Vu sur le site du Monde :
Les thèses antisémites et xénophobes sont toujours présentes en profondeur dans la société allemande, estime une étude présentée mercredi à Berlin, alors que le gouvernement mène une intense campagne de lutte contre l'extrême droite après sa percée aux dernières élections.
Même certaines personnes se réclamant de gauche partagent certaines idées avec l'extrême droite, révèle l'étude menée sur un échantillon représentatif de 5.000 personnes par l'institut de recherche Usuma pour la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD).
Alors que l'antisémitisme est surtout présent dans l'ex-RFA, le sentiment de xénophobie l'emporte dans les Etats régionaux de l'ex-RDA, plus touchés que l'Ouest par le chômage et la crise économique. Ce sondage exprime de fortes frustrations sociales.
Ainsi, 44% des personnes sondées dans l'ex-RDA estiment que les étrangers sont venus en Allemagne pour bénéficier de l'aide sociale, contre 35,2% à l'Ouest. En revanche, 15,8% des habitants de l'ex-RFA sont d'accord avec l'affirmation "les Juifs sont plus affairistes dans le travail que les autres", contre seulement 6% à l'Est. Les "Wessis" (habitants de l'ex-RFA) ont aussi plus tendance à minimiser les crimes du national-socialisme, 9% d'entre eux estimant que l'histoire des drames de cette période a été exagérée alors que 5% seulement des "Ossis" (anciens Allemands de l'Est) sont de cet avis.
Selon le directeur de l'étude, le sociologue Oliver Decker, les idées d'extrême droite sont plus répandues chez les chômeurs et chez les retraités masculins. Plus les gens sont éduqués, plus ils sont imperméables à ces idées radicales, souligne aussi l'étude.
Parmi les surprises de cette étude, 9% des personnes interrogées se disent "plutôt" ou "tout à fait" d'accord avec l'affirmation que la dictature est une meilleure forme d'Etat que la démocratie, et 15,2% aspirent à être dirigés par un leader "omnipotent".
Alors que la RDA a été dirigée pendant 40 ans par le Parti unique SED, plus d'un quart des sondés (26%) se disent également en faveur d'un gouvernement avec un seul parti "qui incarnerait la société dans son ensemble".
Enfin, 15% des personnes interrogées sont d'avis que les Allemands sont naturellement supérieurs aux autres peuples.
Selon M. Decker, la prévalence de sentiments d'extrême droite est souvent liée aux rapports personnels et familiaux des sondés. Un manque de liens affectifs au sein d'une famille, comme un père absent ou autoritaire, une fragilité psychologique ou un sentiment de tension sont un terreau idéal pour les idées extrémistes.
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