Le Grand-Maître de la Grande Loge de France Marc HENRY et le passé Grand-Maître Alain-Noël Dubart, en charge des négociations avec les obédiences européennes viennent d'adresser une lettre circulaire aux frères de la Grande Loge de France pour les informer de l'état d'avancement de ces négociations.
Il est non seulement important mais essentiel de connaître ce que veulent nous dire les principaux intéressés aux négociations en cours avec les obédiences maçonniques européennes signataires de l'appel de Bâle.
Voici donc le texte de cette lettre que vous trouverez en format pdf dans les liens en bas de cet article. Puis nous ferons, comme d'habitude quelques commentaires exégétiques qui, bien entendu, n'engagent que leur auteur !
Il nous apparaît nécessaire de faire le point quant aux conséquences découlant de la Déclaration de Bâle du 10 Juin 2012 des cinq Grandes Loges européennes et de notre Déclaration, approuvée à l'unanimité par le Conseil Fédéral le 13 Juin 2012 puis par notre Convent par 97 % des mandats le 15 juin.
Ces déclarations affirment, chacune d’entre elles, des principes à partir desquels il est possible d'engager des négociations.
En ce qui concerne les cinq Obédiences européennes, les deux éléments essentiels se situent dans la rupture définitive de leurs liens avec la Grande Loge Nationale Française et dans la constatation que la Grande Loge de France, en raison de la qualité des Frères qui la composent et des travaux rituels qui y sont accomplis, doit être l'acteur majeur dans le processus de recomposition du paysage maçonnique en France.
En ce qui nous concerne, la Grande Loge de France a pris acte du nouveau regard porté par ces cinq Obédiences, la qualité des Frères de la Grande Loge et la régularité de leurs travaux, étant conformes à la réalité. La Grande Loge de France s’inscrit dans la pure tradition de la Franc-Maçonnerie universelle, comme elle l’a fait depuis son origine et elle restera attachée aux principes fondamentaux de l’Ecossisme.
Il revient à notre Obédience de poursuivre les contacts déjà entrepris avec les cinq signataires de la Déclaration de Bâle et d’envisager, avec les Obédiences françaises qui souhaiteraient s'inscrire dans cette démarche, les processus pouvant en permettre la réalisation.
Ces perspectives, la première en Europe, la seconde en France, sont séparées et complémentaires.
A ce jour, en France, il n'y a eu, contrairement aux multiples informations contradictoires circulant par courriels ou "blogs" interposés, aucun entretien avec aucune Obédience.
Ces entretiens s’inscriront dans un cadre fixé par la Grande Loge de France, à l'issue de contacts informels, dans les prochaines semaines, avec les Grands Maîtres de ces différentes Obédiences.
Les relations avec les Obédiences européennes se poursuivront dans des échanges désormais officiels, et porteront sur les sujets évoqués dans la Déclaration de Bâle et sur ceux rappelés dans notre Déclaration.
En l’espèce, et ces points sont fondamentaux, il a été rappelé à nos Frères européens:
- que la Grande Loge de France travaille a la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, en présence du Volume de la Loi Sacrée, ouvert sur l’autel des Serments.
- que le Symbole du Grand Architecte de l’Univers émane du Convent Universel de Lausanne de Septembre 1875.
- que ce concept, pour les Frères de la Grande Loge de France, n'implique aucune croyance particulière.
- que le Volume de la Loi Sacrée, réintroduit sur |’autel des Serments par notre Convent en 1953, est la Bible, en tant que symbole de la Tradition.
Aucune interprétation dogmatique ne peut être conférée ni à l'invocation au Grand Architecte de l’Univers ni à la présence du Volume de la Loi Sacrée ouvert au Prologue de Jean dans les Ateliers de la Grande Loge de France.
Ces principes fondamentaux sont ceux du Rite Ecossais Ancien et Accepté et ne peuvent être remis en cause.
Sur ces bases les échanges pourront être poursuivis.
Chacun mesure l’importance de ce chantier et notre dernier Convent ne s’y est pas trompé.
Chacun comprend également est impossible que les échanges entre les différentes Obédiences se fassent sur la place publique, encore moins par personnes interposées.
Il vous en sera rendu compte de manière exhaustive lors de la Tenue de Grande Loge et du Convent: seule notre Assemblée souveraine aura qualité pour se prononcer.
Nous vous prions de croire, Très Chers Frères, en nos sentiments les plus chaleureux et les plus fraternels.
Alain-Noël DUBART, Passé Grand Maître
Marc HENRY, Grand Maître
Il s'agit avant tout d'un rappel de la déclaration du Conseil fédéral de la Grande Loge de France, adopté par le Convent en juin 2012.
