Le Convent de la Grande Loge de France se tiendra vendredi 15, samedi 16 et dimanche 17 juin 2012 à Paris.
Son actuel Grand-Maître, Alain-Noël Dubart, ayant terminé ses trois ans de Grande Maîtrise, ne pourra se représenter.
Situation inédite : La quasi totalité des grands officiers de la GLDF quitteront également leurs charges le week-end prochain. C'est donc un nouveau Grand-Maître et de nouveaux grands officiers qui auront la charge de diriger cette obédience.
Et c'est une obédience en très bon état de marche que laissera ce week-end Alain-Noël DUBART. Forte de 33 000 frères répartis en 850 loges, La Grande Loge de France a su se développer de façon maîtrisée. Le Grand-Maître a notamment publié une circulaire pour organiser les très nombreuses demandes d'affiliations venant de frères et de loges entières de la GLNF. Il faut en effet préserver l'esprit et la façon de faire de la Grande Loge de France en intégrant avec parcimonie des frères ayant des autres traditions maçonniques.
Plusieurs loges du GODF et plusieurs dizaines de frères de cette obédiences ont également été intégrés par cette procédure.
Alain-Noël Dubart est également un infatigable promoteur de la GLDF qui fait plus d'une cinquantaine de conférences publiques par an pour faire connaître à la fois l'obédience et son rite, le Rite Ecossais Ancien & Accepté.
Alain-Noël Dubart est perçu à la fois en interne à la Grande Loge de France comme en externe de la part d'autres responsables d'obédiences amies, comme un Grand Maître qui a parfaitement réussi son temps de Grande Maîtrise. Orateur brilant, organisateur discret mais efficace, toujours très courtois, il a su prendre des initiatives en respectant toujours les autres obédiences maçonniques et leurs responsables. La finesse de sa pensée n'a dégale que le choix d'un vocabulaire toujours précis et recherché.
Alain Noël Dubart s'est attaché à la création d'une loge de recherche nationale, Marquis de Lafayette, qui centralisera et implusera les travaux des autres loges de recherches de la Grande Loge de France dont la qualité est reconnue par toutes et tous.
Les liens de confiance et de respect mutuel noués avec la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, la Loge Nationale Française et la Fédération du Droit Humain notamment sont des réussites de son mandat.
Toujours avec tact et finesse il a su développer et poursuivre l'œuvre engagée par son prédécesseur Alain Graesel, Grand-Maître de 2006 à 2009.
Car je ne peux vraiment séparer les deux grandes maîtrises qui ont été des années fastes pour la Grande Loge de France. Il faut bien dire qu'en 2006 la GLDF était un peu endormie (les mauvaises langues disaient un peu poussiéreuse) et qu'Alain Graesel a su mettre quelques coups de pieds dans la fourmilière qui ont donné un nouveau souffle et un nouvel élan à l'Obédience.
C'est Alain Graesel par exemple qui a relancé la communication de la GLDF en donnant une nouvelle jeunesse à la maquette de son journal comme à sa revue, Points de Vues Initiatiques.
Il a créé également les rencontres régionales entre le Grand Maître et les Apprentis et Compagnons ainsi que les rencontres régionales entre les Grands Officiers de la GLDF et les élus des loges en charge d'offices : Grand Expert (avec les FF. Experts), Grand Hospitalier (avec les FF. Hospitaliers)
Il a lancé les Conférences Enjeux et Perspectives rue Puteaux (avec notamment Luc Ferry, Régis Debray): le but étant que des personnalités extérieures viennent exprimer les idées dans les temples de la GLDF.
Il a conçu le colloque sur les religions et des spiritualités (rue Puteaux et en région) avec Malek Chebel, Tarek Oubrou, Haim Korsia, Alain de la Morandais qui a connu un très vif succès.
