La collection « Bouquins » chez Robert Laffont édite très souvent des livres qui sont des sommes sur le sujet proposé et qui sont destinés à devenir des livres de référence sur les sujets traités.
Le livre « La Franc-Maçonnerie, Histoire et Dictionnaire », rédigé sous la direction de Jean-Luc Maxence ne fait pas exception pas à cette règle. Il s’agit bien d’un livre de référence qu’il convient absolument de posséder dans votre bibliothèque.
Vous aurez plus de 1000 pages à lire ou plutôt à dévorer sans pouvoir lâcher le livre des mains.
Plus de cinq ans de travail ont été nécessaires pour réunir auteurs et articles qui forment ce livre. Un grand bravo tout d’abord à Jean-Luc Maxence (auteur des excellents livres « Jung est l'avenir de la franc-maçonnerie », « La Loge et le Divan », et le « Dictionnaire comparatif : C. G. Jung et la franc-maçonnerie », tous publiés chez Dervy) pour avoir su coordonner toutes ces compétences et ces énergies dans la durée ! C’est un travail titanesque qu’il a entrepris et qui est bien récompensé.
Et c’est surtout un livre important où l’on parle vraiment de Franc-Maçonnerie au-delà de la surface et de l’écume des choses.
Ce livre offre un panorama complet, qui conviendra aussi bien à l’érudit qui cherche à s’informer sur ce qu’est réellement la Franc-Maçonnerie qu’aux sœurs et aux frères qui utiliseront ce livre comme un instrument de travail indispensable tout au long de leur progression initiatique.
Je ne pourrais pas parler de tous les auteurs ni de tous les article ici, mais sachez que tous sont de grande qualité.
Comme l’écrit fort justement Jérôme Rousse Lacordaire (qui, bien que dominicain a écrit depuis des années des livres passionnants sur les rapports entre l’ésotérisme et le christianisme), « On peut définir, de manière minimale, la franc-maçonnerie moderne comme une société fraternelle initiatique fondée sur un symbolisme de la construction et d’inspiration biblique » (p.909). Voilà bien une définition aussi simple que claire de ce qu’est la franc-maçonnerie aujourd’hui.
Et l’on peut poursuivre avec Pierre Vajda (franc-maçon de la Grande Loge de France et auteur de très bons livres sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté) : « En dépit des multiples divulgations de rituels maçonniques et du volume impressionnant d’ouvrages visant à expliquer la franc-maçonnerie aux profanes, le mystère maçonnique continue de les irriter et de les fasciner.
Périodiquement, certains médias en mal d’audience ou de lectorat tentent de susciter l’intérêt par la révélation de l’appartenance maçonnique de telle personnalité en vue ou en vitupérant l’influence supposée des réseaux maçonniques sur le fonctionnement de la société.
En focalisant l’attention sur cette problématique d’influence constamment alimentée par une lecture fantasmée du secret maçonnique, les commentateurs en cause passent à côté de l’essentiel de ce qui motive la plupart des francs-maçons et justifie leur engagement. Ils tentent, en effet, d’accréditer l’idée selon laquelle l’entrée en franc-maçonnerie a pour finalité la recherche d’avantages personnels ou la conquête de positions de pouvoir au sein de la société alors que la motivation première de cet engagement est le désir de donner un sens à sa vie qui aille au-delà des objectifs de jouissance matérialiste proposés par la société de consommation. La plupart des profanes qui frappent à la porte des loges sont à la recherche d’une fraternité humaine véritable et d’un cadre adéquat, c’est-à-dire affranchi de toute entreprise dogmatique ou sectaire, pour poursuivre une quête existentielle qu’il est légitime de qualifier de spirituelle par simple contraste avec le matérialisme narcissique de la société d’aujourd’hui » (p.809).
Voici donc un livre où il est question de franc-maçonnerie.
