et là dans le monde et en particulier au Moyen et Proche Orient. Ces exactions sont d’autant plus déstabilisantes qu’elles sont commises, comme cela a été si souvent le cas dans le passé, par de dangereux groupuscules, au nom de Dieu et des religions en prétendant en incarner les attentes et les volontés.
Le niveau d’armement répandu sur la surface de notre planète n’est-il pas en soi une folie ? On estime à près de 700 millions le nombre d’armes individuelles actuellement en circulation, soit plus d’une arme pour 10 personnes.
14 milliards de cartouches sont fabriqués et vendus chaque année.
Le budget consacré, pour certains à la défense pour d’autres à la guerre, mais dans tous les cas à tuer représente près de 3 % du produit national mondial , à rapprocher des 4,4% consacrés à l’éducation ! ! !
Sans compter que dans la situation actuelle c’est le marché noir de la culture qui finance une partie du marché des armes.
À Palmyre c’est le temple de Bel, consacré au Soleil qui arme l’obscurantisme et la terreur aveugle de Daesh.
Devant cette situation, les dérèglements de la nature et les dérèglements de nos sociétés, devons-nous baisser les bras ?
Devons-nous revivre des Munich ? Celui de l’environnement ?
Celui de nos valeurs ?
Que pouvons-nous faire ?
Les baguettes magiques ne répondent pas à ce genre de défis. Et c’est aux politiques, qui dans nos systèmes démocratiques nous représentent, de prendre leurs responsabilités.
Mais nous sommes maçons, et s’il est contraire à la vocation de nos loges de faire de la politique (c’est en tout cas la conception que nous en avons à la GLCS), il n’en demeure pas moins que notre vie de profane doit se nourrir de notre pratique de l’Art Royal au sein de nos ateliers.
Et, si comme le prétend Alain, le pessimisme est d’humeur et l’optimisme de volonté, nous nous devons d’agir, quel que soit notre place dans la maçonnerie, non seulement comme témoin, mais comme acteur.
En particulier par l’exemple.
Elle est impressionnante la galerie des sœurs et des frères maçons qui ont influencé, et souvent écrit quelques-unes des plus belles pages de notre histoire, et de l’histoire de l’humanité de Ferney à Washington. Certains d’entre eux comme Pierre Brossolette ou Jean Zay entrés récemment au Panthéon aux côtés de Genevière De Gaulle-Anthonioz et de Germaine Tillion, les ont même écrites non pas seulement de manière symbolique mais du sang de leur sacrifice. Nous devons nous inspirer de leur exemple, de leur engagement et de leur courage.
Cette influence n’est pas le fruit du hasard, mais résulte d’une tradition ancestrale qui repose à la fois sur des valeurs et sur une méthode qui font l’honneur et la richesse de la F :. M :. dans le Monde.
Les valeurs, ferment de notre Fraternité sont à défendre pied à pied, en tous lieux et en toutes circonstances, notamment celles du respect d’autrui dans ses croyances, dans sa foi et dans les valeurs laïques républicaines le ciment de notre société, mais aussi dans ses traditions et singularités, celles de l’attachement au travail et à la recherche de l’excellence, celles de la tolérance qui n’est pas laxisme, mais ouverture à l’autre, miroir de soi-même celle de la rigueur et de l’humilité.
C’est bien entendu à la culture de ces vertus-là que notre engagement maçonnique nous invite.
La maçonnerie nous apprend que notre épanouissement résulte de notre capacité à travailler sur nous-mêmes, à nous dépasser plutôt que de vouloir exercer un pouvoir sur autrui.
Nous privilégions à la culture de notre ego celle de la spiritualité.
Nous sommes à la recherche de l’universalité et de l’intemporalité aux antipodes de toute forme de domination.
Sans faire le discours de la méthode, à la Descartes, nous savons que c’est cependant grâce à celle qui s’exerce dans nos Ateliers que nous parvenons, avec plus ou moins de succès, mais toujours dans la bonne direction, à progresser dans des voies qui devraient inspirer largement aujourd’hui plus que jamais la vie profane politique et sociale.
Le rituel qui encadre, rythme et nourrit nos travaux, les symboles qui peuplent nos loges, les mythes qui alimentent nos réflexions, nos cérémonies et nos planches sont autant de jalons, de points de repère, de références de sources d’inspiration multi millénaires. Ils constituent un lien symbolique fort entre nous et fondent notre union.
Ces symboles ces mythes, ces références, sont le fruit des cultures pour certaines d’entre elles multi millénaires, par lesquelles s’exprime l’humanité. Ils appartiennent à tous.
La Franc-Maçonnerie s’est donnée pour mission de les rassembler, de permettre à tout initié, progressivement d’en découvrir le sens, la richesse, la résonance dans notre mémoire collective, mais c’est bien à l’humanité tout entière qu’ils appartiennent.
À nous de transmettre ce que la spiritualité qui s’en dégage nous inspire.
L’esprit doit reprendre le dessus sur les passions.
La tolérance et l’ouverture sur le repli sur soi.
La générosité et la mesure sur l’égoïsme et le consumérisme.
Nous avons dans ce domaine plus qu’un rôle à jouer, une responsabilité à exercer !
Le seul rempart contre la barbarie, le pillage des cœurs, la main mise sur les esprits, la négation de la dignité humaine, et l’absence de respect de notre environnement, c’est l’humanisme !
Soyons fiers d’être maçons au nom de nos illustres prédécesseurs, pensons en buvant l’eau du puits de ne jamais oublier ceux qui l’on creusé.
Quand Platon, Stendal ou Pasteur, remplaceront Ribéry ou autres stars du sport ou de la variété dans le cœur de nos enfants, l’Humanité sera sauvée...
Ayons le courage d’être aujourd’hui à la hauteur des défis que la Terre et l’Humanité doivent surmonter.
Soyons pleinement nous-mêmes, chacun à notre place fut elle modeste.
À cette place, ayons l’attitude, les gestes, les qualités de cœur qui s’imposent.
La fraternité, c’est comme le sucre dans le café, on ne le voit pas et pourtant quand il n’y en a pas il n’a pas le même goût, le monde n’a pas le même goût !
Ne laisser personne venir à vous et repartir sans être plus heureux, la fraternité est le viatique du F :.M :. le Grand Architecte est le viatique de la F :.M :.
Ne laisser personne venir à vous et repartir sans être plus heureux, la fraternité est le viatique du F :.M :. le Grand Architecte est le viatique de la F :.M :.
Mesdames et Messieurs les Elus représentants de la République,
Grande Maitresse, Grands Maîtres, Assistants GM, Mesdames et Messieurs et vous tous mes MBAF MBAS, Je suis certain qu’avec nos différentes sensibilités nous poursuivons le même but ; la recherche de la Vérité au service de la Concorde Universelle.
Continuons notre travail sans relâche, avec ferveur et foi en l’humanité, pour faire rayonner nos valeurs fraternelles, tous ensemble pour accompagner le changement de ce monde qui est en marche.
Merci d’être ce que vous êtes ! Je remercie le GLDL’U que nos chemins se soient rencontrés pour tenter de nous améliorer mutuellement en fraternité.
Soyez assuré de mon affection !
Marcel Laurent
Théiste (grec theos - Dieu) Toute croyance en un Dieu révélé et révélant, servi et agissant. Il s'agit de "l'Autre en Soi" autant que de l'Architecte de l'Univers. La GLCS se retrouve ainsi d...
Le site de la GLCS.
Régina Toutin Grande Maîtrsse adjointe (GLFF) et deux passées Grandes Maîtresses de la GLFF, Denise Oberlin et Catherine Jeannin-Naltet.
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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