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Le Blog des Spiritualités

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Valence : les cléricaux espagnols veulent honorer leurs «martyrs» franquistes.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 17 Août 2007, 10:36am

Catégories : #Religions

En vacances à Teuleda-Moraira dans la région de Valence en Espagne (c’est chouette il fait beau et chaud !) j’ai pu prendre connaissance dans la presse locale du projet de l’archevêque de Valence, Agustin Garcia-Gasco, qui veut installer dans sa bonne ville un sanctuaire en hommage aux religieux tués pendant la guerre civile.
 
Avec la bénédiction des autorités ecclésiastiques espagnoles actuelles ce mémorial se veut le symbole des «persécutions religieuses» des années 30.
 
L’ultra conservateur Garcia-Gasco, heureusement bientôt à la retraite, est donc bien en phase avec sa hiérarchie qui le soutient totalement dans ce projet.
 
Les touristes nostalgiques du fascisme – pardon, on dit franquisme en Espagne – pourront donc bientôt visiter à Valence un monument à la gloire du national-catholicisme de Franco.
 
En effet, les travaux de ce temple design de 3000m2 construit sur les restes de l’usine chimique de Cross (près de la mer et de l’auditorium Hemisfèric) en sont à leur dernière phase. Les deux architectes de ce monument sont MM Aloy et Ordura (sic).
 
Il servira bien entendu de paroisse où près de 900 fidèles pourront prier à la mémoire des séides de Franco.
 
Selon ses initiateurs ce projet à vocation à rendre hommage aux centaines de religieux valenciens assassinés au début de la guerre civile (1936-1939) par les milices anarchos-communistes.
 
L’épiscopat espagnol : l’un des plus réactionnaires d’Europe.
 
Après le putch du général Franco en juillet 1936, l’église catholique espagnole s’est immédiatement rangée du côté de la sédition franquiste.
 
Cette attitude avait exacerbé l’anticléricalisme des défenseurs du régime légal de l’Espagne, à savoir la Deuxième République, née en 1931.
 
franco.gifDès l’été 1937 la hiérarchie catholique signait un «pacte de sang» avec le dictateur. Dans la lignée de la Limpieza de Sangre de l’église catholique de la Reconquista auquel le Pacte fait explicitement référence.

Je ne peux ici relater toutes les horreurs du franquisme. Mais l’église catholique a soutenue des deux mains ce régime et ne regrette rien aujourd’hui.
C’est un peu normal, le régime franquiste se définissant comme catholique et pourchassant tout ce qui ne l’était pas. Un article du supplément du journal El Pais N° 1611 de cette semaine cite quelques passages d’un livre de Miguel Delibes, El Hereje : «Sin olvidar la represion franquista contra todo lo no catolico en general, y lo protestante en particular».
 
L’épiscopat espagnol estime que 6 832 religieux dont 4 184 prêtres et 12 évêques ont été tués à l’époque.
 
Depuis l’église espagnole ne cesse de militer pour que ses victimes soient reconnues en tant que «martyrs» dont on précise qu’ils ont été tués «par haine de leur foi».
 
Comme si aucun hommage ne leur avait jamais été rendu. Au contraire, les victimes ont reçus sous le franquisme des hommages officiels ad nausaeam car jusqu’en 1975 le sabre et le goupillon faisaient bon ménage en Espagne.
 
Ils étaient même les héros et martyrs officiels du régime dictatorial.
 
Franco a dépensé des fortunes pour offrir une sépulture digne à tous ceux «tombés pour Dieu et pour la Patrie», les militaires, mais aussi les prêtres, les religieuses et les évêques.
 
Julian Casanova, un historien espagnol rappelle que pendant le franquisme, «innombrable étaient les cortèges religieux en mémoire des martyrs qui traversaient solennellement villes et villages vers les cimetières et les chapelles. Mais pour l’Eglise ce n’était pas suffisant, il fallait aussi les béatifier».
 
Il précise d’ailleurs que «le problème n’est pas que l’Eglise honore ses martyrs, c’est son droit le plus légitime. Ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’elle demeure l’unique institution qui, en plein XXIème siècle, défend la mémoire des vainqueurs de la guerre civile et continue d’humilier les familles des vaincus».
 
En effet, jamais rien, pas un mot de l’église catholique espagnole pour les centaines de milliers de victimes du franquisme…
 
L’alliance de fait entre le régime franquiste et l’église n’a jamais donné lieu depuis le retour de l’Espagne dans le giron démocratique à un mea culpa de la part de cette dernière.
 
A une exception près – le cardinal Tarancon dans les années 70 – les responsables de l’épiscopat ne se sont jamais démarqués de la dictature, bien au contraire. C’est le bon temps du franquisme qui est loué le dimanche dans les églises espagnoles.
 
Non seulement il n’y a eu aucun repentir, ce qui aurait été la moindre des choses, mais jamais une excuse, jamais un mot pour les centaines de milliers de victimes du franquisme ou leur familles.
 
Au contraire : l’église catholique espagnole est aujourd’hui la grande nostalgique du franquisme en Espagne. L’archevêque Garcia-Gasco n’est pas un marginal. Il a le soutien plein et entier de sa hiérarchie et de l’ensemble des ses collègues prélats espagnols.
 
L’église catholique espagnole est aujourd’hui l’une des plus réactionnaires d’Europe, avec l’église polonaise. Elle a par-dessus tout vénéré son pape réactionnaire polonais.
 
Elle peut aujourd’hui compter sur un allié de poids : le pape Benoît XVI.
 
Avec le soutien actif du Vatican :
 
franco-eglise-2.jpgLe projet de sanctuaire n’aurait pas pu voir le jour il y a 25 ans.
 
