Les deux personnages les plus célèbres de la Fédération Française de l’Ordre Mixte et International LE DROIT HUMAIN (DH), sont évidemment ses fondateurs, Maria Deraismes et Georges Martin.
Dominique Segalen nous invite dans ce livre à découvrir une autre figure importante du DH, que nous connaissons moins bien, Marie Béquet de Vienne.
Marie de Vienne naît à Paris le 4 février 1854.
Ses parents sont issus d’une famille bourguignonne de cette bourgeoisie issue de la vente des biens nationaux et donc acquise aux idées de la Révolution.
Marie Béquet de Vienne a 17 ans lorsque est assiste à la Commune de Paris. Elle est effrayée et traumatisée par les milliers de morts de la répression versaillaise.
Elle épouse ensuite Léon Béquet (1842-1891), qui est conseiller d’état. Il est le fondateur en 1882 du Répertoire du Droit Administratif. Il est également libre penseur
Marie Béquet de Vienne se lance dans le militantisme social. Elle va créer de nombreuses œuvres pendant 40 ans. Certaines existent encore aujourd’hui.
Républicaine laïque, elle ouvre en 1876 un refuge de 32 lits réservé à l’accueil des mères célibataires dans le 14ème arrondissement de Paris. Peu après, elle récidive : un deuxième refuge (de 64 lits) est ouvert dans le 17ème arrondissement. Le logement d’accueil des mères célibataires - Hôtel maternel (centre Marie Bequet de Vienne) au 9 bis, rue Jean- Baptiste Dumas 75017 Paris existe toujours.
Veuve à 37 ans, sans enfants, elle poursuit inlassablement la mise en place de ses œuvres de bienfaisance en s’appuyant sur l’aide financière de généreux donateurs.
Elle a également le soutien politique de son ami Georges Martin qui obtient une subvention du conseil municipal de Paris.
Son programme d’aide aux futures mères et aux femmes en couches est particulièrement remarquable. Elle créé ensuite une société d’allaitement maternel et un refuge ouvert pour femmes enceintes, et une société de solidarité à l’enfance.
Des ministres importants comme Jules Ferr et Jules Simon, ainsi que les présidents Loubet et Poincaré manifestent publiquement leur admiration pour son action sociale.
Fondatrice du Droit Humain
C’est pour tout cela que Maria Deraismes l’invite en février 1892 et mars 1893, en son domicile du 17ème arrondissement de Paris avec celles et ceux qui vont fonder le Droit Humain.
Elle est évidemment jugée digne de recevoir l’initiation maçonnique, avec Clémence Royer, Marie Georges-Martin et Anna Feresse-Deraismes, la sœur de Maria.
Le 14 mars 1893 a d’ailleurs lieu la première tenue de la première loge du Droit Humain chez Maria Deraismes : elle est initiée au grade d’apprenti, avec onze autres femmes (Clémence Royer, Anna Feresse-Deraismes, Louise David, Marie Pierre, Marie Georges-Martin, Julie Pasquier, Eliska Vincent, Florestine Mariceau, Myrtille Reugnet, Charlotte Duval, Maria Martin) et un homme (Maurice Lévy).
C’est Maria Deraismes en personne qui officie, avec Georges Martin à ses côtes.
Les membres de ce groupe sont reçus compagnons le 24 mars, puis maîtres le 1er avril 1893.
Marie Béquet de Vienne est également élue première surveillante dans le premier collège d’officiers présidé par Maria Deraismes.
C’est elle qui prête ses locaux du 33, rue Jacob, à Paris, pour que la nouvelle loge du Droit Humain puisse se réunir régulièrement la première année.
En 1896, Marie Béquet de Vienne crée une troisième loge à Rouen : elle en est vénérable pendant 4 ans. C’est elle qui encore prononce l’éloge funèbre de Maria Deraismes.
Marie Bequet de Vienne meurt le 25 septembre 1913, à Hermanville-sur mer, à 59 ans, elle repose au cimetière du Père Lachaise à Paris (51ème division).
C’est tout cela et bien d’autres choses encore que vous lirez dans le passionnant ouvrage de Dominique Segalen.
C’est une excellente idée d’avoir créé, aux éditions Conform une collection intitulée « Grandes Figures du Droit Humain ». Nous pourrons ainsi (re)découvrir des personnages trop souvent et injustement oubliés.
Très bon livre, très bonne collection … très bonne lecture !
Jean-Laurent Turbet
° Le mot de l’éditeur :
Qui était vraiment Marie Béquet de Vienne ? Nous savons qu'elle était issue d'une famille fortunée de la haute bourgeoisie bourguignonne, qu'elle faisait partie des premières femmes Apprenties initiées par Maria Deraismes à l'origine de la création de l'Ordre International Mixte Le Droit Humain, qu'elle était l'épouse du conseiller d'Etat Léon Béquet dont elle fut veuve à l'âge de trente-sept ans, qu'elle avait créé à Paris une Société pour l'allaitement maternel et plusieurs refuges ouvroirs pour femmes enceintes dont l'un est toujours en activité. Elle est à l'origine de la loi Strauss votée en juin 1913, relative à la protection et l'assistance obligatoire de la femme en couches. Pour découvrir les multiples facettes de sa personnalité, suivre pas à pas la progression étonnante de ses nombreuses actions sur le terrain et même surprendre avec émotion quelques textes écrits de sa main, il a fallu remonter le temps, fouiller de nombreuses archives et replacer ces évènements dans le contexte particulier du XIXe siècle.
° L’auteur :
Dominique Segalen est auteur, designer graphique et plasticienne. Elle est née à Alger en 1952 et a deux enfants.
Elle vit dans les Alpes Maritimes.
Après un bac Lettres et 5 ans d'études à l'EPIAR de Nice (Ecole Pilote Internationale d'Art et de Recherche), elle enseigne l'illustration pendant une dizaine d'années dans une école privée et devient graphiste en free-lance.
A publié plusieurs nouvelles et 5 romans aux Editions Luce Wilquin : Coeur oxygène, Le thé aux étoiles, Albus, Au poisson qui fume et Attends-moi sous les saules.
° Le livre :
« Marie Béquet de Vienne, une vie pour l’enfance ».
De Dominique Segalen.
128 pages.
Editions Conform éditions.
les Presses Maçonniques
Collection Grandes Figures du Droit Humain
Juin 2013
ISBN-10: 2917075260
ISBN-13: 978-2917075265
12 euros.
° Se procurer le livre, sur le site d’Amazon.
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
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Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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