Edicom reprend Associated Press pour rendre compte de l'état de santé du premier ministre israélien : "Ariel Sharon mène son dernier combat. Après sept heures d'intervention chirurgicale d'urgence dans la nuit pour arrêter une hémorragie cérébrale massive, le Premier ministre d'Israël était jeudi sous sédation lourde et prolongée à l'hôpital Hadassah de Jérusalem. Une dégradation brutale qui semble rendre quoi qu'il arrive improbable son retour au pouvoir, et plonge toute la région dans l'incertitude, à l'heure d'échéances électorales cruciales." (...) "A l'hôpital Hadassah de Jérusalem, après toute une nuit d'opération au cours de laquelle le Proche-Orient aura retenu son souffle, les médecins ont annoncé jeudi avoir mis leur patient sous sédation prolongée et sous respirateur pour au moins 24 heures. Un coma artificiel destiné à éviter une trop forte pression dans la boîte crânienne.
Selon le patron de l'hôpital Shlomo Mor-Yosef, Ariel Sharon était dans un état «grave mais stable», et les paramètres vitaux conformes à ce à quoi on peut s'attendre au vu de son cas."
Voici les principales réactions de la presse israélienne à l'état de santé d'Ariel Sharon.
Haaretz titre son editorial "La fin d'une ère" : "Même s'il survit, il (Sharon) aura du mal à retourner au travail". "Il lui sera très difficile de convaincre l'opinion qu'il est capable, après deux attaques cérébrales en deux semaines et demi, de servir quatre autres années supplémentaires".
Jerusalem Post titre "Les chirurgiens luttent pour sauver le Premier ministre" : "La loi n'est pas claire sur ce qui devrait se passer si Sharon venait à disparaître, car le gouvernement est déjà un gouvernement de transition qui n'est pas responsable devant la Knesset", le Parlement. Dans ce cas de figure, "les élections devraient apparemment être maintenues à leur date prévue, Ehud Olmert (vice-Premier ministre) assurant l'intérim jusqu'à cette échéance"
Yédiot Aharonot : "Ses chances de recouvrer la santé sont minces".
"Tout le pays se retrouve sans réponse, partagé entre la stupeur et la crainte (...) Le peuple tout entier prie (...) Qu'ils soient de gauche ou de droite, religieux ou laïcs, les Israéliens savent qu'il y a des moments où il n'y a rien d'autre à faire que prier".
Maariv : "Sharon lutte pour sa vie, et il s'agit peut-être de son dernier combat". Le journal cite des proches du Premier ministre qui espèrent "un miracle". Dans son éditorial, le rédacteur en chef du journal, Amnon Dankner, s'adresse directement à Ariel Sharon avec ces mots: "M. le Premier ministre, soyez fort, avant tout, soyez fort et en bonne santé".
Le Nouvel Observateur revient sur le parcours politique d'Ariel Sharon :"Ariel Sharon, longtemps champion de la colonisation et adulé par la droite nationaliste israélienne, est devenu la bête noire de sa frange extrémiste qui s'oppose à grands cris au retrait de Gaza.
"Dictateur", "traître", "menteur", "celui qui brade la Terre d'Israël", ne sont qu'un échantillon dans le florilège de qualificatifs que ses opposants attribuent à celui qui va rendre la bande de Gaza aux Palestiniens après 38 ans d'occupation.
Autant d'adjectifs impensables à l'adresse de Ariel Sharon, 77 ans, avant son élection triomphale au poste de Premier ministre le 6 février 2001, et même peu après sa réélection également sans appel le 28 janvier 2003.
Mais ce général à la retraite, père des commandos d'élite de l'armée israélienne, authentique baroudeur, souvent indiscipliné et qui affirme ignorer la peur, semble insensible à ces critiques." (...)
"La métamorphose du personnage est telle qu'il est désormais adulé non seulement pas les médias israéliens mais aussi par de larges franges de la presse mondiale, en particulier en France, après sa récente visite à Paris.
Une visite qui aura été l'occasion pour ce dirigeant qui n'a pas souvent été en odeur de sainteté à l'Elysée, d'être reçu très chaleureusement par le président français Jacques Chirac."
"Fin novembre, le Premier ministre israélien a créé la surprise en annonçant qu'il quittait le parti qu'il avait lui-même créé il y a 32 ans, le Likoud, et en demandant la dissolution de la Knesset (parlement) afin de permettre la tenue d'élections anticipées. Il a ainsi officialisé la création d'un nouveau parti centriste, Kadima. Et motivé sa décision par son souhait d'une formation politique qui œuvrerait "pour la paix" avec les Palestiniens. "Il n'y a aucun changement par rapport à la Feuille de route (...) Je suis prêt à faire des concessions douloureuses pour une paix durable mais je n'ai pas changé et je ne changerai pas sur les questions de sécurité". Cette initiative, sans précédent, redessine une carte politique israélienne traditionnellement fondée sur le bipartisme et qui sera désormais composée de trois blocs : le parti d'Ariel Sharon (centre-droit), les travaillistes (centre-gauche) et le Likoud (droite nationaliste), qui pourrait se trouver reléguer au rang de troisième parti du pays.
Une chose apparaît sure : le chef du gouvernement a tenté ici le plus gros pari de sa carrière politique et militaire. "
Libération note que "en tête des sondages, Kadima, le parti tout juste créé par lui et autour de lui, se trouve fragilisé" (...) "les prochaines élections –maintenues au 28 mars– paraissent moins jouées d'avance, dès lors que le succès annoncé de Kadima, le nouveau parti d'Ariel Sharon, ne peut plus reposer sur la seule réputation de ce dernier.
Dans ce parti, trois personnalités peuvent postuler à sa succession. D'abord, rouage institutionnel oblige, Ehud Olmert, 60 ans, qui assume depuis jeudi matin les fonctions de Premier ministre par intérim. Ancien maire de Jérusalem, politicien habile proche de Sharon, il a récemment lancé quelques «ballons d'essai» au nom de ce dernier –sur l'évacuation de Gaza, sur des négociations avec les Palestiniens. Des idées qui ne sont pas de simples messages mais traduisent sa propre évolution: de «prince héritier» d'un Likoud de droite à un homme d'Etat centriste. Face à lui, Tzipi Livni, 47 ans, ministre de la Justice, elle aussi issue du nationalisme, a modifié peu à peu ses positions en faveur de concessions aux Palestiniens et s'est employée à déblayer le terrain devant Ariel Sharon avant l'évacuation de Gaza. Enfin, Shaul Mofaz, 56 ans, ministre de la Défense, ancien chef d'état-major, s'il jouit de l'aura militaire, est un novice politique. Du moins, se sera-t-il montré un fidèle du Premier ministre. Deux partis affronteront «Kadima»: le Likoud, sous la conduite de Benyamin Nétayahou, rival de toujours d'Ariel Sharon, et le parti travailliste, dirigé par Amir Peretz, nouvel élu à sa tête, syndicaliste de choc qui entend infléchir son parti à gauche."
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