Le Grand-Maître et le passé Grand-Maître ont raison de rappeler que seul les négociateurs officiels (Alain-Noël Dubart, Alain Pigeau et Jean-Jacques Zambrowski, sous l'autorité de Marc Henry, Grand-Maître) sont habilités à parler au nom de la Grande Loge de France. Les commentaires faits sur les blogs n'engagent... que leurs auteurs et personne d'autre! Et les interprétations sur des sujets qui n'existent pas encore plus.
C'est pourquoi Marc Henry & Alain-Noël Dubart parlent avant tout des valeurs et des principes fondamentaux. La façon dont la GLDF interprête le Grand Architecte de l'Univers ou le volume de la Loi Sacrée : "Aucune interprétation dogmatique ne peut être conférèe ni à I'ìnvocation au Grand Architecte de l’Univers ni à la présence du Volume de la Loi Sacrée ouvert au Prologue de Jean dans les Ateliers de la Grande Loge de France".
Voilà pour l'adogmatisme. Et surtout le rite, le Rite Ecossais Ancien & Accepté: clé de voûte des maçons de la GLDF il ne saura être sacrifié dans une négociation.
Puisque les Grandes Loges européennes ont constaté que la GLDF travaillait selon les critères de la maçonnerie de Tradition, celle-ci affirme donc fort justement que "Ces principes fondamentaux sont ceux du Rite Ecossais Ancien et Accepté et ne peuvent être remis en cause. Sur ces bases les échanges pourront être poursuivis". Pas question pour le Grand-Maître de porter atteinte à l'unité de l'obédience ni à la pratique scrupuleuse du REAA.
Voilà pour le fond.
Pour la forme : C'est à la Grande Loge de France de mener les deux négociations distinctes mais complémentaires: D'une part avec les grandes loges européennes. D'autre part avec les Obédiences françaises qui voudraient prendre leur part du "processus de recomposition du paysage maçonnique en France", avec la Grande Loge de France.
Après le temps des "contacts informels" entre responsables vient maintenant le temps des discussions officielles entre Grands Maîtres des différentes obédiences françaises. La déclaration du Conseil fédéral de la Grande Loge de France le soulignait déjà le 13 juin dernier en disant que le CF « fait sienne la volonté du Grand Maître de n'exclure de cette recomposition aucun Frère, quelles que soient sa pratique et son Obédience ». Aucune obédience, aucun frère, de quelque obédience qu'il soit, GODF, GLTSO, DH, LNF, GPDG, GL-AMF, GLTF etc... ne doit être exclu s'il souhaite être partie prenante de ce processus.
La Grande Loge de France a d'ailleurs fait valider chaque étape (9 septembre 2011, 13 juin 2012 etc...) par son Convent. Ce qu'en pensent les frères des autres obédiences? Nous le sauront si leurs convents respectifs s'emparent de cette question qui ne laissera, soyons en sûr, personne indifférent.
A la Grande Loge de France évidemment ce sera le Convent qui, in fine, sera souverain pour approuver - ou non - les conclusions des discussions en cours. Car, comme il était rappelé le 13 juin
dernier, il s'agit bien d'"aboutir au rétablissement des liens historiques unissant les Obédiences travaillant selon la Tradition Maçonnique Universelle". Et à la Grande
Loge de France ce sont toujours les frères qui ont le dernier mot.
Les choses sont bien lancées. Chaque obédience devra maintenant se déterminer pour savoir si les frères de ces obédiences sont prêts - ou non - à rejoindre le mouvement de recomposition de la
Franc-Maçonnerie Française et d'aller encore plus loin dans l'ouverture de cette Franc-Maçonnerie aux Francs-Maçonneries européennes et américaines.
Alea jacta est!
Jean-Laurent TURBET
° Pour aller plus loin :
° Le site de la Grande Loge de France.
° La lettre-circulaire du Grand-Maître et du passé Grand-Maître.
° Le paysage maçonnique risque d'évoluer plus vite que prévu, sur ce site.
° Alain Graesel explique les relations entre le GODF et la maçonnerie écossaise, sur ce site.
° Guy Arcizet en donneur de leçon contre la Grande Loge de France, sur ce site.
° Marc Henry élu Grand-Maître de la Grande Loge de France, sur ce site.
° Le site de la Grande Loge de France.
° Le communiqué de Presse officiel de la Grande Loge de France, sur l'élection de Marc Henry, sur ce site.
° La Grande Loge de France réagi officiellement aux 5 obédiences européennes. Décryptage., sur ce site.
° Réponse officielle de la Grande Loge de France, à la déclaration de Bâle, sur ce site.
° La déclaration de Bâle, sur ce site.
° La Grande Loge de France accepte d'ouvrir des discussion avec les 5 grandes loges régulières européennes, sur ce site.
° La Grande Loge de France en pleine forme et très convoitée avant son Convent, sur ce site.
° Après l'appel de Bâle des grandes loges réagissent, sur ce site.
° Le site d'Alain Graesel, passé GM de la Grande Loge de France, Président de la Confédération des Grandes Loges Unies d'Europe.
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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