Un auteur et historien maçonnique que nous connaissons (et aimons !) bien, Roger Dachez, habitué des lectrices et des lecteurs de ce bloc-notes, écrit plusieurs articles important de cet ouvrage : « La création de la Franc-Maçonnerie spéculative moderne » (p.3), ainsi qu’un article de conclusion « L’avenir de la Franc-Maçonnerie » (p.951). Roger Dachez nous présente également (à l’image des « que-sais-je ? », qu’il a publié depuis quelques années) divers rites maçonniques : « Le Rite Ecossais Rectifié » (p.139), « le Rite Français » (p.161), « Le Rite Emulation » (p.161), « Les Rites maçonniques égyptiens » (p.175).
Jean-Luc Maxence, le coordinateur de l’ouvrage, nous offre deux articles majeurs : « Premiers et derniers pas » (p.977) et bien sûr « Psychanalyse et franc-maçonnerie » (p. 941). « Si l’on a déjà souligné précédemment que le travail en loge abolit l’horloge, le temps de la tenue, les frères en atelier étant, à partir de l’ouverture des travaux, plongés dans un intemporel sacré ; la séance sur le divan comme la tenue en loge respectent un rituel choisi. La triangulation entre l’allongé, l’écoutant et la Parole se déroule dans un espace souvent agencé soigneusement, selon des règles, des coutumes, des mises en condition de réceptivité, des symboles plus ou moins opératoires qui facilitent les interprétations. Une tenue est un peu comme un poème traduit et théâtralisé, dégageant une énergie singulière, et reliant chacun à sa dimension spirituelle et à ses élans vitaux » (p.946).
Au cœur de l’ouvrage, Jean-Pierre Lassalle, écrivain et poète, traite magistralement de « Surréalisme et franc-maçonnerie » (p.453) au sein d’un chapitre intitulé L’Imaginaire Maçonnique, qui est l’un des plus réussi de l’ouvrage. « Enfin, la toute dernière période du groupe surréaliste a vu parmi ses membres un franc-maçon de qualité, Charles Bernard Jameux, qui occupa les importantes fonctions de chancelier de la Grande Loge de France ». Ce même Charles B. Jameux que nous retrouvons pour un article magistral, « Les sources antiques de la transmission initiatique en Franc-Maçonnerie » (p.453). il se base pour cet article sur les travaux de Frances Yates et de David Stevenson. Son objet : l’Art de la Mémoire. Technique par trop oubliée ( à tort !) dans la maçonnerie française et continentale. « Ces auteurs m’amèneront donc à formuler ici une hypothèse (…) qui développe l’idée qu’il existe une très profonde analogie de structure et de mode de fonctionnement entre l’art de la mémoire et la franc-maçonnerie spéculative » (p.467). A lire en intégralité et à méditer !
Un article également étonnant et détonnant que celui de Jean-François Maury « Les anarchistes francs-maçons et l’éducation » (p.441). Cet ancien inspecteur d’académie au savoir multiforme et à l’intelligence aiguisée (et souvent aussi amusée), actuel président de la loge de recherche Jean Scot Erigène, de la Grande Loge de France, nous dresse ici une galerie de portraits plus étonnants les uns que les autres.
Un article majeur également que celui de Marie-France Picart, ancienne Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France qui écrit un article complet : « Quand la Franc-Maçonnerie vint aux femmes » (p.421). De la mixité à la maçonnerie féminine tous les aspects sont abordés. « Si franc-maçonnerie féminine et franc-maçonnerie mixte regroupent actuellement près de 30 000 femmes, force est de constater qu’elles sont venues en plus grand nombre vers la franc-maçonnerie féminine à partir des années 1970. Quoi qu’il en soit, c’est bien en toute connaissance de cause la recherche d’un espace d’échange qui soit propre aux femmes dont il est question » (p.437).
Cet article ne doit pas être trop long, je ne peux donc pas signaler tous les auteurs.
