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Le Blog des Spiritualités

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RPMF : La ballade irlandaise des frères français...

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 26 Novembre 2013, 18:21pm

Catégories : #Franc-Maçonnerie, #Gldf, #CMF

GLIrland.jpgNous avons appris par un communiqué de son Vénérable Maître,  Jean-Claude Dorion, la création de la loge « France d'Irlande 884 » de la Grande Loge d'Irlande.

Cette nouvelle loge a été consacrée le samedi 26 octobre 2013 dans le Grand Temple de Dublin par le Député Grand Maître (depuis 2006) de la Grande Loge d’Irlande, Douglas T. Grey, (voir photo ci-dessous à droite), en compagnie de plusieurs dignitaires de la Grande Loge d'Irlande ainsi que des visiteurs de Loges irlandaises.

Le Député Grand Maître assisté du Passé Maître Immédiat Jean Murat (consécrateur de la Loge) ont installé le Vénérable Maître Jean-Claude Dorion qui, en présence des 43 pétitionnaires Frères venus de France, a installé ensuite son collège d’officiers.

Grey-Douglas-DGM-GLI.jpgLa cérémonie s’est déroulée au Rite Irlandais (« Irish Rite ») en anglais et en français. Le Rite Irlandais est un rite maçonnique issu de la tradition des Anciens et très proche du Rite Anglais de style Emulation.

Le communiqué du Vénérable Maître de la Loge, Jean-Claude Dorion, précise :

« En un premier temps, ces Frères de France, désormais reconnus réguliers selon les critères de la Franc-maçonnerie mondiale (en France, on dit « reconnus »), ont prévu de se réunir à la fois en France et en Irlande, avec l’accord de la Grande Loge d’Irlande.

En France, les Frères pétitionnaires issus de nombreuses régions se réuniront pour s’instruire à la pratique maçonnique irlandaise et continentale écossaise à l’intérieur de Réunions d’Instruction, ce qui permettra de recevoir de nouveaux Frères qui désirent rester dans la Tradition régulière.

En Irlande, les Frères se réuniront en Tenue officielle 3 à 4 fois par an à Dublin sous les auspices de la Grande Loge d’Irlande, ou éventuellement dans une autre ville irlandaise, en vue de travailler en français et régulariser les Frères qui désireront les rejoindre.

Pour être complet, n’oublions pas que les Frères qui ont été désignés comme garants de la Grande Loge d’Irlande, sont Michel Ducas, Jean-Pierre Monin et moi-même. Ces derniers, après accord de la Grande Loge d’Irlande, seront les seuls pouvant accepter les candidatures de Frères qui voudront nous rejoindre, après avis des Frères locaux, et avant vote en Tenue officielle».

Cette loge regroupe des français, anciens membres de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), obédience maçonnique qui fut en France la seule reconnue par la Franc-Maçonnerie anglo-saxonne durant près d’un siècle et qui a perdu la reconnaissance de la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA) depuis le 12 septembre 2012.

Des frères français, souvent individuellement membres de loges de la GLUA mais dispersés, se retrouvent aujourd’hui pour former une loge régulière franco-irlandaise sous l’obédience de la Grande Loge d’Irlande.

 Murat-Jean.jpgL'inspirateur de cette nouvelle loge est bien Jean Murat, que nous connaissons bien depuis de nombreuses années pour avoir bataillé depuis 2007 contre le système « Foellner/Stiphani » au sein de la GLNF. Il avait démissionné avec fracas de la GLNF le 12 décembre 2012 (voir l’article de F. Koch) après avoir été battu (lors d’un scrutin qu’il ne pouvait pas gagner) par François Stifani.

Après avoir été membre de la loge « Saint-Christopher » de Bristol, Jean Murat a intégré il y a quelques années la loge « Good Faith » de la GLUA à Londres. Clin d’œil (involontaire ?), la bonne foi de Jean Murat n’a jamais été mise en doute par quiconque…

L’on peut constater que les cicatrices laissées entre les protagonistes de l’explosion de la GLNF sont loin d’être cicatrisées et que, bien au contraire, les antagonismes (pour utiliser un terme neutre…) entre les anciens de la GLNF sont plus forts que jamais .

Jean-Pierre Servel tente d’imposer un nouveau look à la GLNF (environ 18000 membres) pour retrouver la reconnaissance perdue, Alain Juillet de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique française (environ 13 000 membres) tente le pari de la Confédération Maçonnique de France avec la Grande Loge de France et la Grande Loge Indépendante de France , Jean-Luc Venturino de la Grande Loge Traditionnelle de France (GLTS) regroupe les frères de Marseille et des environs, des petites obédiences se créent tous les mois, des loges sauvages sont dans la nature et plus de 10 000 frères ne sont plus nulle part…

Et maintenant, Jean Murat lance la nouvelle loge « France Irlande 884 » au sein de la Grande Loge d’Irlande.

Voilà pour les faits.

Comment peut-on interpréter cette création de loge, en dehors du fait qu’il s’agit-là d’un concurrent supplémentaire à la reconnaissance anglo-saxonne ?

