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Le Blog des Spiritualités

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Gnose, Esotérisme, Franc-maçonnerie, Hermétisme, Illuminisme, Initiation, Kabbale, Martinisme, Occultisme, Religions, Rose-Croix, Spiritualités, Symbolisme, Théosophie, et toutes ces sortes de choses...


Alain Bernheim : Les Landmarks, Robert F. Gould et Marius Lepage... Une précision importante.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 4 Novembre 2014, 20:00pm

Catégories : #Franc-Maçonnerie, #GLDF, #REAA, #Lepage, #Gould, #Landmarks, #Régularité, #Bernheim

Alain Bernheim

Alain Bernheim

Alain Bernheim est un lecteur attentif de ce bloc-notes. J’en suis à la fois très heureux et très honoré.

 

D’autant qu’Alain Bernheim est un historien de la Franc-Maçonnerie de renommée internationale. Il a écrit de nombreux ouvrages qui font autorité.

 

Je pense notamment à « Une certaine idée de la Franc-Maçonnerie  », « Le rite en 33 grades, de Frederick Dalcho à Charles Riandey  »,

 

Il est un grand spécialiste du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Peut-être le meilleur.

 

Initié au Grand Orient de France en 1963, Alain Bernheim appartient aujourd’hui à la Grande Loge Suisse Alpina (Masonry Universal No. 40), à la Grande Loge Régulière de Belgique (PM d’Ars Macionica No. 30 )  et à la Grande Loge Unie d’Angleterre.

 

Il est également CBCS, Visiteur Général d'Honneur du Grand Prieuré de Belgique et membre du Royal Order of Scotland.

 

En 2009, la Scottish Rite Research Society (Washington, D.C.) lui a accordé sa plus haute distinction, l'Albert Gallatin Mackey Award for Lifetime Achievement, et le Suprême Conseil de France lui avait déjà décerné le Prix Caroubien 2011.

 

 

En juin 2014, il devient membre d'honneur du Suprême Conseil de France.

Il a souhaité réagir à un article que j’ai publié, intitulé « GLDF : Histoire de la fondation de la Grande Loge de France : 1894 – 1904 ».

Un frère, qui a souhaité rester anonyme (je l’ai appelé « le frère X ») m’avait envoyé un article très intéressant concernant la fondation de la Grande Loge de France. C’est pour cela que je l’ai publié.

 

Cet article a beaucoup plu aussi à Alain Bernheim.

 

Il a souhaité simplement apporter une précision à une proposition faite par le frère X dans son article. Il complète bien ce que le frère X a écrit. Il y parle notamment de Marius Lepage (photo ci-contre). Lepage fut initié dans la loge « Volney » de Laval du Grand Orient de France le 24 janvier 1926, loge qu'il dirigea sans interruption de 1946 à 1963, date à laquelle il quitte la GODF pour rejoindre la Grande Loge Nationale Française où il va créer la loge "Ambroise Paré".

Voici le message d’Alain Bernheim qui est – comme de coutume – précis, érudit et éclairant :

L’article de notre Frère X est bien intéressant.

Puis-je me permettre, à propos de sa remarque qu’il a judicieusement mise au conditionnel :

 

« Cela n’a pas échappé à Robert F. Gould qui, en 1886, prend part à la fondation de la loge de recherche londonienne Ars Quatuor Coronati. Au sujet des “landmarks”, il aurait dit que : “personne ne sait ce qu’ils doivent contenir ou exclure. Ils ne dépendent d’aucune autorité humaine car ils sont toujours invoqués et déclarés en péril quand un opposant nous agresse, et toujours passés sous silence quand nous portons nous-mêmes l’attaque”. »

 

de citer un extrait d’un article que j’ai publié en 1988 (extrait de Alain Bernheim, « R.F. Gould, Marius Lepage et les landmarks ». Renaissance Traditionnelle 73-74 (1988): pp. 73-76) :  

 

La plupart des Maçons français connaissent les lignes suivantes qui se trouvent page 96 de L'ORDRE et les Obédiences (1956) de Marius Lepage :

(En ce qui concerne les landmarks), personne ne sait ce qu'ils contiennent ou ce qu'ils excluent. Ils ne se rapportent à aucune autorité humaine, parce que tout est landmark pour l'interlocuteur qui veut vous réduire au silence, mais rien n'est landmark de ce qui lui barre le chemin...” (Cité par “The Masonic World”, organe officiel de la Grande Loge de Missouri. Edition 1955).

 

Depuis que j'ai lu ces mots que Lepage prête à Robert F. Gould, j'ai toujours douté que leur attribution fût exacte. Mais Lepage qui était un historien consciencieux et l’un des très rares Maçons français à avoir une connaissance raisonnable de la littérature maçonnique anglo-saxonne, s'était sans doute aussi posé la question de savoir où Gould avait bien pu écrire ces mots étranges... pour Gould !

