C'est donc bien François Stifani qui a été désigné vendredi 12 septembre dernier comme prochain Grand Maître de la Grande Loge nationale française (GNLF) pour un mandat de 3 ans à compter du 1er décembre.
Désigné et non point élu, puisque le système de désignation est toujours en vigueur à la GLNF.
La GLNF vient de l'annoncer sur son site internet dans un
communiqué.
Il succèdera à son ami et mentor Jean-Charles Foellner qui était Grand maître depuis 2001 et dont il fût
l'un des plus indéfectibles soutiens lors des turbulences qui agitèrent l'obédience.
Le vote de la haute assemblée de la GNLF devra être ratifié par les 2.920 délégués des Loges lors de l'assemblée de Grande Loge le 1er décembre prochain.
François Stifani, 59 ans, avocat spécialisé en droit des affaires et en fiscalité
internationale, est maçon depuis plus de 30 ans (il fut initié originellement au Droit Humain avant de rejoindre la GLNF).
Il siège au conseil d'administration de la GNLF depuis 2001. Il a été Grand Maître provincial en Alpes-Corse-Méditerranée (2002-2005), porte-parole de la GLNF en 2005 il est aujourd'hui député
Grand Maître (depuis décembre 2006).
La Grande Loge nationale française, créée en 1913, précise qu'elle représente seule en France le courant
Spiritualiste qui caractérise la Franc-Maçonnerie Universelle et Régulière et regroupe plus de 5 millions de Frères dans le monde.
Elle est en fait la seule obédience reconnue par la Grande Loge Unie
d'Angleterre et n'a donc aucun contact officiel avec les obédiences traditionnelles de la maçonnerie française (Grand Orient de France, Grande Loge de France, Droit Humain,
Grande Loge Fémine de France etc...).
Interrogé en 2005 par un journaliste de l'Express sur
une éventuelle succession de Foellner que ses adversaires au sein de l'obédience préssentaient, il déclarait : " « Je n'ai pas d'ambition, je suis un homme heu-reux! Je suis sans doute capable de devenir
grand maître, mais je n'aime pas les mondanités, je ne joue pas au golf.»
L'avocat d'affaires non golfeur a eu le temps de réfléchir et de sauter le pas !
La GLNF est une obédience qui fut très touchée par les affaires dans les années 90 & 2000 (affaire Schuller-Maréchal, affaire des HLM de Paris et des Hauts-de-Seine, affaire de la Côté
d'Azur, Nice, affaire du juge Renard etc...). Elle tente aujourd'hui de remonter son image car elle recrute de façon importante dans les milieux dirigeants. Elle se veut un club service à l'image
de la UGLE.
La GLNF revendique à ce jour 37.722 membres regroupés en 1.460 loges. Ce serait donc la deuxième obédience française par le nombre de frères après le Grand Orient de France.
Pour
l'anecdote croustillante, François Stifani aurait été le parrain en maçonnerie de Marcel Giordanengo, alias "Marcel la Salade", (initié en 1992 au sein de la loge Fraternita Universala 616) pittoresque condiment des affaires niçoises, mis en examen pour
trafic d’influence, l’homme de tant de passe-droits et d’arrangements entre amis (voir l'article de
Libération).
Alors que les spéculations allaient bon train
concernant le nom du successeur de Foellner, François Koch, le journaliste de L'Express, notait avec humour en 2005 : "Stifani souffre d'un autre handicap: son accession au «trône» de la GLNF donnerait le sentiment que l'obédience reste durablement entre
les mains de la même bande de copains, que certains appellent avec malice «les frères de la Côte»."
Visiblement, le handicap n'en est plus un et a été levé !
° "Les Maîtres des Affaires", article de François Koch paru dans l'Express en août 2005.
° A lire :
Voyage au coeur de la GLNF
éditions Gallimard
collection Folio documents
publié en 2004
ISBN : 207042555X
Prix public : 6,60€
Le mot de l'éditeur :
Produire des idées, émanciper les consciences, libérer les individus, tel devrait être l'idéal de tous les francs-maçons. Pourtant la maçonnerie a mauvaise réputation : le copinage et l'affairisme sont des " valeurs " qui semblent davantage motiver certains " initiés " que la réflexion philosophique. Il était donc temps de s'intéresser de près à l'obédience la plus souvent citée dans nombre des affaires qui empoisonnent la franc-maçonnerie française : la Grande Loge nationale française. La GLNF mérite-t-elle autant d'indignité ? Pour répondre à cette interrogation, Sébastien Fontenelle a exploré l'histoire et les méandres de l'une des principales obédiences françaises. Son enquête, menée de Paris à la Côte d'Azur en passant par les " fraternelles", confirme que le fonctionnement de certaines institutions comme la police, la magistrature et la politique est affecté par les pratiques douteuses de certains " frères ". Pourtant, tout n'est pas noir à la GLNF, et nombre de ses maçons ont déjà tiré le signal d'alarme. Reste à savoir si dans les années à venir la vigilance que prônent ces dissidents se substituera réellement à de trop commodes " secrets "...
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