Il y eu également les conférences de la Grande Loge à la Maison de la Mutualité à Paris avec participation de la GLFF et de la GLTSO et les interventions de Xavier Darcos (Ministre de l'éducation nationale), Jean Claude Guillebaud, Jacques Arnould, Jean Pierre Dupuy, Michel Maffesoli, Pascal Picq, Luc Ferry, André Comte Sponville, Gérard Rabinovitch.
Il a réussi également a imposer la modification des statuts de la GLDF (modification des article 12 et 14 bis qui ont eu des répercussions importantes comme la possibilité pour le Grand Maître de faire trois ans de mandat. Alain-Noël Dubart a pu grâce à cela faire 3 ans de Grande-Maîtrise au lieu d'une avec les anciens statuts. Cela permet au Grand-Maître d'avoir le temps d'installer sa politique.
Alain Graesel est celui qui a mis fin à l'opération dite de la "Maçonnerie française", association de fait initiée par le Grand Orient de France en 2003, dont le nom avait été déposé à l'INPI par le GODF comme sa seule propriété, et qui disait avoir pour vocation de "représenter" la maçonnerie française dans son ensemble.
Dès son élection en tant que Grand Maître en juin 2006, Alain Graesel, en total désaccord avec cette pratique hégémonique, a exigé de sortir de l'association et a demandé et obtenu du GODF la radiation de la marque "Maçonnerie française".
Cette sortie est devenue effective immédiatement, donnant à nouveau à la Grande Loge de France sa totale liberté de communication et la marque a été radiée.
Bref ces six ans, ont été particulièrement réussis.
Alain-Noël Dubart sera indubitablement un Grand-Maître regretté tant la qualité de son action a été importante. Il a su rassemblé une vraie équipe autour de lui qui a su prendre des intitiatives nouvelles. Création du groupe Ethique dans les Médias et production de proposition. Grands Colloques toujours plein parce que la qualité des travaux est reconnue. La Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France est présente es-qualité.
Alain-Noël Dubart a toujours fait très attention à respecter la particularité des autres obédiences maçonniques qui ont toutjours été considérées par le Grand-Maître de la GLDF, d'égales à égales, sans jamais de tentation hégémonique.
Ses premiers grands-maîtres adjoints comme Marc Henry ou Jean-Michel Dardour se sont chargés avec efficacité de la communication de l'obédience, par le web ou la radio.
Préserver jalousement l'indépendance et la spécificité de la Grande Loge de France ont été également des soucis constants des deux Grands Maîtres successifs. Ainsi que la qualité du travail symbolique et initiatique pour en savourer toute la richesse et la profondeur dans la pratique du Rite Ecossais Ancien & Accepté. Pratique traditionnelle et rigoureuse mais ouverte à la modernité et pouvant apporter des réponses aux questions de notre temps.
Le coup de théâtre des obédiences "Régulières" continentales.
A quelques jours du Convent de la Grande Loge de France, 5 grands maîtres des principales obédiences européennes continentales viennent de se réunir.
Les Grands Maitres des Grandes Loges Unies d’Allemagne, de la Grande Loge d’Autriche, de la Grande Loge Régulière de Belgique, de la Grande Loge de Luxembourg et la Grande Loge Suisse Alpina, réunis à Bâle le 10 juin 2012 ont publié une déclaration au terme de laquelle ces obédiences cessent définitivement toutes relations avec la Grande Loge Nationale Française qui "sous l'autorité de la présente gouvernance, se trouve en dérive irrémédiable".
La nouvelle obédience GL-AMF ne semble pas encore trouver grâce au yeux des cinq Grands-Maîtres. "La récente scission intervenue en son sein, loin de résoudre ses problèmes, ne fait quant à elle, que souligner son état de déliquescence".
C'est alors à la Grande Loge de France que le message est directement adressé. L'article 4 de la déclaration est particulièrement direct:
"Parmi tous les acteurs potentiels de ce processus de recomposition un rôle majeur pourrait revenir à la Grande Loge de France que les cinq Grandes Loges estiment depuis longtemps avec considération en raison de la qualité des frères qui la composent et du travail rituel qui y est accompli. Elles savent que depuis toujours la volonté de rejoindre la chaîne universelle régulière y est vivace.