 

[…]

 

Toujours est-il que lorsque je vis resurgir les mots que Lepage prête à Gould à l'article LANDMARK du Dictionnaire... (publié) sous la direction de Daniel Ligou, je décidai de repartir en chasse dans les écrits de Gould et dans les articles que AQC a consacrés à cette notion. Rien. […]

 

Et puis, en consultant la Masonic Encyclopedia de Coil (1961), j'y trouve la phrase de Gould avec une référence précise : “Vol II, p. 59”. Autre édition, autre pagination. Il s'agissait de l'édition pirate publiée aux Etats-Unis par Yorston & Co, édition en quatre volumes et bien utile, car elle comprend presque un volume entier écrit par des auteurs américains et consacré au développement de la Franc-Maçonnerie américaine. Mon exemplaire porte la date de 1889. Pour ceux qui ne connaissent que les premières éditions anglaises, en six ou en trois volumes, qui, jusqu'à l'édition de 1931 en cinq (!) volumes, ont une pagination quasi identique (le remarquable article de Hewitt dans AQC 85, 1972, aide à s'y retrouver), la référence de l'édition américaine correspond au premier tome des éditions anglaises, page 439. Voici ce qu'on y lit à la note 1, (le texte est strictement identique dans les deux éditions, on trouve enfin, en anglais, les mots que Lepage cite en français et qui sont reproduits supra) :

 

Of the Ancient Landmarks it has been observed, with more or less foundation of truth : “Nobody knows what they comprise or omit: they are of no earthly authority, because everything is a landmark when an opponent desires to silence you, but nothing is a landmark that stands in his own way.” (Freemasons’ Magazine, February 25, 1865, p. 139).

 

renaissance-traditionnelle.org: Renaissance Traditionnelle | Revue d'études maçonniques et symboliquesFond�e en 1970 par Ren� D�saguliers, ind�pendante de toute attache ob�dientielle, Renaissance Traditionnelle est une revue d'�tudes ma�onniques et symboliques qui a pour but de publier des travaux et des documents qui fassent mieux comprendre et mieux aimer la tradition de la Franc-ma�onnerie dans sa double dimension : historique et spirituelle.Si les lecteurs de Renaissance Traditionnelle ont encore la patience de m'accompagner quelques instants, je me permettrais de faire deux remarques. La première est que Lepage qui avait cueilli cette phrase dans une revue américaine, l'avait traduite à la perfection. La seconde est la suivante : bénis soient les auteurs qui citent (presque) exactement leurs sources, en l'occurrence Gould. En effet, la phrase que lui attribuait, d'après Lepage auquel je fais confiance, le Masonic World de la Grande Loge du Missouri en 1955, cette phrase n'était pas de Gould, mais de quelqu'un d'autre.

 

Je brûlais, j'allais savoir... Il suffisait d'écrire à Londres et de poser la question : qui avait écrit l'article, page 139, dans le Freemasons' Magazine (and Masonic Mirror... Personne n'est parfait !) daté du 25 février 1865 ? Hélas ! Je reçus bien quelques jours plus tard photocopie de ladite page et même de la précédente et de la suivante, mais rien n'indiquait un quelconque auteur : il s'agissait de questions posées par les lecteurs et de réponses non signées. La question posée concernait les hommes ayant des tares physiques : pouvait-on les initier ou non ? Le demandeur devait avoir à l'esprit les mots de la Charge IV d'Anderson

 

... and unless he be a perfect Youth, having no Maim or Defect in his Body, that may render him uncapable of learning the Art, of serving his Master's Lord, and of being made a Brother... (Et à moins qu'il ne soit un adolescent sain, sans mutilation ni tare physique le rendant impropre à apprendre l'Art, servir le Seigneur de son Maître et être fait Frère...

 

Et la réponse qui contenait bien les mots déjà cités deux fois, cette réponse n'était pas signée. Qui, au moins, était le rédacteur en chef du Freemasons' Magazine en février 1865 ? Même cela, personne ne le savait. A cette époque il semble que les périodiques maçonniques anglais observaient une certaine prudence et exprimaient leurs idées sous le voile de l'anonymat... L'histoire, les lecteurs de Renaissance Traditionnelle en conviendront, est un perpétuel recommencement. Voilà où en est la question de Gould et des landmarks. Il reste à espérer qu'un lecteur, un jour, viendra nous tirer de l'incertitude. Ce devrait être quelqu'un du genre que décrivait l'immense historien irlandais que fut W.J. Chetwode Crawley, décédé le 13 mars 1916, qui écrivait quelque vingt ans plus tôt

 

The question of discovering the source is not without attraction to a certain class of mind, which finds its pleasure rather in the ardour of the chase than in the value of the quarry (AQC 10, 1897, p. 58).

 

Une espèce, malheureusement, en voie de disparition.

 

Alain Bernheim

 

 

Merci beaucoup à Alain Bernheim pour cette précision et ses propos toujours aussi éclairants !

 

 

Jean-Laurent Turbet

 

 

° Pour aller plus loin :

 

 

° Heredom N°21 : un article intéressant d’Alain Bernheim, sur ce  site.

 

° Alain Bernheim, membre d'honneur du Suprême Conseil de France, sur ce site.

 

° Alain Bernheim, « régularité et reconnaissance » , sur ce site.

 

° Alain Bernheim et la censure, sur ce site.

 

° Les livres d’Alain Bernheim , sur Amazon.

 

° Le site internet  d’Alain Bernheim.

 

° Les articles d'Alain Bernheim , sur le site Pietres-Stones of Freemasonry.

 

° Une biographie d'Alain Bernheim , sur le site de Renaissance Traditionnelle.

 

 

 

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

Commenter cet article

I
Je respecte infiniment tous mes frères historiens de la maçonnerie, et bien entendu nul autre qu'Alain Berheim ne pouvait soulever la puissantes question des landmarks, que personnellement je note comme quasi absents de tous les Régius et autres réglements pour faire la sieste qu'on cherche à nous présenter comme antécédents. Landmarks landmarks... !!! A quand une étude croisée, en échelle, pour déterminer les fondements universels transversaux aux rites ?
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