Toujours dans la même veine que l'article que j'avais posté sur ce bloc-notes, intitulé Franc-Maçonnerie, politique et campagne présidentielle, je vous propose un article vu sur le site de La Croix :
Jugés très influents dans la politique française, les francs-maçons restent discrets face à la présidentielle bien que mobilisés, surtout au siège de la plus importante obédience en France, le Grand Orient de France (GODF).
"Nous avons un rôle à jouer dans la société et c'est sur la question de la laïcité. Cela fait partie de notre patrimoine", déclare Jean-Michel Quillardet, Grand Maître du GODF (47.000 "frères"), dans son bureau de la rue Cadet (IXe).
Les 130.000 membres de la quinzaine d'obédiences en France sont tous attachés à la tolérance et la liberté, mais impliqués à divers degrés dans le devenir de la République.
Le Grand Orient et la Grande Loge Féminine de France (GLFF, 12.000 "soeurs") ont interpellé les candidats sur la défense de valeurs-clés. La laïcité, la parité, la bioéthique et le droit de mourir dignement, figurent parmi les six questions de la GLFF.
Le GODF insiste aussi sur la laïcité dans le cadre de la loi de 1905, pour le centenaire de laquelle en 2005 ils avaient exceptionnellement défilé dans la rue en tablier blanc rituel.
Les candidats n'ont pas encore tous répondu aux six interrogations du Grand Orient. "Leurs réponses seront rendues publiques" avant l'échéance du 22 avril, précise M. Quillardet.
Mais "les membres de l'obédience se détermineront totalement librement" dans l'isoloir, dit-il.
Une position défendue par les principales obédiences, la Grande Loge Nationale Française (GLNF, 37.000 membres) et la Grande Loge de France (GLDF, 28.000 membres).
"Nous sommes de ceux qui n'avons rien à dire en matière d'élection, quelle qu'elle soit et de politique quelle qu'elle soit", souligne le Grand Secrétaire de la GLNF, Jean-Pierre Pilorge. Liée à 6,5 millions d'autres "frères" dans le monde, elle est tournée vers la spiritualité.
Davantage engagés dans les combats de société, le GODF et la GLDF sont à l'origine de plusieurs législations.
La Loi Veil de 1975 sur la contraception et l'avortement émane d'une sommité de la GLDF, Pierre Simon, gynécologue, co-fondateur en 1956 du Mouvement français pour le planning familial.
Le Grand Maître de la GLDF Alain Graesel souligne que l'obédience "n'est pas dans la politique au jour le jour. Nous sommes dans les enjeux - mais qui dépassent la politique - de nos sociétés".
Fait inhabituel, en 2002, le Grand Orient avait appelé au boycottage du candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen au second tour.
"Le Grand Orient est la seule obédience qui prenne position sur le plan politique", explique à l'AFP Alain Bauer, ancien Grand Maître.
Ce spécialiste de la délinquance, considéré par ses pairs comme un proche du candidat UMP Nicolas Sarkozy, regrettait en mars dans Le Monde qu'"il manque ce formidable haut-parleur que sont la mise en forme et la publication des meilleurs débats, des meilleures propositions".
Pourtant, les contacts ne manquent pas au GO, dont l'influence avait atteint son apogée sous la IIIème République.
Cette obédience reçoit d'habitude les grands présidentiables jusqu'à six mois avant l'échéance. Mais il n'y a eu cette fois-ci que le centriste UDF François Bayrou. Cela n'a pas été possible "pour des raisons de calendrier" pour la socialiste Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy intronisés trop tard par leur parti, explique M. Quillardet.
Toutefois, le candidat UMP a participé à au moins un dîner parisien organisé par l'association inter-obédientielle Dialogue et Démocratie en février.
"Je ne sais pas si nous (francs-maçons) sommes écoutés mais nous sommes entendus", dit M. Quillardet pour lequel le Grand Orient se doit "de rester indépendant".
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