Les cinq Grandes Loges considèrent donc qu'une chance historique est venue pour la Grande Loge de France de concrétiser cette aspiration en assumant tous les choix que cela implique, à savoir en particulier :
- de continuer à œuvrer dans le respect des principes fondamentaux de la Franc-maçonnerie régulière ;
- de rompre sans ambiguïté avec les Obédiences non régulières;
- d’observer les us et coutumes internationaux en vigueur entre une Grande Loge et un Suprême Conseil.
Les cinq Grandes Loges s’engagent à la soutenir et à la conseiller dans une telle démarche et se déclarent partant prêtes à entamer les négociations avec elle en vue, le cas échéant, de sa reconnaissance future".
Nul doute que cette question ne soit abordée lors du prochain Convent. Il est de nouveau proposé très clairement aux frères de la Grande Loge de France de rejoindre la fraternité maçonnique des grandes loges européennes et américaines (par ricochet).
Pas de doute non plus que cette initiative des grandes loges "régulières" continentales ne soit prise sans l'aval de la Grande Loge Unie d'Angleterre qui va observer avec la plus grande attention les développements futurs.
Comment en effet pour la Grande Loge de France rejeter d'un revers de main une proposition de discussion? Le tout, pour la Grande Loge de France (et son futur Grand Maître) est de le faire en ayant en tête avant tout l'unité de l'Obédience. Tous les efforts fournis depuis ces 6 dernières années notamment pour redonner panache et attrait à la GLDF ne sauraient être ruinés par les ferments de la division.
Les Grandes Loges "régulières" européennes reconnaitront elles une seule ou plusieurs "Grandes Loges Régulières"? La question est posée...
La solution en France pour reconstruire ce qui a été détruit par la GLNF est elle unique? Il faut peut-être faire preuve d'imagination...
Ou prendre exemple sur ce qui se fait en Allemagne. Ce n'est pas une obédience qui est reconnue mais une fédération, les "Grandes Loges Unies d’Allemagne" qui regroupe 5 obédiences qui gardent leurs particularités, leurs structures et leur façon de faire.
Si l'on transposait cette exemple à la France, nous prourrions imaginer une fédération qui comprendrait la Grande Loge de France, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, la Loge Nationale Française, la GL-AMF, voire le Grand Prieuré des Gaules, qui deviendraient "Les Grandes Loges Unies de France". C'est la Fédération qui obtiendrait la reconnaissance des grandes loges européennes et américaines. Cette fédération pourrait travailler en partenariat avec la Grande Loge Féminine de France, à l'image de ce qui se fait actuellement avec la GLDF, et avec le Droit Humain.
N'oublions pas que la GLDF comme la GLFF et le DH sont des obédiences soeurs qui pratiquent le REAA.
Les frères de la Grande Loge de France, à juste titre si pointilleux sur leur indépendance et sur la pratique du REAA sont-ils prêts à une solution fédérative? Personne ne peut actuellement le dire...
C'est une piste... Il y en a évidemment d'autres. Laissons toutes les imaginations fertiles proposer les meilleures solutions.
La demande des 5 obédiences européennes mérite au moins d'être étudiée. Ce qu'il en adviendra? Ce sera aux frères de la Grande Loge de France, souverainement et en toute indépendance, d'en décider. Comme toujours, ils ont leur avenir entre leurs mains.
Îl est par contre certain que la Grande Loge de France, dynamique et performante, est bien courtisée ces temps-ci...
Jean-Laurent Turbet.
° Pour aller plus loin :
° Le texte de la déclaration de Bâle, des cinq obédiences régulières européennes continentales.
° A lire : "La Grande Loge de France", d'Alain Graesel, Que Sais-je, éditions PUF.
° Le site de la Grande Loge de France.
° Le site d'Alain Graesel, passé GM de la Grande Loge de France, Président de la Confédération des Grandes Loges Unies d'Europe..
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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