J’avais écrit en 2007 sur ce bloc-notes un article intitulé « Les origines Maçonniques du Ku Klux Klan ? » qui rendait compte d’un article sur le sujet dans le numéro spécial de la revue Historia qui venait de sortir et qui était intitulé « Les sociétés secrètes ».
Il était question d'Albert Pike et de son appartenance au Ku Klux Klan.
J’écrivais notamment : « D'autres ont voulu mettre en évidence le rôle du plus célèbre maçon de son temps, Albert Pike, (1808-1891, il était Souverain Grand Commandeur du rite écossais ancien et accepté, dont il a réécrit les rituels en 1859) dans la fondation de l'Empire invisible.
La thèse apparaît en 1905 lorsque les éditions Neale, de New York et Washington, publient « Ku Klux Klan », un ouvrage rappelant les origines, la croissance et la dislocation du mouvement.
Dans l'introduction, l'historien Walter L. Fleming, explique qu'il a obtenu « ses informations sur le Ku Klux Klan par d'anciens membres de l'Ordre, par des amis et des parents », et en particulier par l'un des six fondateurs connus, le major Crowe, lui-même maçon.
Il déclare que « le général Albert Pike qui était à un rang élevé dans l'ordre maçonnique, était l'officier de justice principal du Klan ». En qualité de patron de sociétés secrètes sudistes et président du barreau du Tennessee, Pike aurait été le grand stratège de la « justice » du Klan. »
Pour celles et ceux qui ne le savent pas, Albert Pike est la figure tutélaire du Rite Ecossais Ancien et Accepté aux Etats-Unis d’Amérique.
Journaliste, Général Confédéré lors de la Guerre de Sécession, il fut surtout avocat.
Mais c’est sa carrière maçonnique qui le laisse dans la postérité.
Albert Pike est reçu franc-maçon en 1850, dans la loge Western Star no 2 de Little Rock.
Il reçoit d'abord les 10 degrés du Rite d'York entre 1850 et 1853, avant de recevoir d'Albert Mackey les 29 premiers degrés du Rite écossais ancien et accepté en mars 1853 à Charleston (Caroline du Sud).
Il devint alors extrêmement actif au sein du Suprême Conseil de la Juridiction Sud du Rite écossais ancien et accepté, participant à la demande de Mackey à une profonde réécriture des rituels, de 1855 à 1861. Il fut élu Grand Commandeur de cette juridiction en 1859 et le resta pendant trente-deux ans, jusqu'à la fin de sa vie.
Voici ce texte :
** Albert Pike and the Klan? **
Here we go again. Back in the early 1990's it was Lyndon LaRouche and his gang (later convicted of mail fraud and conspiracy) who claimed that Pike was a Klan leader and insisted that his statute at DC's Judiciary Square must fall. Now, we're again hearing similar nonsense.
There's simply no evidence at all that Pike was ever a KKK member, much less a leader. Claiming something is true is not proof, no matter how loud you scream it. Pike doesn't mention the Klan in any of his thousands of documents or letters at the House of the Temple. It was Susan Davis', “Authentic History, Ku Klux Klan 1865-1877” (1924) that was the source for the oft-told lie about Pike's alleged membership, but she provides no primary sources at all about him. No one single primary document shows Pike's name as a member.
Importantly, Pike is ** never mentioned even once ** in the four-volume “Reports of Committees of the House of Representatives ... 1871-72” (Washington, 1872), which investigated the KKK.
What is known is that in his later years Pike became a friend of Prince Hall Affiliation Freemasonry, and gave his Scottish Rite Rituals to Thornton Jackson, the PHA Grand Commander.
Que nous apprend Arturo de Hoyos ?
1) qu’il n’est absolument pas sûr que Pike ait été membre du KKK et encore moins l’un de ses leaders.
2) Que c’est Susan Davis qui dans son ouvrage de 1924 sur le KKK dit que Pike en était membre, mais sans en apporter la preuve documentaire. Aucun des documents du Klan ne mentionne Pike comme membre.
3) Pike n’est pas cité, même pas une fois, dans le rapport (en 4 volumes) de la Commission d’enquête de la Chambre des Représentants publie en 1872 à Washington sur les activités du Klan.
4) Pike lui-même ne mentionne jamais le Klan dans les milliers de lettres et de documents conservés au House of the Temple.
5) Par contre il est avéré qu’à la fin de sa vie il a donné les rituels du Rite Ecossais Ancien et Accepté à Thornton Jackson, Grand Commandeur du SC du REAA établi par la Franc-Maçonnerie noire américaine de Prince Hall.
Ce sont des éléments essentiels à prendre en compte dans notre conception de la personnalité d’Albert Pike.
Merci à Arturo de Hoyos et nous serons désormais plus prudent dans notre appréciation de Pike et en toute état de cause, aucun élément documentaire précis et de première main ne permet d’affirmer – en l’état actuel de nos connaissance – de l’appartenance d’Albert Pike au Ku Klux Klan.
Je tenais évidemment à le souligner ici.
° Complément publié le 4 janvier 2016 :
Dans une réponse à un article du 31 décembre 2015 à 11h06 publié par Arturo sur sa page Facebook, S.Brent Morris* apporte les précisions suivantes, qui vont dans le sens des propos d'Arturo :
Stephen Morris As far as I know, all accusations of Pike's involvement in the Klan can be traced to two sources:
1) the 1905 edition of Lester and Wilson's "Ku Klux Klan: Its Origin, Growth, and Disbandment." with an introduction by Dr. Walter Fleming who claimed that Pike was the "Chief Judicial Officer" (p. 27) and
2) 1924, Susan L. Davis, "Authentic History Ku Klux Klan 1865-1877," who added the claim that Pike organized the Klan in Arkansas (p. 276). Both of these claims were made well after Pike's death in 1891.
There is no first-hand evidence; there is no sourcing for Fleming's or Davis's claims; Pike's name is not mentioned in the US Senate investigation of the Klan.
I'd love to know of another source, and especially one with some substantive documentation.
Ce à quoi Arturo a répondu :
Arturo de Hoyos Brent, I noted some of that in Jean-Laurent's article. Thanks for the additional info.
* S. Brent Morris est 33ème degré, éditeur du Scottish Rite Journal, publication du SC juridiction Sud des Etats-Unis et premier américain à devenir Vénérable Maître de la loge Quatuor Coronati. Il est l'un des meilleurs spécialistes de l'histoire du Rite Écossais aux Etats-Unis.
Jean-Laurent Turbet
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Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
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Jean-Laurent Turbet
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