L’église catholique voguait alors sur les vagues œcuméniques et tolérantes de Vatican II.
 
Il est de plus de notoriété publique que les papes Jean XXII et Paul VI détestaient Franco.
 
Tout a changé avec Jean-Paul II et le tournant réactionnaire qu’il donnât à la théologie catholique, épaulé en cela par le fidèle cardinal Ratzinger, nommé par lui à la tête de la Sacré Congrégation pour la doctrine de la foi (anciennement l’Inquisition, fondée justement en Espagne et à la triste réputation que l’on connaît) qu’il dirigeât pendant plus de 20 ans.
 
Prenant le contre-pied de son prédécesseur, le cardinal Sepper, Ratzinger allait faire de la Sacrée Congrégation, avec la bénédiction et les encouragements de Jean-Paul II, l’arme de la reconquête réactionnaire de l’Eglise catholique.
 
Œuvre que Ratzinger, devenu Benoît XVI, poursuit et amplifie allègrement aujourd’hui. On se réfère en cela à la permission de célébrer la messe de rite Tridentin (bonjour les traditionalistes) et la déclaration récente que seule l’église catholique est bien la voie du salut (exit les protestants).
 
N’oublions pas que c’est Jean Paul II qui a voulut, en octobre 2002, la canonisation d’Escriva de Balaguer, le fondateur (là encore espagnol) de l’Opus Deï.
 
En 2001, 226 religieux valenciens morts pendant la guerre civile ont été béatifiés.
 
En 2005, le Vatican a donné son onction à la béatification de 250 autres prêtres de la région.
 
A la fin du mois d’octobre 2007,  498 religieux espagnols encore seront béatifiés à Rome.
 
Jean-Paul II hier comme Benoît XVI aujourd’hui ne cessèrent de donner des gages à la frange la plus réactionnaire de l’église catholique.
 
Contre le gouvernement socialiste de Zapatero :
 
L’affaire du sanctuaire arrive à point nommé et n’est pas le fruit du hasard.
 
L’église catholique et les conservateurs de tout poil (mais c’est un pléonasme en Espagne) entendent prendre à contre-pied le gouvernement espagnol.
 
Que prépare donc de si terrible le gouvernement de José Luis Zapatero ?
 
Tout simplement une loi, dite de la «Mémoire Historique», en faveur des victimes du franquisme, que le parlement devrait voter en septembre. Rien qui semble plus normal. Ce qui nous étonne de l’autre côté des Pyrénées est qu’elle n’ait pas été prise depuis longtemps… Franco est mort il y a 32 ans…
 
Cette loi prévoit des réparations morales pour les victimes du franquisme et leurs descendants, l’éradication des symboles de l’ancien régime (noms de rues, statues etc…) et probablement le changement se statut du Valle de los Caidos (La «Vallée des Tombés»), mausolée et lieu de culte de Franco, qui se trouve à environ 100 kms de Madrid.
 
Sous l’impulsion des partis de gauche, la Basilique de la Valle de los Caidos pourrait être transformée en musée. Un changement auquel bien évidemment s’oppose farouchement le Parti Populaire, les nostalgiques du franquisme, ainsi que l’épiscopat (mais en fait c’est les mêmes…). On pourrait proposer une autre solution : pourquoi ne pas tout bonnement la détruire?
 
Le projet de loi sur la «Mémoire Historique» a spécialement provoqué la colère des évêques espagnols. Normal, ils étaient les meilleurs soutiens du régime franquiste et en sont aujourd’hui les thuriféraires.
 
La contre attaque cléricale se manifeste avec d’autant plus de fougue que l’épiscopat espagnol est en guerre ouverte contre le gouvernement Zapatero.
 
On se croirait encore au temps de l’Inquisition lorsqu’on entend des prélats espagnols dire que les socialistes travaillent «en faveur du mal»! Et oui, en 2007 en Espagne on en est encore là !
 
Tout cela parce que le gouvernement socialiste a voté des lois en faveur du droit des homosexuels, pour faciliter le divorce ou pour pouvoir effectuer des recherches sur les cellules souches.
 
Et surtout, last but not least, parce qu’il a  mis fin au catéchisme obligatoire à l’école!
 
Le Parti Populaire souffle sur les braises. On oublie trop souvent en France, en le considérant comme un parti de droite «normal», combien il est intimement lié à la période franquiste. Certes ce n’est pas le parti du franquisme mais bien souvent c’est du franquisme recyclé, du franquisme light, ultra catholique et réactionnaire.
 
D’ailleurs, le maire de Valence, qui appartient au Parti Populaire, soutient le projet de sanctuaire de l’église espagnole.
 
En plus, la mairie veut étendre le cimetière de la ville sur une gigantesque fosse commune où gisent 26 500 républicains fusillés par les franquistes.
 
De très nombreuses voix en Espagne s’élèvent d’ailleurs contre ces deux projets et les démocrates espagnols considèrent que l’affaire du sanctuaire relève de la provocation pure et simple.
 
En Espagne, comme ailleurs en Europe, les vieux démons ne sont pas morts.

 

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

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R
bravo pour ce billet.sur le parti populaire:ces racines franquistes expliquent notamment pourquoi il n'y a pas de conccurents à droite.Même chez les jeunes du PP, la rapport avec la guerre civil est trouble.Je me souviens d'une interview l'année passé  dans la Vanguardia d'un élu PP (la chose est peu fréquente en Catalogne mais y'en a) trentenaire à la generalitat de catalunya qui mettait sur le même plan victimes du franquisme et tenant du régime de Franco...
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