Qu’il me soit permis de souligner le grand intérêt que j’ai pris à lire les articles « Du Grand Architecte de l’Univers et de la liberté de conscience » (p.325) de Jean-Claude Bousquet, ancien Grand-Maître de la Grande Loge de France, qui est extrêmement éclairant sur ce sujet majeur. « La Démarche initiatique : une voie d’accès à une spiritualité sans dogme » de Pierre Vajda, « Les courants ésotériques de la Franc-Maçonnerie » (p.779) par Dominique Jardin, « L’illuminisme au siècle des Lumières » de Jacques Viallebesset, « Le rôle de l’imaginaire dans les sociétés initiatiques » (p.621) par Frédéric Vincent, « Réenchantement du monde et franc-maçonnerie » (p.545) par Michel Maffésoli, « La Franc-Maçonnerie américaine inconnue » (p.217) par Joël Gregogna ou « La Franc-Maçonnerie italienne et le rôle de Cagliostro » (p.243) par Michaël Segall.
Que ceux que je n’ai pas cités me pardonnent. Les lecteurs doivent savoir que je n’ai pas trouvé d’article « moyen » dans ce livre.
Vous trouverez également un « dictionnaire de quelques francs-maçons exceptionnels » (p.983), un lexique (p.1021) et tous les textes fondateurs.
Un seul bémol en forme de clin d’œil : rien sur les blogs maçonniques ! A ajouter à une prochaine édition.
En bref un livre magistral et indispensable qui doit figurer impérativement dans toute bonne bibliothèque ! Bravo encore à Jean-Luc Maxence et à tous les auteurs.
Jean-Laurent Turbet
° Le Livre :
« La Franc-Maçonnerie ». Histoire et Dictionnaire.
Sous la direction de Jean-Luc Maxence.
Editions Robert Laffont
Collection « Bouquins »
Isbn : 978-2-221-11635-6
Sortie avril 2013
Prix : 32€
- Le livre sur Amazon (30,40€).
° Le mot de l’éditeur :
Voici un « livre ressources » sur l'univers initiatique de la franc-maçonnerie, appelé à faire autorité.
L'art royal (expression courante pour désigner la pratique maçonnique) intrigue toujours, répondant au goût d'un vaste public pour les secrets et supposés complots. Face à tant de fascination irrationnelle, parfois de méfiance, peut-on prétendre à une certaine objectivité historique ? La Franc-maçonnerie tente de répondre à cette interrogation, en offrant une source vive d'information et de références. L'ouvrage s'adresse aux profanes comme aux initiés, aux historiens comme aux curieux venus de tous les horizons de la pensée, à tous ceux qui veulent comprendre, au-delà des peurs et des fantasmes habituels. Il propose des pistes de réflexion, des débats d'idées, des dossiers, des documents historiques sur un sujet qui n'a cessé, depuis plusieurs siècles, de susciter des commentaires passionnés.
Ces 1 200 pages présentent non seulement un historique de la démarche initiatique, de ses origines hypothétiques à aujourd'hui, mais aussi des diverses obédiences et des rites pratiqués, des symboles utilisés, de l'évolution des tempéraments, des ambitions et des pratiques.
Cette entreprise monumentale s'appuie sur le concours d'auteurs émérites, pour la plupart initiés, appartenant à des obédiences et des rites d'origines diverses. Cherchant à éviter les partis pris et l'esprit de caste, tout en laissant libre chaque auteur d'exprimer ses interprétations et ses spécificités, le livre donne à entendre les résonances profondes d'une certaine pensée maçonnique plutôt que de se crisper sur des positions politiciennes tranchées ou sur des idéologies réductrices. Une volonté d'éclectisme « éclairé et ordonnée ».
Cet ouvrage comprend sept chapitres (en symbolique maçonnique, le nombre sept est celui des sept officiers qui rendent la Loge « juste et parfaite » et représente aussi l'âge du maître), qui rendent compte de cette formidable épopée spirituelle à travers plusieurs siècles. Les Annexes offrent au lecteur quelques textes fondateurs, un dictionnaire des frères et sœurs « célèbres », un lexique des outils symboliques et d'autres termes spécifiques, sans omettre une bibliographie générale la plus explicite possible.
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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