Nous pensons - comme souvent - que l'allumage de la flamme Olympique et son relais jusqu'au lieu des Jeux est un geste que les sportifs Olympiens font "de tous temps", et même depuis les Olympiades de l'antiquité à Olympie en Grèce.
Or il n'en est rien.
Si dès 1928 il y a ce que nous pourrions appeler une "retraite aux flambeaux" dans le stade où se déroulent les jeux, l'allumage de la flamme Olympique sur site en Grèce et le relais de cette flamme jusqu'au site des jeux
Le relais de la flamme Olympique ne date ni de l'Antiquité ni de 1928, mais des Jeux Olympiques de Berlin de 1936 qui vont être un instrument de propagande extraordinaire pour Hitler, Goebbels, Himmler et consorts et pour l'idéologie raciste antisémite et guerrière du nazisme triomphant.
En effet dans l'idéologie nazie le grand sportif blond, musclé, aryen, allemand, qui vit sainement à la campagne, ancré dans sa terre, s'oppose au citadin, au juif, communiste, socialiste, franc-maçon, à l'intellectuel (de gauche) cosmopolite par nature et poison du "peuple vrai".
Pour illustrer cet imaginaire nazi regardez les deux images ci-dessus : Une statue d'Arno Breker, le sculpteur officiel du IIIème Reich apologiste du sportif musclé et viril et l'une des multiples affiches de propagande électorale du NSDAP (le parti nazi) où l'on voit clairement le grand blond aryen musclé et sportif contre la "vermine" (c'est leur terme) communiste, juive, maçonne et financière.
C'est donc peu dire que les Jeux Olympiques sont pour les Nazi une opportunité incroyable de faire une œuvre de propagande magistrale.
Les démocrates ne s'y étaient d'ailleurs pas trompé en voulant organiser des Olympiades populaires (Olímpiada Popular en catalan, Olimpiada Popular en espagnol, People's Olympiad en anglais) qui auraient du avoir lieu à Barcelone du 19 au 26 juillet 1936, organisées en protestation contre la tenue des Jeux olympiques de Berlin organisés par Hitler.
Conçues comme des Jeux antifascistes et antinazis, elles n'auront pas lieu à cause du coup d'état militaire du général Franco, lancé par son pronunciamento du 18 juillet 1936, qui déclenche le début de la guerre d'Espagne. Franco soutenu par l'Allemagne nazie d'Hitler et l'Italie Fasciste de Mussolini.
Tout est cohérent...
Dans l'idéologie nazie il y a une continuité des "aryens". Pour eux (même si aujourd'hui nous savons que c'est complètement idiot) , les grecs, les romains, les perses, sont aryens, tout comme les peules nordiques et scandinaves et évidemment le peuple allemand.
C'est bien cette idée centrale que nous retrouvons dans l'officielle des jeux de Berlin 1936. Le héros Grec, l'imperator romain, la force, la puissance...
Conformément à l'idéologie développée par la SS d'Heinrich Himmler il était important aussi de redonner du lustre aux cérémonies païennes. En effet c'est au château de Wewelsburg qu'Himmler dote la SS d'une nouvelle religion nazie, forcément païenne puisqu'il s'agit de remettre à l'honneur les dieux germaniques et scandinaves ainsi que les panthéons romains et grecs.
Il fallait pour Himmler en finir avec le christianisme, religion forcément "enjuivée" (eh oui Jésus était juif...) et importée par des peuples sémites et créer une nouvelle religion aryenne et nationale socialiste.
C'est pourquoi il fut décidé d'allumer la flamme à Olympie et que ce soit des "prêtresses" antiques qui allument la flamme par une cérémonie païenne, donc aryenne, donc nazie, et que cette flamme relie concrètement la Grèce et la Rome antique à l'Allemagne aryenne et nazie du IIIème Reich.
C'est bien cette symbolique qui a été originellement voulue par Hitler
La flamme, allumée à Olympie est transportée jusqu'à Berlin par 3.075 athlètes qui se relayèrent jour et nuit, la flamme olympique parcourut plus de 3.000 kilomètres en douze jours.
C’est Fritz Schilgen qui aura l’honneur d’être le dernier relayeur. Il s'agissait d'un athlète allemand spécialiste des épreuves de demi-fond, choisi avant tout pour ses yeux bleus, ses cheveux blonds et sa foulée élégante, plutôt que ses performances sportives
Il répondait en effet aux critères de la jeunesse allemande idéalisée par Adolf Hitler et les nazis : élégante, sportive, combattive... et aryenne...
Cela ne choquait évidemment pas le fondateur des JO modernes, Pierre de Coubertin, réactionnaire, ouvertement colonialiste « dès les premiers jours, j'étais un colonial fanatique », raciste (« Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d'essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance ») et antisémite promoteur d'un sport d'élite, antidémocratique en opposition au sport santé hygiéniste et égalitaire que promeut la IIIème République Radicale Socialiste. Là encore - et dès le début - opposition des valeurs...
Rassurez vous (si je puis dire...), le belge Henri de Baillet Latour, qui avait succédé en 1925 à Pierre de Coubertin (devenu Président d'Honneur à vie) à la présidence du Comité International Olympique (CIO) était tout autant antidémocrate, anticommuniste, raciste et antisémite que son prédécesseur. Il dira son admiration pour la "culture germanique" incarnée par l'Allemagne nazie et Hitler, parlera des "barbares soviétiques" et de la "responsabilité des juifs" dans la déclaration de la guerre...
Je sais que - depuis 1948 - il paraît que le relais de la flamme à travers les différents pays (et cette année jusqu'à Paris) est le symbole de l'alliance et de la fraternité entre les peuples.
Je veux bien le croire.
Mais moi, je ne sais pas pourquoi, je pense que cette après-midi je vais relire quelques pages des Valeureux ou de Belle du Seigneur d'Albert Cohen plutôt que de regarder la télévision...
Jean-Laurent Turbet
La Flamme à Berlin en 1936
1936, les Jeux olympiques nazis de Berlin : inauguration du relais de la flamme olympique
Les Jeux olympiques de 1936 sont les premiers à mettre en scène le relais de la flamme olympique. Pour en savoir plus sur ce nouveau rituel, la propagande nazie, et les Jeux olympiques de Berlin, en
Le « Blog des Spiritualités », est un site d'information libre et indépendant traitant de spiritualités, de symbolisme, d'ésotérisme, d'occultisme, d'hermétisme, d'Initiation, de religion, de franc-maçonnerie, de mouvements spirituels, etc...
Chaque contributeur ou contributrice, écrit en son nom personnel. Il ou elle signe ses articles.
Chaque signataire d'article est responsable de l'article qu'il rédige.
Sauf mention contraire explicite, chaque contributeur n'écrit ni au nom d'une association, ni d'un parti politique, ni d'une obédience maçonnique, ni d'une loge maçonnique, ni d'un mouvement spirituel... Mais bien en son nom personnel.
Les propos des signataires d'articles n'engagent qu'eux.
et non pas l'une ou l'autre des associations dont ils sont éventuellement membres.
La liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
La Rédaction du Blog des Spiritualités
Pour tout contact : Redaction@jlturbet.net
Commenter cet article