Le Grand Chancelier de la Grande Loge Unie d’Angleterre, Derek Dinsmore, avait pourtant été clair dans son propos en complément du texte du Président du Board Anthony Wilson dans la Quaterly Communication du 12 septembre 2012, au moment où la GLUA avait retiré sa reconnaissance à la GLNF :

« Despite the growing number of Grand Lodges which are withdrawing recognition from the GLNF, France remains closed territory and this Grand Lodge would not look kindly on any other Grand Lodge which attempted to invade French territory by setting up Lodges there or taking into its jurisdiction Lodges warranted by the GLNF ».

En termes clairs, la France n’est pas un désert maçonnique, c’est bien aux française de s’organiser pour retrouver la reconnaissance et aucune Grande Loge étrangère ne doit se mêler de la recomposition de la maçonnerie régulière en France.

Pour l'instant un minimum de formes sont respectées : le communiqué de la loge « France d'Irlande 884 » parle de tenues en Irlande environ 3 fois par an et de réunions d'instruction du Rite Irlandais en France.

Pour autant personne n’est dupe. Quel sens cela aurait-il d’aller passer 3 jours en Irlande par an pour maçonner… et rien d’autre ?

Il s’agit bien, au contraire pour les créateurs de cette loge, de reconstituer, sous l’obédience de la Grande Loge d’Irlande, en France, la maçonnerie « régulière » à l’anglo-saxonne.

Alors que la GLUA affirmait très clairement en 2012 que la France n'était pas un « territoire ouvert », c'est à dire sur lequel des Grandes Loges régulières d'autres pays peuvent créer des loges.

Si cela allait plus loin que ce qui est officiellement présenter aujourd’hui (tenues en Irlande et instructions en France), si la Grande Loge d’Irlande créait son 13ème « district », le district de France, la Grande Loge Unie d’Angleterre laisserait-elle faire ? Rien n’est moins sûr, car cela est en opposition totale avec ses propres prises de positions et recommandations.

Si la création de la loge « France d'Irlande 884 » peut difficilement avoir été faite sans l’aval, au moins tacite, de la GLUA, aller plus loin en créant un nouveau district de la GLd’I serait difficilement envisageable sauf à ce que la GLd’I s’autonomise de façon spectaculaire (et inédite) de la GLUA.

Se poserait alors la question de savoir si la GLUA a les moyens d’imposer ses vues à la GLd’I, si celle-ci souhaite créer un district « Régulier », c'est à dire « Reconnu »? Dans l'état actuel des choses à la GLUA rien n'est moins sûr, mais un tel conflit est, de mon point de vue, totalement inenvisageable dans le contexte de la maçonnerie britannique.

La Grande Loge d’Irlande avec son antériorité historique (1725) son rite, le rite irlandais qui est à 100% un rite « ancien », a les moyens symboliques et d'autorité pour ne pas se laisser faire par la GLUA. User de ce pouvoir est une tout autre chose… Et tenter le rapport de force avec la Grande Loge Unie d’Angleterre est une méthode qui a toujours montré rapidement ses limites tant ce n’est pas dans la mentalité anglaise. Même (et surtout ?) lorsqu’on connait toutes les difficultés de la GLUA, le vieillissement important de ses membres et la chute drastique de ses effectifs.

Les anglais avec leur sens inné du pragmatisme, ne mettent-ils pas tout simplement plusieurs fers au feu.

Vous vous souvenez que lors de la « Conférence européenne des Grands Maîtres » (des GL dépendantes de la GLUA) qui  s’est tenue à Genève du 27 au 30 juin 2013, le Pro-Grand Master (c’est-à-dire le vrai patron comme l’avait judicieusement noté Pierre Mollier sur son blog) de la Grande Loge Unie d’Angleterre, Peter Lowndes, aurait déclaré – tout en soulignant qu’il ne parlait pour le moment que d’une hypothèse – que la GLUA pourrait à l’avenir reconnaître deux Grandes Loges sur un même territoire…

Et cela, même si ces Grandes Loges ne sont pas elles-mêmes « en relation d’amitié et de reconnaissance mutuelle ».

Cela signifie clairement que la GLUA ne s’interdit rien… Un retour en grâce de la GLNF de nouveau reconnue ? La reconnaissance du processus de la Confédération Maçonnique de France après que celui aurait eu l’accord de la Franc-Maçonnerie régulière européenne continentale? Un mix de toutes ces solutions ? Une autre ?

Pour l’instant personne ne peut dire quelle solution sera adoptée in fine… Il n’est même pas impossible que plusieurs grandes loges soient « reconnues » à la fin du processus, quoi que le plus probable soit la reconnaissance d’une obédience…

Que les anglo-irlandais soient d’accord pour « mettre au chaud » de la Régularité des frères méritants et de grande qualité en attendant une solution définitive, pourquoi pas ? Mais que la France devienne un district de la Grande Loge d’Irlande !!... Là il y a… un monde !

« Un oranger sur le sol irlandais

On ne le verra jamais.

Un jour de neige embaumé de lilas

Jamais on ne le verra.

Qu´est-ce que ça peut faire? »…

Jean-Laurent Turbet

 

° Pour aller plus loin :

° Contacter le Vénérable Maître Jean-Claude Dorion à l’adresse suivante : dorionjeanclaude@yahoo.fr

° Le site de la Grande Loge d’Irlande (en anglais)

 

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

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