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Le Blog des Spiritualités

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Interview de Jérôme Clément dans "La Croix"

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 23 Mars 2006, 12:03pm

Catégories : #Culture et Médias

Le journal "La Croix" publie une interview de Jérôme Clément, qui vient d'être reconduit à la tête d' Arte, la chaine culturelle franco-allemande. Voir mon article précédent sur Jérôme Clément.

Voici des extraits de cette interview.

« Arte reste une référence culturelle »

Reconduit pour cinq ans à la tête d'Arte France, Jérôme Clément réaffirme les priorités de la chaîne, dans un contexte politique et technologique en mutation

"La Croix" : Vous venez d’être reconduit pour cinq ans à la tête d’Arte France. Comment expliquez-vous cette longévité dans un univers audiovisuel habitué à la valse des présidents ?

Jérôme Clément : Je pense que les différents actionnaires qui se sont succédé ont un point commun : ils savent qu’Arte représente un projet unique en son genre, symboliquement fort et complexe à mener. Peut-être ai-je su leur faire comprendre que l’ambition du projet passe avant les humeurs du temps. Dans un monde mercantile, une chaîne qui n’est obsédée ni par l’audimat ni par le profit finit par susciter l’estime et le respect. Pour le reste, ce n’est pas à moi de juger…

Vous étiez le seul candidat. Pourquoi la direction d’une chaîne culturelle n’attire-t-elle pas davantage les intellectuels ?

– Ce n’est pas leur métier. Il s’agit d’un travail d’éditeur de programmes, d’animation d’équipes, avec son lot de comités d’entreprise, réunions à présider et négociations. La mission des intellectuels est de produire de la pensée, non de conduire une entreprise de 800 personnes… Par ailleurs, je connais bien le contexte d’Arte (son histoire, son statut, ses relations avec l’Allemagne) et j’ai sans doute acquis, depuis la fondation de la chaîne, une légitimité qui a rendu plus prudents certains appétits…

Votre nouveau mandat s’inscrit dans un contexte de concurrence accrue : nouvelles chaînes sur la TNT, diversification des supports de diffusion…

– Il faut nous y adapter. Les offres sur Internet, Arteradio et les nouveaux dispositifs de vidéo à la demande vont dans ce sens. La multiplication des chaînes et l’éparpillement de l’audience ne nous menacent que marginalement. L’essentiel, c’est le contenu : il définit une identité, une marque désormais reconnues, en France et ailleurs.

Avez-vous les moyens financiers de cette ambition ?

– La conjoncture est médiocre. Le lancement de la CFII (Chaîne française d’informations internationales), la non-augmentation de la redevance ne favorisent pas le service public de télévision en dispersant des moyens déjà insuffisants. Pour nous, par exemple, l’achat coûteux de films « performants » devient de plus en plus difficile avec l’impact que l’on imagine sur l’audience.

Justement, comment concilier la qualité des programmes et la rencontre avec le public ?

– Ni trop ésotérique, ni trop commerciale : voilà la ligne de crête étroite sur laquelle nous avançons. La télévision, parce qu’elle touche un large public, ne peut satisfaire tout le monde. Nous faisons parfois des erreurs sur tel ou tel programme mais c’est sur la durée que l’on juge une chaîne. Malgré les plaintes récurrentes et inévitables, Arte reste une référence culturelle. Par exemple, certains nous ont reproché notre incursion dans le monde de la beauté avec «Venus et Apollon», le feuilleton de Tonie Marshall, tandis que d’autres saluaient cette bouffée de légèreté.

Quel rôle joue Arte dans la création télévisuelle ?

– Arte encourage, évidemment, la recherche en matière de télévision. Cent soixante-dix producteurs travaillent pour nous chaque année. Au sein de notre «atelier de recherche», des créateurs travaillent à de nouvelles formes qui nourrissent nos cases : Die Nacht, La lucarne ou Karambolage. Nous faisons toute confiance au talent novateur de réalisateurs comme Gérard Mordillat : après Corpus Christi et L’origine du christianisme » il prépare un troisième volet sur l’Apocalypse. Le résultat sera certainement un objet non identifié, je ne sais pas comment nous le diffuserons, mais nous le diffuserons ! Dans le domaine du cinéma, Arte s’attache à produire des premiers films, longs ou courts métrages.

Les cinéphiles déplorent que les films étrangers ne soient pas systématiquement diffusés en version originale…

– Lorsque la langue est essentielle à la part artistique de l’œuvre, nous choisissons la VO. Nous l’avons fait dernièrement pour Good Bye Lenin, en sachant bien qu’une diffusion en français nous aurait assuré une audience supérieure.

Comment Arte assume-t-elle sa vocation européenne, quinze ans après sa naissance ?

– Le climat a bien changé : à l’eurobéatitude a succédé l’euro scepticisme. Je crois profondément que l’existence même d’Arte est, à sa place, un antidote au doute et aux crises. Notre mission reste européenne mais l’heure n’est plus à l’idéologie : il faut parler d’Europe à travers le prisme du quotidien. À la rentrée, nous lancerons une émission intitulée « Les gens d’Europe », une manière très concrète de lutter contre les attitudes de repli et les tentations ethnocentristes.

Quelles sont vos principales priorités dans les cinq ans à venir ?

– Soutenir la création pour décrypter le monde ; maintenir notre ligne éditoriale en l’adaptant aux technologies nouvelles ; renforcer notre présence internationale. Nous préparons pour janvier une nouvelle grille. Je ne sais pas s’il s’agira d’une révolution mais nous avons la ferme intention d’introduire des nouveautés qui auront du sens…

Recueilli par Bruno BOUVET et Emmanuelle GIULIANI


Jérôme Clément, un grand commis de l’État

« Ils ont préféré la continuité au tourbillon. » D’un petit sourire, marque de sa satisfaction réelle mais contenue, Jérôme Clément commente le vote à l’unanimité qui a conduit à sa réélection pour cinq ans à la tête d’Arte France. L’image publique de cet énarque de 60 ans, licencié en droit et diplômé de Sciences-Po Paris, est très étroitement liée à la chaîne culturelle franco-allemande.

D’abord chargé de mission auprès de la direction de l’architecture au ministère de la culture, il est détaché à la Cour des comptes de 1978 à 1980, avant de travailler quelques mois à l’ambassade de France au Caire. Après la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle de mai 1981, il devient conseiller technique pour les affaires culturelles au cabinet du premier ministre, Pierre Mauroy. De 1984 à 1989, il dirige le Centre national de la cinématographie (CNC) avant de prendre la tête d’une nouvelle chaîne, alors expérimentale, la Sept. Il accompagne toutes les évolutions de la chaîne, devenue Arte en 1992 par la volonté de François Mitterrand et Helmut Kohl qui lui donnent une identité franco-allemande inédite. Sous sa férule, la chaîne culturelle a acquis une indéniable légitimité que les bouleversements technologiques des moyens de diffusion ne devraient pas remettre en cause.

Marié et père de quatre enfants, cet homme d’images à l’élégance discrète évoque avec une fierté non dissimulée les relations qu’il entretient dans les milieux littéraires, en particulier avec Antonio Tabucchi ou Milan Kundera. Et il se plaît à souligner qu’il est « d’abord un homme d’écriture », auteur d’un ouvrage autobiographique, Plus tard, tu comprendras (Éditions Grasset), qui a rencontré un réel succès lors de sa parution en 2005.


Les ouvrages de Jérôme Clément disponibles sur Fnac.com

Source : La Croix

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